Techniques du contre-nu. L’armée islamique de l’Irak et du Sham est objet de fascination. Comme le retour d’un vieux dieu sanguinaire, dans le sang des hommes. Daech tue, détruit, efface, nivelle et apporte le désert partout, avec la harangue et la mort. Dans le dos du monde « arabe » qui regarde la Palestine qui regarde les morts qui regardent, à leur tour, les vivants. Daech poursuit, délivre ses premiers passeports, organise des mariages collectifs ou des lapidations de femmes, invite à des jeux, coupe des têtes et des mains et édite des modes. Ainsi, sa dernière directive céleste : l’habit de la femme. Bien sûr. Car le corps de cette malheureuse est source du Mal, du vide, du néant. Comment réussir le contre-nu parfait ? Comment effacer la femme, ses traces, contours, voix, rires, courbes, ombres, yeux et prénoms ? Etrange courant de fond : il va de la Turquie où un ministre aux yeux perfides a déclaré que le rire des femmes est indécent, à Daech qui vient de publier son Daech-fashion : la femme doit porter une robe ample, noire, qui ne laisse pas deviner, en dessous, ni le corps, ni la courbe, ni les autres vêtements. Cette robe doit être sombre, volante pour mieux effacer la femme, de couleur noire donc, invisible ou seulement comme une tache. La femme doit aussi cacher sa bouche, son menton, ses lèvres et même ses yeux. Elle ne peut rire, ni sortir dans la rue sans un accompagnateur parent ou époux.