Trêve. Le sujet est aujourd’hui une explication et un remerciement. D’abord il me faut expliquer pourquoi je choisis de me reposer. Et ma raison première est ma fatigue. Ecrire c’est s’exposer, comme a dit un collègue, mais c’est aussi s’user. Il y a en Algérie une passion qui use, tue parfois, fatigue ou pousse à l’exil immobile (rester chez soi, dans sa peau), ou à l’exil qui rame (partir ailleurs).
Nous sommes passionnés par le vide en nous, mais aussi par notre sort. Cela nous mène à des violences qui ont parfois l’apparence d’une folle affection ou d’une exécution sommaire par un peloton de désœuvrés. Ou à des procès permanents de « traîtrise » du bout des lèvres. Les verdicts des Algériens sur eux-mêmes ont la force des radicalités. Et, durant des années de métier, j’ai subi cette passion. J’ai fini par incarner, sans le vouloir, les contradictions de l’esprit algérien, ses affects, passions et aveuglements. Palestine, religion, femme, sexe, liberté, France, etc.
J’ai parlé, parce que libre, de ces sujets parce qu’ils m’interrogeaient et pesaient sur ma vie. Cela a provoqué des enthousiasmes et des détestations. Je l’ai accepté jusqu’au point de rupture ou l’on vous traite de harki et de vendu ou de sioniste.