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Chroniques régulières

A propos d'Enfilades, Nouvelles de François Marchand, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 11 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Enfilades, Nouvelles, François Marchand, éd. du Rocher, avril 2016, 159 pages, 15,90 €

 

« Il faut se méfier des idées. Souvent, on ne s’en aperçoit pas tout de suite, mais elles se révèlent mauvaises à l’usage »

François Marchand

 

Un recueil de six nouvelles – genre plutôt dédaigné par la critique installée –, toutes sous-tendues par une pensée détachée des conformismes de l’opinion, libre donc, s’encombrant peu des dogmes de la pensée correcte et calibrée de notre temps. On ne s’étonnera pas si avec un tel bagage, son auteur, un jeune homme qui n’a pas froid aux yeux, n’est pas celui qu’on célèbrera dans l’unanimité du rire. Il le mériterait mille fois, pourtant.

Les Lundis en Coulisse ou Lire le Théâtre, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 10 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Le lundi, les gens de théâtre font relâche ; ils peuvent ainsi appréhender autrement et ailleurs leur travail. Ainsi en 2002, Gislaine Drahy du Théâtre Narration à Lyon lance la belle idée des Lundis en Coulisse, reprise par François Rancillac au Théâtre de l’Aquarium (Cartoucherie de Vincennes), à Dijon et en Belgique.

Un lundi par mois donc, des comédiens, metteurs en scène se rencontrent pour une journée autour d’un hôte (auteur, éditeur, critique, membre d’un comité de lecture…) qui leur soumet un choix de pièces contemporaines qu’ils vont s’approprier en première lecture. Le protocole met en place selon les textes (distribués ou non distribués) un processus de lecture faisant correspondre comédiens et rôles ou voix multiples, parfois interchangeables, très présentes dans les écritures contemporaines. Ainsi les professionnels se rencontrent-ils hors de leur compagnie, se retrouvent, « s’expérimentent » autour d’œuvres d’une très grande diversité de forme et de propos.

Journal de lecture du Don Quichotte en la Pléiade (8) - Du simulacre à la fiction

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 07 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

Au moment où il écrit cette « page » de journal, le journalier voit s’approcher le jour de la Sant Jordi, la fête catalane qui est aussi fête mondiale du livre et encore plus, l’anniversaire de la disparition de notre auteur, père de Sancho et de son maître. Voilà quatre siècles qu’ils tracent leur chemin dans nos imaginaires littéraires, devenant plus réels que bien des personnages réels que nous croisons au quotidien. Sans éclats, sans violence, ils se sont installés en nous, toujours prêts à nous répondre ou à nous surprendre au milieu de notre quotidien, de nos conversations ou de nos rêveries. Il peut parfois nous arriver de les oublier, de les perdre de vue dans le brouhaha et la noise qui trop souvent nous submergent, mais ils sont toujours là, ombres ou silhouettes qui ont l’éternelle patience de nous attendre, acceptant nos errances et nos hésitations, sans rien nous reprocher…

De fait, d’autres ces derniers temps sont parvenus à parler plus fort et à s’imposer, à s’interposer, éloignant le lecteur trop compulsif de leur pas et de leurs aventures. Mais comme ils sont de ceux qui ne disparaissent pas, nous savons les retrouver à peu de chose près à l’endroit où nos chemins se sont pour un temps séparés. Alors nous hâtons le pas sur les sentiers d’encre et de papier, impatients de les retrouver, et accordant à nouveau notre souffle de lecteur au rythme de leurs paroles, de leur chevauchée et de leurs aventures.

Assia Djebbar peut encore vivre si on le veut, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 03 Mai 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

Chouyoukhs contre écrivains. Imams contre livres. Fatwas contre fictions. La fin du monde contre le monde. La mort contre le conte.

Le pays a choisi, un peu, parfois, souvent. D’un côté les écrivains, chassés parfois, morts tellement de fois, exilés, forcés, réduits ou transformés en caricatures d’eux-mêmes ; de l’autre la montée triomphante et dopée de ces armées de « Savants » qui tuent le monde par la langue, salissent la vie et transforment une religion en sexologie de malades.

D’un côté l’écriture qui cherche du sens sans tuer l’homme, restitue la dignité, l’énigme ou la gravité, de l’autre ceux qui veulent tuer la femme, la liberté, la promenade et le corps et le sens. Le pays, entre le gouffre et le roman, le rite et la rature, un livre et tous les autres livres. Question de fond : le pays a-t-il besoin de ses écrivains ? Presque pas.

A quoi sert un écrivain dans un pays où la fiction n’est pas tolérée ? Où la fiction est sommée ou soupçonnée ? Où l’imaginaire n’est pas un droit mais le diable ?

« Quatre filles et un Violoncelle », par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 25 Avril 2016. , dans Chroniques régulières, Les Chroniques, La Une CED

 

La pièce de Michel Bellier, Les filles aux mains jaunes, a été créée en 2014 au théâtre Le Sémaphore à Port de Bouc et reprise ensuite tant en France qu’à l’étranger, dans une mise en scène de Joêlle Cattino. Le théâtre Joliette-Minoterie, scène conventionnée, à Marseille, la propose les 23, 24, 25 et 26 mars à nouveau.

Il est posé sur le sol, ce drôle d’instrument qui ne tient debout que sur sa pointe, que si l’on décide de le faire jouer, assis sur une chaise et installé entre ses jambes comme une amante installée sur les genoux d’un amoureux. Tout est obscur autour de lui ; des lampes industrielles suspendues dans les cintres rappellent sans doute que le théâtre est ce moment suspendu entre le noir et la lumière, et le retour au noir. Le violoncelle, en quelque sorte, dit que Les filles aux mains jaunes ne sont plus seulement le texte de Michel Bellier mais une représentation, une mise en scène matérielle, affaire d’objets et d’accessoires choisis, du son et de la lumière, des corps et des voix. Il n’y avait pas de musique entre les pages de la pièce écrite. Le Violoncelle est là, du début du spectacle, étrange et unique présence masculine puisque c’est Jean-Philippe Feiss qui tient l’archet, fait des pizzicati, le transforme en percussion.