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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

2 livres poétiques (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 02 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

 

Vers cela qui n’est pas, Michel Bourçon, éditions La Crypte, 2019, 60 pages, 12 €

 

Ce trente-neuvième livre de poésie de l’auteur creuse encore un peu plus les marques d’un domaine que sa pensée et son écriture circonscrivent ; ce territoire de la marche, du pas intérieur, des éclaircissements sur lui-même.

Pourquoi, au fond, marcher dans ses pas, retendre, au fil des mots, les plis et replis du terrain ?

Bourçon, en de brefs poèmes, dont parfois les parties s’aèrent sur la page, poursuit sa voie : dire le peu avec le peu, l’« imprononçable » que la quête attise ou vise.

« en marge de soi » (p.28) pourrait ordonner l’ensemble des fragments qui situent cette errance porteuse de sens.

Un dernier verre à l’auberge, Emmanuel Moses (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 26 Mars 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions Lanskine

Un dernier verre à l’auberge, janvier 2020, 56 pages, 13 € . Ecrivain(s): Emmanuel Moses Edition: Editions Lanskine

L’univers poétique de Moses n’est guère éloigné de celui dans lequel il plonge Monsieur Néant, héros malgré lui de son roman, paru à La Bibliothèque.

On retrouve ce goût d’un réalisme décalé, mâtiné de fantastique ordinaire, d’incongruités de sens, et d’une tendre mélancolie.

Proche de Zbyněk Hejda, le Tchèque, redevable à Supervielle de son réalisme magique et tristounet, Moses flirte avec la nuit, les bars, enfin, une auberge, puisqu’il s’agit de boire (« allons boire quelque part, à l’ombre, en silence », p.14), et l’auberge sera citée elle, plus tard, plus loin (« Tu pars de chez toi pour aller boire un dernier coup à l’auberge/ Pourquoi avoir choisi ce village paumé ? », p.36).

Les présences (un je, un tu, une ombre, quelqu’un) rendent encore plus indécidables ces fantômes de la réalité, chers à Moses ; l’amateur de Prague insinue ici des décors, des atmosphères, des récits, des instants de ville, qui échappent à la pure réalité et y retournent par l’écriture : il suffit d’une notation, d’une image pour faire basculer le poème dans un fantastique un peu glauque, un peu déjanté, forcément poétique.

Roland Barthes, Au fil du temps, Patrick Mauriès (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 16 Mars 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Arléa

Roland Barthes, Au fil du temps, Patrick Mauriès, février 2020, 96 pages, 9 € Edition: Arléa

 

Quand Mauriès ressuscite Barthes… chez Arléa

Les années 70 furent les années liées à tout jamais à la nouvelle critique, à l’épanouissement d’une nouvelle linguistique (Barthes, Lévi-Strauss, Todorov…), à la découverte des analyses structuralistes et lacaniennes, de la sémiotique textuelle (d’un côté, Jakobson, de l’autre Lacan, Ginette Michaud (FR), Ginette Michaux (BE)). Un ouvrage, parmi tous, compta : le fameux S/Z de Barthes et ses fameux décodages !

La critique traditionnelle, lansonienne, picardienne prenait du plomb dans l’aile et il devenait vain de croire qu’on pouvait épuiser les significations d’un texte par les seules références biographiques ou thématiques.

Un seul, un grand, échappait à cette polémique (qui dura fin années soixante/début des années 70) : Bachelard, phénoménologue littéraire hors pair : son imaginaire poétique, sa méthode des quatre éléments passés au crible du regard du philosophe rationaliste éblouissaient.

La Panthère des neiges, Sylvain Tesson (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 12 Mars 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

La Panthère des neiges, octobre 2019, 176 pages, 18 € Edition: Gallimard

 

Le dernier Prix Renaudot consacre l’auteur de vingt-huit livres depuis 1996. Déjà primé pour ses nouvelles, ses essais, le voici récompensé, non pour un roman mais pour un récit de voyage, parsemé de pensées, d’aphorismes (« voir les fauves cachés derrière les paravents banals », p.124), de références Tao.

Tesson, sous l’égide de son ami photographe animalier Monnier, flanqué de deux comparses, Marie et Léo, a pour dessein de voir dans le Tibet profond, entre Golmud et Lhassa, ces panthères si insaisissables.

Le petit groupe part ainsi, guettant, affûtant sa vue, à des hauteurs où le gel est un compagnon de route. On loge sous tente et les froids sont aigus. À plus de quatre mille mètres, yacks, vautours, loups, sont les seules surprises des attentes très longues à fixer les sommets, les autres versants.

« L’affût commande de tenir son âme en haleine » est le credo de ces voyageurs des « ineffables sommets et silences des neiges » (je synthétise une « approche »), en page 164.

Gérard de Cortanze, Le goût des arbres ET François Bott, Un amour à Waterloo (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 25 Février 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Gérard de Cortanze, Le goût des arbres, Mercure de France, Le petit mercure, 2019, 128p., 8,20€.

 

La collection « Le goût de » regorge de petites merveilles. Chaque fois, un écrivain recueille des textes d'écrivains autour d'un thème célébré.

L'anthologie, introduite par un auteur qui s'est souvenu des « érables sycomores », propose de fouiller dans la littérature « des arbres ».

S'ils sont, ces arbres, de « la famille » d'un Jules Renard, dont le regard est aussi acéré que certains troncs, ils parsèment les champs littéraires, même si , comme chez Flaubert « ils n'ont plus de feuilles » lors d'une promenade d'automne.