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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

Quatuor, Emmanuel Moses (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Quatuor, éditions Le Bruit du temps, mars 2020, 80 pages, 16 € . Ecrivain(s): Emmanuel Moses

 

Romancier (pensons à l’étonnant Monsieur Néant), poète (voici le 21e opus), Emmanuel Moses, né en 1959, délivre ici « quatre » longs poèmes sur des thèmes qui lui sont chers : l’amour, la rencontre mystérieuse, la mémoire des gens et des époques, Jérusalem (la foi de ses ancêtres, la Shoah). Le titre donc, bien choisi, est aussi musique des mots, instrument poétique pour dire, en de très longues laisses, ce qui lui tient à cœur.

En termes d’amitié, d’amour, la rencontre insolite est un fervent ferment ; elle vivifie toute relation ; elle instaure en soi, en l’autre, le mystère doux de vivre :

L’inconnu avec qui on discute dans le compartiment

la salle d’attente ou le salon de coiffure

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien, Gilles Paris (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 05 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Flammarion

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien, janvier 2021, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gilles Paris Edition: Flammarion

 

Voilà un récit qui, d’emblée, aligne les pires tracas et les bouffées de vie. Gilles Paris, à plus de soixante ans, et huit romans et nouvelles, décide d’évoquer les affres d’une adolescence, l’incompréhension par son père, les difficultés aussi d’aimer quand on est différent.

Traversant huit dépressions sur une trentaine d’années, l’auteur décrit, par le menu, ces saisons où il a dû composer avec le mal, renaître dans ses activités et auprès de son entourage. Père exclu, absent, éloigné, il reste à Gilles ces êtres proches, son mari Laurent, sa sœur Geneviève, sa mère.

Le départ de sa mère par la Covid-19, la sénilité de son père ont peut-être attisé l’écriture de ce livre, bouleversant, nu, dense, jamais racoleur, toujours juste.

Et pourtant, son cœur, à force d’être bousculé par les hospitalisations, aurait pu flancher. Une rare énergie de rescousse et de secours est là pour l’enjoindre, chaque fois, à rebondir. Le récit s’articule autour de ces nombreuses hospitalisations, à Paris, en province, à Montpellier, et autour de ses activités.

Carnets 1933-1963, Yasujiro Ozu (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Février 2021. , dans La Une Livres, Japon, Les Livres, Critiques, Biographie

Carnets 1933-1963, Yasujiro Ozu, Carlotta, novembre 2020, trad. japonais, Josiane Pinon-Kawataké, 1280 pages, 50 €

 

Mine extraordinaire sur le parcours d’un cinéaste majeur, que ces Carnets tenus durant trente ans, qui offrent, au-delà du regard unique du réalisateur, un contrepoint à sa carrière, un supplément d’âme par des notes régulières, souvent elliptiques, du début de sa carrière à la dernière période – celle du Goût du saké, son ultime chef-d’œuvre.

Issu d’une famille nombreuse (deux frères, deux sœurs), Ozu perd son père en 1934, sa mère, l’année juste avant sa disparition.

Le cinéaste, né et mort un 12 décembre, respectivement en 1903 et 1963, qui consacra tant de films à la cellule familiale, entame son « journal » par cette phrase : Le cœur de la maison est toujours l’endroit le plus sombre de la pièce la plus sombre (7 août 1933).

Chaque année du journal reçoit une petite introduction bien utile pour voyager dans les activités multiples d’Ozu.

La Robe blanche, Nathalie Léger (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, P.O.L

La Robe blanche, Nathalie Léger, 144 pages, 16 € Edition: P.O.L

 

Quatrième livre de la romancière française, La Robe blanche déroule plusieurs facettes d’une fiction, qui joue entre chronique familiale, accompagnement délirant d’une aventure aussi délirante, et enfin domaine d’écriture rendue nécessaire, impérieuse.

En 2008, une artiste de Milan, Pippa Bacca, décide d’entamer un voyage, vêtue d’une seule robe blanche, pour réparer des injustices, et ce, par un long périple qui la mène à traverser toute l’Europe. L’épilogue est tragique. On retrouvera dans un fossé la belle robe assassinée.

Ecrire sur cette histoire à la fois dramatique, surréaliste et volontaire, c’est le projet de la narratrice, qui se livre à sa mère, lui explique les tenants et aboutissants de cette intrigue à laquelle la mère ne croit guère.

En contrepoint de ce projet d’écriture et du récit étonnant de l’artiste italienne au destin brisé, il y a la propre tragédie de la mère, et la volonté chez la fille d’en rendre compte, comme si elle aussi devait réparer quoi que ce soit.

Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 05 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Buchet-Chastel

Histoire du fils, août 2020, 176 pages, 15 € . Ecrivain(s): Marie-Hélène Lafon Edition: Buchet-Chastel

 

Le Prix Renaudot 2020 va à une romancière française d’une dizaine d’ouvrages pour une chronique familiale.

Lafon a-t-elle nourri son roman des œuvres romanesques d’un Mauriac ou d’une Suzanne Prou ? On pourrait le pressentir vu la matière abordée.

Jouant de la chronologie et d’un siècle l’autre (entre 1908 et 2008), le livre révèle les secrets d’une famille cossue. La narration avance ainsi à grands pas pour suivre de près les personnages principaux de cette saga généalogique. En effet, ce « fils » du titre n’a pas de père connu, est élevé par sa tante Hélène, tandis que sa mère Gabrielle vit sa vie à Paris. Entre Paris et Chanterelle, dans le Lot, l’histoire dévide ses attendus, ses surprises, ses découvertes. On suit ainsi deux familles, les Léoty, les Lachalme, pressentant les liens, les alliances.