Recueil de sept nouvelles, Jeunes loups (Young skins, selon le titre original) colle aux basques de jeunes irlandais qui traînent leur mal de vivre dans une petite ville imaginaire de la verte Érin.
Le parti pris de Colin Barrett est clair et net : des tranches de vie brutes de décoffrage, quelques rares repères dans l’histoire de ces antihéros, pas de chute inattendue. On les suit une nuit, quelques jours, rarement plus.
Des hommes, jeunes, chômeurs ou employés à de petits boulots, tous ou presque accros à l’alcool, aux filles, parfois à la drogue qu’ils consomment ou vendent, aux médicaments pour soulager leurs souffrances physiques ou stabiliser leurs sautes d’humeur, leurs maux de tête d’après biture.
Des hommes qui subissent avec un désarmant naturel le cours des événements, qui ne songent guère à se révolter, quitter leur bled aux multiples pubs, tant ils semblent formatés tout autant génétiquement que culturellement à une existence dénuée de sens. Résignés, en dépit d’une colère accumulée et que l’on sent toujours prête à exploser, mais qui se dilue dans une acceptation fataliste ou qui, lorsqu’elle explose, le fait de manière parfaitement aberrante et pulsionnelle.