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Rivages

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, Serge Loupien

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Côté Musique(s)

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, mai 2018, 405 pages, 23 € . Ecrivain(s): Serge Loupien

 

On sait les bouleversements auxquels les sociétés occidentales ont dû faire face durant les années que cet ouvrage se propose de nous narrer : chacun a une idée liée à l’épicentre que fut mai 68, mais rares sont ceux qui peuvent embrasser la décennie concernée dans tous ses aspects culturels, liés à une sociologie singulière : les individus à l’œuvre pour cette « révolution » forment la première génération née après la guerre, génération qui va « inventer » la jeunesse en tant que classe sociale avec des caractéristiques qu’il faudra créer, un habitus qui devra englober un idiome, une musique, des habitudes vestimentaires, le tout à contrecourant d’une culture engluée dans un conformisme que tous ces « jeunes » veulent combattre à l’aide d’outils que sont la musique, les médias qui se développent et les modes vestimentaires, ce qu’on appelle une contre-culture.

Helena, Jérémy Fel, par Yann Suty

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 22 Août 2018. , dans Rivages, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Helena, Jérémy Fel, Rivages, août 2018, 800 pages, 23 €

 

Faire peur, créer le suspense, maintenir en haleine, c’est aussi une question de méthode. Jérémy Fel connaît les classiques du genre suspense-horreur de « l’ère moderne », qui auraient pour roi celui qui s’est justement affublé d’un tel nom, Stephen King. Dans son deuxième roman, Helena, l’influence du maître de l’horreur est incontestable, avec des scènes qui ne sont pas sans rappeler certains passages de Misery, de Carrie ou encore de Ça. Les hommages (ou emprunts) à d’autres auteurs ou personnages du genre sont d’ailleurs légion, et on pourra déceler ici ou là des clins d’œil à Dexter, à Dragon Rouge, au Silence des Agneaux, mais aussi à David Lynch ou aux portraits de tueurs en série de Stéphane Bourgoin. Soit autant d’ingrédients qui permettent de concocter un thriller avec ce qu’il faut de sanglant, de suspense, voire de fantastique.

Mais Jérémy Fel est un habile cordon-bleu. Car s’il montre, et particulièrement au début de son deuxième roman,Helena, qu’il connaît les recettes classiques du genre (mais doivent-elles pour autant être des passages obligés ?), il parvient au fur et à mesure à se les réapproprier, à les personnaliser, pour livrer au final un ouvrage qui est bien plus qu’un simple pastiche ou un hommage aux maîtres du genre.

Le Tonneau magique, Bernard Malamud

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Mai 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Nouvelles

Le Tonneau magique, avril 2018, trad. américain, Josée Kamoun, 265 pages, 21 € . Ecrivain(s): Bernard Malamud Edition: Rivages

 

Quel secret Bernard Malamud détient-il pour être capable de rendre passionnante la vie de gens ordinaires, campés dans leurs vies ordinaires ? Des épiciers souvent – on se rappelle avec émotion Le Commis–, divers petits commerçants, petites gens, dans la pauvreté, traversent un épisode de leur vie. Les nouvelles de ce recueil font penser fortement aux contes du Shtetl, vieille tradition des Juifs d’Europe Centrale, à mi-chemin de la déploration et du mystique, voire du fantastique. Plus étonnamment, ces nouvelles ont irrésistiblement quelque chose de l’évidence, de la flagrance de Raymond Carver. Il faut imaginer peut-être un Carver juif !

Des petits commerces de quartiers, boulangeries, épiceries, confiseries, ateliers de tailleurs tenus par des gens pauvres comme Job, jusqu’aux palais improbables ou aux rues de Rome, Malamud tisse sa toile en 13 nouvelles qui, si elles nous mènent en des fictions diverses, n’en déroulent pas moins inlassablement les thèmes récurrents, obsessionnels de l’auteur de L’Homme de Kiev : angoisse, malheur, culpabilité, effarement devant la vie, autant de thèmes prégnants dans la littérature juive d’Amérique et d’ailleurs.

Les sœurs de Fall River, Sarah Schmidt

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Mars 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Océanie

Les sœurs de Fall River (See What I Have Done), mars 2018, trad. anglais (Australie) Mathilde Bach, 445 pages, 23 € . Ecrivain(s): Sarah Schmidt Edition: Rivages

Voilà un premier roman maîtrisé de bout en bout, qui bâtit un univers glauque et étouffant, des personnages aussi improbables qu’exceptionnels, une narration fluide et forte superbement traduite par Mathilde Bach. Aucun lecteur n’échappera à l’emprise de ce roman tant la sobriété de l’écriture, la personnalité erratique et spectrale des sœurs Borden, rendent ce roman puissamment addictif. Oui, Sarah Schmidt signe un premier roman de haute volée.

Bien que prenant son point de départ dans un célèbre fait-divers*, cette œuvre n’est que peu une exofiction. Sarah Schmidt crée une fiction pure, éloignée de tout souci documentaire. Elle recrée un fait-divers en utilisant comme moteur narratif les pensées intérieures des protagonistes, donnant ainsi au récit une polyphonie macabre qui peu à peu nous mène à l’inexorable issue. Car s’il est un ingrédient qui constitue le fil directeur et la marque de ce roman, c’est une extrême tension, fondée sur la violence inouïe des rapports entre les personnages (TOUS les personnages, jamais il n’apparaît le moindre rapport d’affection ou de confiance !). Le meurtre des parents Borden pour ouvrir l’histoire, puis en alternant le jour d’avant/le jour d’après, la lente coulée de haine des parents entre eux, des parents et de leurs filles, des sœurs entre elles, de la domestique envers tous ses employeurs.

La conversion, James Baldwin

Ecrit par Grégoire Meschia , le Jeudi, 23 Novembre 2017. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

La conversion, octobre 2017, trad. anglais (USA) Michèle Albaret-Maatsch, 300 pages, 20 € . Ecrivain(s): James Baldwin Edition: Rivages

 

Premier roman publié par James Baldwin en 1952, La Conversion raconte l’examen de conscience de John, le jour de ses 14 ans, en attente d’une révélation mystique.

C’est à Harlem et dans la crasse que vit la famille Grimes. Même si Elizabeth s’acharne à tenir propre un taudis dont la poussière ne s’atténue jamais et que son fils, John, l’aide de bon cœur, la tâche s’avère impossible. La marque indélébile qui frappe ce foyer est celle du péché. Ses occupant·e·s sont Noires. Et, dans les Etats-Unis, même au Nord, dans les années 1950, être Noir est une faute qui interdit de vivre convenablement et sereinement. La société perçoit les personnes noires comme crasseuses. La couleur de peau souille les corps et les avilit. Le jeune John commence à prendre conscience de la société raciste dans laquelle il vit et de la place restreinte qui lui est réservée. C’est pour cela que sa décision le jour des ses 14 ans revêt une dimension si cruciale.