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Récits

Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 11 Février 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Mot et le Reste

Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba, janvier 2021, 120 pages, 13 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Qui n’a jamais songé à s’éloigner pour quelque temps du monde, de la société de consommation souvent individualiste et matérialiste, afin de se retrouver en tête-à-tête avec l’immensité et avec soi-même ?

Comme le dit Sylvain Tesson dans son livre, Dans les forêts de Sibérie, « L’ermite nie la vocation de la civilisation, en constitue la critique vivante ».

Il y a parfois une tentative de se reconnecter à l’essentiel, de se retirer de l’enfer urbain où l’on ne prend jamais le temps de s’arrêter et de savourer l’instant présent.

En découvrant page après page ce récit particulièrement vivant que la narratrice d’Encabanée déroule à la manière d’un journal de bord quasi-quotidien, on ne peut s’empêcher de penser à cet extrait de Walden :

« Je m’en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte, vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie, mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu ».

Nous sommes les voix des morts, Les derniers déportés témoignent, Jean-Marie Montali (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 06 Janvier 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Cherche-Midi, Histoire

Nous sommes les voix des morts, Les derniers déportés témoignent, Jean-Marie Montali, octobre 2020, 240 pages, 17,80 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Bientôt, les survivants de la Shoah auront tous disparu. D’un côté, nous sommes en présence d’une évidence biologique – les camps de la mort ont cessé leur activité il y a trois quarts de siècle et ceux qui en ont réchappé sont, pour les plus jeunes, octogénaires. De l’autre, il semble intolérable que plus personne ne puisse témoigner du pire massacre de tous les temps. Un décompte macabre pourrait bientôt commencer, analogue à celui par lequel, dans les années 1990, on s’était mis à dénombrer les derniers combattants de 1914-1918 ou, à présent, les Compagnons de la Libération, et les historiens se sont lancés dans le recueil des ultimes témoignages qui seront délivrés de vive voix.

Il existe dans le nord d’Israël, à Haïfa, une fondation créée en 2001, Yad Ezer Lechaver, qui permet à des survivants de la Shoah établis dans l’État hébreu, de ne pas finir leurs jours dans la misère matérielle. Cette association possède des immeubles dans lesquels les rescapés sont logés.

L’Univers sous mes pieds, Blandine Pluchet (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 07 Décembre 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres

L’Univers sous mes pieds, Blandine Pluchet, éd. Salamandre, novembre 2020, 147 pages, 19 €


L’Univers sous mes pieds est un récit de marche qui mêle vulgarisation scientifique, méditations et réflexions, descriptions et évocations de la nature, notations autobiographiques. Blandine Pluchet, physicienne de formation, nous y invite à la suivre dans ses promenades, ses songes et ses états d’âme.

Je n’ai pas grand-chose à en dire. Son propos est clair et simple, comme doit l’être celui de tout auteur qui prétend transmettre idées et connaissances au plus grand nombre, mais son style, fluide et assez agréable, n’a rien de notable. Je n’ai pas senti non plus de ton ou de voix singulière, qui traduirait un regard particulier, un point de vue ou une nuance propre, qui aurait du caractère.

Le club des longues moustaches, Michel Bulteau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 20 Novembre 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Le club des longues moustaches, Michel Bulteau, 208 pages, 7,30 € Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

On a pu oublier certains auteurs de la fin du XIXe, début du XXe, parce que de grandes pointures, comme Proust, Gide, ont certes fait de l’ombre à des écrivains talentueux, que la renommée a moins choyés.

Bulteau, amoureux de cette littérature-là, issue de poètes et de romanciers arborant de belles bacchantes, fous de l’Italie, d’une certaine manière de vivre dans de beaux hôtels, et par là-même un peu en marge des autres auteurs, en profite pour nous donner un essai qui réactualise ces moments de littérature, sauve de l’oubli nombre d’auteurs qui le méritent, et que même un Petit Robert des noms propres ne cite plus, nous plonge dans une atmosphère de la Belle Epoque et au-delà.

Si le Petit Robert aligne encore des notices relatives à Emile Henriot, Edmond Jaloux ou Henri de Régnier, Abel Bonnard, Francis de Miomandre, Jean-Louis Vaudoyer ont disparu corps et biens. C’étaient des amis, des italophiles, italianistes dans l’âme, qui ont écumé Venise, Rome, ont évoqué à grand renfort de livres de souvenirs (Esquisses… Promenades italiennes… Rome… Stendhaliana, etc.) les splendeurs intimes, cachées ou célèbres de la péninsule.

L’année du Singe, Patti Smith (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 19 Novembre 2020. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallimard

L’année du Singe, octobre 2020, trad. anglais (USA) Nicolas Richard, 180 pages, 18 € . Ecrivain(s): Patti Smith Edition: Gallimard

 

L’étreinte de la mémoire : Patti Smith

Patti Smith poursuit l’inscription de ses traversées. Elle franchit le temps sans défaillance, restaurant au besoin l’orée du réel par des épigraphes ensevelis là où le mot se déclare non définitif mais inscrit néanmoins ses sommations.

A chaque passage, ses blessures, ses murmures, ses étreintes. La créatrice coud au temps de l’année du Singe des charnelles, mais aussi mystiques intrusions en ce geste d’écrire où les mots qui scellent les défaites du monde et quelques victoires personnelles.

Ici, au reliquaire de dissonances en dissidences, en disparitions, fatale introspection que ses précédents livres incisaient, fait place une révélation plus profonde, et un élancement tourbillonne entre les rêves qui demeurent même s’il faut toujours se réveiller ensuite, comme le rappelle la dernière page du livre.