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Récits

Retour au royaume, Françoise Lefevre (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jacques Flament Editions

Retour au royaume, Françoise Lefevre, février 2021, 160 pages, 15 € Edition: Jacques Flament Editions

 

Le dernier livre de Françoise Lefèvre en hommage à Pauvert et à l’écriture. Celui qui a enjoint Françoise à écrire, en 1972, celui qui la publia à cinq reprises, est au centre du livre, lui qui, quelque temps avant son grand départ, prit connaissance de sept des feuillets qui constituent Retour au royaume. « L’enchantement, c’est peut-être ce qui reste quand on a tout perdu… » (p.58).

« La joie retrouvée… Mais aussi le droit de dériver en toute conscience dans les méandres d’une rivière sans nom, maîtrisant ma barque pour l’amener là, où je veux, et non pas là, où ils voudraient » (pp.119-120). De Pauvert à Jacques Flament, de 1974 (année de parution du premier livre, La Première habitude) à 2021 (année de parution de Retour au royaume), Françoise aura livré dix-sept autres livres. Les lecteurs retiendront peut-être davantage Le Petit prince cannibale, en 1990, ou encore Un Album de silence, en 2008.

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Mars 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pierre Guillaume de Roux éditeur, Côté écrans

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, Thomas Morales, janvier 2021, 126 pages, 15 € Edition: Pierre Guillaume de Roux éditeur

 

« Lui qui jouait les chambellans flamboyants, n’était que timidité, colère rentrée et échappées solitaires. Sa manière de suspendre le temps, de le charger de mille reflets, de nimber la phrase d’une incertitude, il était le seul à pratiquer le funambulisme sur grand écran, entre introspection et ridicule, entre grandiloquence et détachement » (L’ami de la famille, Un moment d’égarement avec vous, Jean-Pierre).

Ma dernière séance, Marielle, Broca et Belmondo, est l’un des derniers livres publiés par Pierre Guillaume de Roux (1) avant sa disparition, le 11 février dernier. Un livre comme il les aimait : curieux, audacieux, drôle, piquant, un rien nostalgique d’un temps précieux où le cinématographe aimait ses comédiens, ses scénaristes et surtout ses spectateurs, un cinéma qui n’avait pas honte qu’on le qualifie de distrayant, de léger, parfois loufoque, maniant avec humour des réflexions au vitriol sur la société de son temps, toujours réjouissant et fantaisiste.

Ne dis rien, Patrick Radden Keefe (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 01 Mars 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond

Ne dis rien, Patrick Radden Keefe, septembre 2020, trad. anglais (USA) Claire-Marie Clevy, 342 pages, 22 € Edition: Belfond

 

Ce livre n’est pas une fiction, c’est une enquête journalistique sur « les Troubles », les 30 ans de guerre civile qui eurent lieu en Irlande du nord de 1968 avec la manifestation pour les droits civiques jusqu’à 1998, date des accords du Vendredi saint. De plus, il laisse une large part et une importante réflexion sur la mémoire et le silence qui les entourent.

Belfast, un soir de décembre 1972, Jean McConville, veuve, 38 ans, mère de dix enfants, est enlevée par un groupe d’hommes masqués. La veille elle avait essayé de soulager un soldat britannique qui était tombé devant sa porte en lui reposant la tête sur un oreiller. Avant d’être embarquée, elle dira à Archie, seize ans, son fils aîné : « Occupe-toi des enfants jusqu’à mon retour ». Ils l’attendront en vain. On ne la reverra plus. Les enfants seront placés en orphelinat, élevés à la dure, parfois maltraités. Sa disparition soulèvera de nombreuses questions : qui l’a enlevée, les Anglais, l’IRA, pourquoi ? Où est-elle passée ? Est-elle toujours en vie ? Son fils Michael enquêtera longtemps sur la disparition de sa mère.

La colline du mauvais-conseil, Amos Oz (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 23 Février 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Israël

La colline du mauvais-conseil, Amos Oz, Gallimard, Coll. L’Imaginaire, novembre 2020, trad. hébreu, Jacques Pinto, 248 pages, 10,50 € . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Gallimard

 

« Et Edouard répliquait avec sévérité : Mes amis je vous en prie, revenons à l’ordre du jour » (p.244). Il n’est pas indifférent que cette injonction soit faite par le superviseur anglais d’une opération visant à l’épuration de l’eau, aux deux « ingénieurs », juif et arabe, au temps de l’occupation britannique.

Trois histoires liées, nouées par les enfants, enfants de l’immigration juive, dont l’un, Uriel qui en est le pivot, prend les traits et en partie l’existence d’Amos Oz.

Dans le premier récit, la mère d’Uriel s’enfuit avec un lord anglais, l’enfant sera envoyé au kibboutz, dans le second les parents semblent fomenter un complot pour chasser l’occupant, dans le troisième où la parole est donnée à un médecin atteint d’une maladie incurable, Uriel confié aux bons soins d’une tante attend le retour de ses parents… aucun de ces récits ne reflète ou ne recouvre la réalité complète de la vie de l’enfant Amos Oz, mais tous en possèdent une part, un contour :

Ma vie toute crue, Mauricio Garcia Pereira (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 22 Février 2021. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Plon

Ma vie toute crue, Mauricio Garcia Pereira, Plon, Coll. L’abeille, janvier 2021, 176 pages, 8 € Edition: Plon

 

« Meat is murder »

En 1985, dans Meat is murder, sa chanson pamphlétaire contre la consommation de viande (devenue hymne de la cause végétarienne), le leader des Smiths, Morrissey, s’adressait à ses auditeurs et leur demandait : « Do you know how animals die ? ». La réponse venait rapidement, comme un cri refoulé, cinglant : « It’s not comforting, cheery or kind / It’s sizzling blood and the unholy stench / Of murder » (1). Quelques trente ans plus tard, en France, Mauricio Garcia Pereira, ouvrier à l’abattoir de Limoges, un des plus grands de France, lançait l’alerte dans un livre que rééditent aujourd’hui les éditions Plon dans sa Collection de Poche. En se gardant de toute radicalité, il décrit un univers insupportable où victimes et bourreaux sont maltraités, soumis à la violence de l’industrialisation de la mort animale.