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Recensions

Miraculum, Michael Marqui (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 26 Octobre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres

Miraculum, Michael Marqui, Editeur Independently published, mars 2021, 320 pages, 16 €

Qu’il est bon de replonger inopinément dans l’univers de romans d’aventures qu’on a parcourus jadis en lisant Féval, Zévaco, Sue, Dumas et autres Théophile Gautier !

Michael Marqui, avec ce premier roman (il se dit qu’un second est en cours d’écriture), met en scène des personnages qui auraient pu croiser le chemin des D’Artagnan, Dantès, Pardaillan, Lagardère, Fracasse…

En rupture avec les précités, ici, toutefois, le héros est une héroïne, et les protagonistes se retrouvent ponctuellement, en lieu et place des fougueux chevaux qu’ils savent lancés à leur poursuite, face à un monstre hurlant, fumant, se déplaçant à une vitesse effarante : l’une des premières automobiles.

Anna incarne sous ce prénom fictionnel l’une des deux jeunes filles qui accompagnaient Bernadette Soubirous lorsque « la Dame » lui est apparue. Sans revenir précisément sur la destinée connue de celle qui a été canonisée, l’auteur imagine un singulier destin sacré pour Anna, qui aurait reçu de « la Dame » un objet qu’elle aurait pour sainte mission de poser sur un des multiples reliquaires christiques disséminés de par la France, ce qui aurait pour effet une divine réaction, miraculeuse, le « miraculum » qu’évoque le titre du livre.

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, Gilles Paris (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 22 Octobre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, septembre 2021, 224 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Gilles Paris

 

Sur un titre puisé dans un poème du génial et jeune Rimbaud, l’écrivain campe une histoire dont les divers narrateurs sont des jeunes lycéens de quinze et seize ans, en quête d’eux-mêmes, des autres, des joies et des désirs d’adolescents. En quête d’amitié, d’amour, de sexe, s’essayant à la fête, à la drogue, à l’alcool, comme nombre de jeunes.

Voici donc Iris, Emma, Sarah, Chloé. Voici Léon, le disgracieux, Tom, à la mèche insolente, Aaron, Solal, Timothée, Léon, et d’autres. Les jumeaux Emma et Tom, de parents cossus, traversent cette histoire multiple, qui voit s’accumuler les rencontres, les coups bas, les fêtes, les trahisons. Iris s’est pendue, et toutes et tous s’en souviennent, parce qu’ils ont été les uns et les autres responsables de son geste pour l’avoir harcelée, souillée au lycée, l’année précédente. Depuis l’affaire Iris, tout est différent et à la fois pareil. Les séductions, les rencontres, les couples qui se forment, les réseaux qui guettent et visent leurs proies.

Toutes ces vies que je n’aurai jamais, Vincent Labay (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 21 Octobre 2021. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres

Toutes ces vies que je n’aurai jamais, Vincent Labay, éditions Conspiration, septembre 2021, 250 pages, 20 €

 

Dépersonnalisation. Déréalisation

C’est par la négative « je ne serai jamais » que Vincent Labay appréhende différentes trajectoires normées, normatives, ou quelquefois bizarres. V. Labay livre aux lectrices et lecteurs 62 vies rêvées, réalistes ou fantasmées. Entre l’errance artistique d’« un oiseau de nuit », l’instabilité et la paisible existence « d’homme au foyer », quelle est la meilleure solution ? Pour quel choix opter ? Ce à quoi l’auteur répond : « À quoi bon exister puisque c’est absurde ? ». Mieux vaut côtoyer la mort que « cet ennui généralisé ». Sans doute, en sous-texte, il y a tout ce que Labay a accompli, tenté d’accomplir, ou raté. Il effectue un vaste balayage de l’Histoire, avec des dates précises, des moments-clés, il bluffe sur sa vie privée, met au monde une quantité d’enfants, brode sur sa descendance, son curriculum vitae.

Parler à ma mère, David Allouche (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Octobre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Parler à ma mère, David Allouche, éditions Balland, juin 2021, 152 pages, 13 €

 

Itsak Haïm, le narrateur et personnage principal de ce deuxième roman de David Allouche, se retrouve seul à quarante ans avec son fils Gabriel.

Le roman est en grande partie constitué de dialogues animant les consultations récurrentes auxquelles s’astreint Itsak dans le cabinet de Lucien Trabac, psychanalyste à Paris, après la disparition de sa femme.

Que s’est-il passé ? Où est Emma, son épouse, la mère du garçon ?

« J’ai épluché hier votre site internet, non pas le vôtre, celui de votre école analytique, enfin, c’est pareil. J’ai lu un joli texte sur le psy comme partenaire […]. Ça m’a parlé. Depuis que j’ai tué ma femme, j’ai besoin d’un partenaire. Je deviens fou… ».

Nuit de foi et de vertu, Louise Glück (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 15 Octobre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, USA, Poésie, Gallimard

Nuit de foi et de vertu, Louise Glück, mars 2021, trad. américain, Romain Benini, édition bilingue, 160 pages, 17 € Edition: Gallimard

 

Alternant les poèmes plus longs et les textes plus brefs, la poète américaine, lauréate du dernier Nobel de Littérature (2020), nous oriente vers une poésie qui camoufle l’autobiographie sous des dehors étranges, des récits qui ont l’apparence de l’invention et des souvenirs qui sentent le vécu. Le mélange, réaliste et fantastique, entre passé et rêve, retient toute l’attention. On y perçoit la sève de qui veut se plonger dans le passé et la volonté de sertir le tout des outils de la création et du regard en surplomb. Le titre du volume, qui fait tantôt intervenir un garçon, tantôt une fille, dont chacun a un frère ou une sœur, provient d’un titre lu par un enfant le soir.

À ce propos, que d’images de nuit traversent ce livre, plein d’inquiétude et de foi en un passé où s’agrègent les parents, les frère et sœur, une tante. On sent bien sûr le désir ici de faire de la poésie un tremplin spirituel vers des strates peu explorées ; en quoi la séance d’analyse éclaire vraisemblablement un travail sur ces matières essentielles pour l’auteure.

Les nuits donc sont fécondes et engendrent ce qu’elles enregistrent de plus nu, de plus vrai, qui sourd de l’existence.