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Recensions

Volvere, Alban Kacher (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 17 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Volvere, Alban Kacher, éditions de La Crypte, juin 2021, 80 pages, 12 €

 

« La joie océane » des voyages

Alban Kacher, jeune poète de la Crypte, né en 1998, propose son premier livre, Volvere, sorti en ce juin 2021.

Le grand air des voyages nous vaut des versets au lyrisme âpre : « Je n’ai pas faim vraiment

ni soif juste

le torse qui se creuse

rêve de tempête dans la gorge »

Près du corps et de ce qui peut s’y échouer (langue), le poète décrit « des muscles qui saillent », la sueur de « ma vie de nomade ».

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama (par Fulvio Caccia)

, le Lundi, 15 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Roman

Les chants d’Éros, Claude-Raphaël Samama, Éditions Baudelaire, avril 2021, 152 pages, 12 €

 

Les chants d’Éros : le retour du lyrisme épique

D’entrée de jeu, la page-titre annonce la couleur : c’est un poème dont il s’agit mais pas n’importe lequel, un « roman poème ». Qu’est-ce à dire ? Laissons Claude-Raphaël Samama, auteur pluridisciplinaire dont c’est la 13e œuvre littéraire s’expliquer sur ses intentions : « On trouvera dans Les chants d’Éros ces ingrédients (personnages, progression, narration…) sauf qu’au roman supposé se mêle le parti pris d’une autre écriture, un autre rythme, une “poétisation” – un enchantement – qui voudrait introduire la dimension d’une autre langue. Celle des fous, des mages et des dieux, où, de plus, en majesté, l’antique Éros, universel et sibyllin, revisiterait les jours ». Cette préface résonne comme un manifeste. Et un sacré défi. Car si on lit bien entre les lignes, l’auteur sonne l’heure de la revanche pour la poésie sur le roman dans l’espace littéraire.

Un monstre est là, derrière la porte, Gaëlle Bélem (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 12 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Un monstre est là, derrière la porte, Gaëlle Bélem, Gallimard, Coll. Continents Noirs, mars 2020, 197 pages, 19 € Edition: Gallimard

 

Une phrase revient comme un leitmotiv dans le roman de Gaëlle Bélem : « C’est comme ça, un point c’est tout ». C’est la toute dernière du récit, répétée par la narratrice comme par les autres personnages du roman. Cette phrase énonce un fatum têtu qui tient tout un clan, assurément le clan le plus maudit de l’île de La Réunion : Les Dessaintes. Pourtant ce n’est pas la concurrence au destin le plus funeste qui manque dans une île aux mélanges sociaux et raciaux souterrainement volcaniques, de toute évidence.

« Tout cela se passait à Sainte-Marie puis Bras-Panon, tout près de Millemogom qu’on appelle parfois Paniandy. Mais, ç’aurait pu être n’importe où ailleurs, dans les Hauts de Libéria ou à Dioré, du côté de Saint-Leu et même Villèle. Le lieu n’avait guère d’importance ; les personnes non plus ; sur cette île, à l’époque, les Noirs, les petits Blancs dits Yab, les Malbars dont les ancêtres venaient entre autres de Calcutta, tous souffraient pareillement de toute façon ».

Chevreuse, Patrick Modiano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Chevreuse, octobre 2021, 176 pages, 18 € . Ecrivain(s): Patrick Modiano Edition: Gallimard

 

Depuis 1968, et une reconnaissance rapide, Modiano s’est fait le romancier du passé à retrouver. Il en est devenu l’expert romanesque, à travers nombre de romans qui, sur base de bottins et de cartes géographiques, dessinent la carte mémorielle de son propre passé, plein d’adresses vérifiables, de noms qui portent francité ou gourme étrangère. Il a témoigné de ces traces dans son livre Un pedigree, qui relate comment son propre passé a pu générer les fictions qui l’ont rendu célèbre, jusqu’à ce Prix Nobel de Littérature. On reconnaît très vite la griffe et la patte du romancier qui s’évertue, le temps d’un livre bref, à démêler un passé glauque, à éclaircir des zones au départ bien troubles.

Ce vingt-sixième roman de l’auteur, né à Boulogne-Billancourt en 1945, ne déroge guère à l’esthétique que Modiano s’est donnée depuis toujours : graver dans le romanesque les ressources fluides d’une vie, passée à courir les pensionnats et les rues de Paris et de sa banlieue cossue.

Dans le refuge de la lumière, Martine Rouhart (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 10 Novembre 2021. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Dans le refuge de la lumière, éditions Bleu d’Encre, décembre 2020, 54 pages, 12 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

Dans le refuge de la lumière est un voyage poétique qui se savoure au fil des mots aériens de Martine Rouhart et des illustrations délicates de Claude Donnay.

La poète nous transporte, nous emmène avec elle, « d’un coup d’ailes imaginaires », dans un monde où elle se rend souvent et dans lequel elle puise « ce qu’il faut de clarté » pour affronter ses « champs de bataille ». Ses mots volent eux aussi et se détachent du ciel comme une « calligraphie des oiseaux dans le bleu ». C’est une musique délicieuse qui invite à la méditation : « chaque matin a son mystère, sa profondeur de lumière », et qui rend hommage à la source d’inspiration universelle que représente l’horizon. Ainsi, la poète rêve-t-elle à cet « instant étiré (…) dans l’infiniment loin ».

Cet état d’éveil où l’on se tient attentif « au surgissement de tout » est source de bien-être et vecteur d’une joie inexplicable, qui tinte comme un « grelot », « qu’on ne comprend pas ». Et c’est ainsi que tous les petits riens deviennent merveilles pour celui ou celle qui sait les observer : « L’oiseau dans le vent / petit bateau / aux voiles grises / qui dérive / sur l’océan ».