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Recensions

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 05 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron, Le Taillis Pré, mai 2024, 156 pages, 17 €

 

Durant cinq années, le poète de Fougères a tenu un « vrai cadastre » de ses jours, de ses nuits. Ecrire un poème, c’est pour lui entrer dans la nuit de la connaissance et de l’humilité. Ainsi ces nombreux poèmes se sont écrits la nuit, quand silence et profondeur tissent le travail de création.

Le poète ne peut vivre sans : le poème c’est le « labour » intérieur qui s’impose chaque jour, c’est l’exutoire, c’est « la lumière » des mots qui fend l’obscurité.

Les titres disent assez tout le travail de sape du poème, auquel le poète s’adresse sans cesse : confident, interlocuteur du songe, outil existentiel, etc.

Ressasser le mot « poème » convoque ici tous les sens : la nuit délivre la gangue de tous les mots, susceptibles de trouver une voie dans cette « recherche » quotidienne.

Aux ventres des femmes, Huriya (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 04 Septembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Maghreb

Aux ventres des femmes, Huriya, Editions Rue de l’Echiquier, août 2024, 320 pages, 22 €

 

Après Entre les jambes, publié en avril 2021, un premier roman contestataire, provocateur, qui lui a apporté une immédiate notoriété, Huriya, écrivaine franco-marocaine, récidive avec ce récit tout autant percutant des quinze premières années de l’existence quotidienne de la fille cadette d’un boucher polygame et tyrannique tirant des préceptes de l’intégrisme islamique la légitimité de son odieux comportement domestique.

L’histoire se déroule dans un état islamique non identifié, dans le quotidien de quoi on peut reconnaître ici et là des éléments socio-culturels, socio-religieux, socio-linguistiques propres à telle ou telle communauté régionale du monde arabo-musulman.

Voix sous les voix, Angèle Paoli (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 30 Août 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Al Manar

Voix sous les voix, Angèle Paoli, Al Manar éditions, juin 2024, belles peintures de Marie Herber, 64 pages, 18 € . Ecrivain(s): Angèle Paoli Edition: Al Manar

 

Ce livre est non seulement un beau recueil de poésies et de peintures abstraites très colorées, il est également un hommage soutenu et fervent à l’écriture et au destin de plusieurs poètes et écrivaines, disparues suite à des suicides ou morts violentes.

Se glissant dans la peau de voix aimées, notre chère poète de Canari prend appui sur les textes des défuntes pour en donner une nouvelle lecture, grâce à sa voix personnelle, réussissant à renouveler son « je ».

Parler au nom des autres est un fameux défi que la poète remplit sans problème : sa voix épouse d’autres voix, celles de V. Woolf, de Marina Tsvetaïeva, de S. Plath, d’A. Pizarnik, d’Amelia Rosselli, d’I. Bachmann.

Il s’agit d’épouser aussi la douleur constante que ces écrivaines ont sans cesse ressentie lors de leurs parcours, souvent fulgurants : une vraie difficulté de vivre, avec soi, avec les autres, avec le tourment infernal du mal être dans un monde trop grand pour elles.

Écarlates, Jennifer Lavallé (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 04 Juillet 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Écarlates, Jennifer Lavallé, Pierre Turcotte éditeur, mars 2024, 67 pages, 13,70 €

 

Ce recueil, qui aborde le thème difficile de l’interruption volontaire de grossesse, s’ouvre avec une immersion dans une « eau sombre éternelle » qui inonde les « couloirs vides de la souffrance ». Cet élément aquatique, qui fait écho au liquide amniotique, est gardien d’un secret : un « enfant éphémère », « oiseau chétif », fut rendu « au bleu des étoiles ». L’auteure écrit pour les « écarlates », ces femmes qui ont vécu une telle épreuve et qui choisissent d’écrire au petit être qui n’est jamais venu, « pour éliminer la peine dans les mots ».

« Je t’aime plus que je ne pourrai jamais aimer, toi qui n’auras jamais ni nom ni chagrin ». Cette décision d’avorter n’est jamais prise à la légère et elle s’accompagne d’une grande souffrance teintée de culpabilité :

« J’ai fait une croix sur toi/ tu avais l’âge de l’aurore ».

Une maman, Mathieu Lavoie (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 03 Juillet 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Une maman, Mathieu Lavoie, Seuil Jeunesse, mai 2024, 24 pages, 10,90 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Le bébé et le chien

Ce très bel imagier jeunesse cartonné a été entièrement conçu par Mathieu Lavoie, auteur, illustrateur, designer graphique, et directeur artistique québécois. À l’instar du Petit Prince, un garçonnet aux joues roses invite l’illustrateur à lui dessiner une maman. Et pour ce, voilà le bambin à califourchon sur une monture inhabituelle. Tous deux vont traverser des paysages divers et même franchir des rivières. Ce périple est long et fatigant car c’est une grande aventure que d’arriver à terme…

Le livre est enrichi d’une iconographie de grande qualité. Le dessin est magistral, composé d’éléments simples, délicats. Ainsi, les attitudes, les mouvements et les expressions sont rendus grâce à l’efficacité des moyens artistiques. Le fond blanc est très contemporain, et permettra aux tout jeunes enfants d’aborder le dessin non pas comme une surenchère mais comme une composition autonome, dépouillée.