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Recensions

Le secret de la danseuse, Michèle Hayat (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Lundi, 02 Décembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Le secret de la danseuse, Michèle Hayat, L’Archipel, Ecriture, mai 2024, 176 pages, 19 €

 

Après avoir exploré l’enfance de Louis Armstrong dans La Trompette de Satchmo (2020), Michèle Hayat nous entraîne cette fois-ci dans sa Tunisie des années 1950, avec une finesse narrative qui mêle souvenirs personnels, suspense et fiction, rythmée par l’esthétique fluide et sans compassion de la danse. C’est l’histoire d’une profonde amitié entre Pia, douze ans, et Delphine, une beauté diaphane pleine de mystère. Pia se sent invisible aux yeux de sa mère, une femme oisive et frustrée. Pour rompre la solitude de sa fille, son père décide de l’inscrire à un cours de danse classique. C’est là que Pia rencontre Delphine, une camarade qui semble avoir tout ce qui lui manque : beauté, intelligence, espièglerie et un don inné pour la danse. Delphine, derrière son image d’enfant prodige, a une personnalité qui intrigue. « Si je n’avais pas la passion de la danse, je me consacrerais à la botanique. Je parlerais aux fleurs, mes histoires n’auraient pas de fin, pour qu’elles m’écoutent sans jamais se faner ». La jeunesse a toujours eu « l’intuition du temps et de la beauté », qui s’échappe mais qui s’exprime dans la légèreté de la danse.

Marthe, roman, Les Sœurs Vatard, Joris-Karl Huysmans (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 28 Novembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Marthe, roman, Les Sœurs Vatard, Huysmans, Folio Classique, octobre 2024, 544 pages, 9,40 € . Ecrivain(s): Joris-Karl Huysmans Edition: Folio (Gallimard)

 

Cette réédition est présentée, établie, préfacée et annotée par Francesca Guglielmi. La somme des deux romans est suivie d’une Chronologie détaillée, rédigée par Francesca Guglielmi et André Guyaux, d’une intéressante notice sur la genèse et la réception des deux ouvrages, et d’une importante et précieuse bibliographie.

 

Marthe

C’est « l’histoire d’une fille », terme ici socialement méprisant désignant au 19ème siècle une femme aux mœurs légères.

Oublie les femmes, Maurice, Florent Jaga (par Olivia Guérin)

Ecrit par Olivia Guérin , le Mercredi, 27 Novembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

Oublie les femmes, Maurice, Florent Jaga, Editions Quadrature, 2019, 115 pages, 16 €

 

Florent Jaga ou l’amour vache

Chez Florent Jaga, l’amour n’est pas une sinécure. Dans les couples qui sont au cœur du recueil Oublie les femmes, Maurice, ça se chamaille, ça se déteste, ça se méprise, ça s’étripe, ça cherche de temps à autre à se zigouiller. Et parfois – parfois seulement –, ça se rabiboche.

Les quatorze nouvelles qui forment ce recueil constituent au premier chef une galerie de portraits contemporains d’une agréable causticité. On y croise, entre autres, des filles exhibitionnistes, des pin-up, une belle brochette de frustrés, des voyeurs, un pompier tueur en série, un prêtre amoureux d’une effrontée, et surtout beaucoup de couples déglingués qui se dédaignent ou s’indiffèrent.

Dégaine, Manon Godet (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Mercredi, 27 Novembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions du Cygne

Dégaine, Manon Godet, Editions du Cygne, mai 2024, 158 pages, 16 € Edition: Editions du Cygne

 

« Dégaine », voilà un titre qui interpelle, jaillit du langage comme une arme tranchante prête à décimer les rages pourrissantes, à chasser la nuit.

L’auteure écrit pour ne pas « finir dans un trou de mémoire », « ne pas devenir ce trou », pour construire, exorciser ce qui la hante, évincer la peur du noir. Elle sait relater avec force et pudeur la douleur des femmes blessées, en donnant vie à des personnages féminins, qui selon ses propres mots, « sont comme moi ».

Et puis il y a la résilience, rendue possible par « la métamorphose vers le “je” », les instants où l’on fait « hurler la vie », où on l’irrigue, où l’on se distancie d’un passé trop dur :

« Ça n’a pas à être réel si je ne le veux pas », dit la narratrice, offrant un écho en miroir aux mots de Boris Vian : « Cette histoire est vraie puisque que je l’ai inventée ».

Julienne, Scholastique Mukasonga (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 26 Novembre 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Gallimard

Julienne, Scholastique Mukasonga, Gallimard, Coll. Blanche, mars 2024, 218 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Scholastique Mukasonga Edition: Gallimard

 

Néonatalécriture

Le livre de Julienne a été long à venir au monde. Écrire et accoucher s’apparentent. Nous comprenons à la toute fin du livre que Scholastique Mukasonga a pris du temps pour sortir d’elle cette chair des mots, ce viscère qui après tout a peut-être plus de puissance vitale que n’importe quel enfant à naître. Il est peut-être, c’est un homme qui écrit donc quelques précautions sont à prendre pour le lire, une chair du livre qu’adosse l’éternité quand chaque enfant qui naît, non.

Lire Julienne paru dans la Blanche de Gallimard ouvre à cette lecture d’Afrique et singulièrement nous renvoie entre Rwanda et Burundi. C’est entre les deux pays que Scholastique Mukasonga écrit, sur cette frontière que sont les lignes de son ventre, de son encre, de ses vies.