La petite voleuse de planètes, Maxime Derouen (par Yasmina Mahdi)
La petite voleuse de planètes, Maxime Derouen, Grasset-Jeunesse, septembre 2024, 88 pages, 20,90 €
Edition: GrassetPlus de lumière !
Ce bel album jeunesse, cartonné, aux pages de garde étoilées, d’un grand format (21,5 x 27,5 cm), est dédié au père de l’auteur.
Maxime Derouen, après un cursus universitaire en philosophie politique (plus particulièrement sur Michel Foucault) et en histoire des sciences, se consacre à l’écriture jeunesse. Il a également été coloriste avec Alfred pour Come Prima (éditions Delcourt, Album d’or Angoulême).
L’héroïne de La petite voleuse de planètes est une jeune fée vêtue de noir dont le visage s’apparente un peu à ceux des mangas ou de style d’anime, par la simplification des traits au minimum et des grands yeux noirs, du visage et du corps dessinés et peints de manière plus libre qu’à la manière japonaise. La fillette-fée, isolée et perdue dans les grandes villes, s’ennuie et semble porter le deuil. En effet, tout le monde l’a oubliée. Elle ressemble parfois à un bébé vampire tant elle est triste… Mais elle va s’éprendre de la voûte céleste !
Que se passe-t-il dans les royaumes terrestres quand l’astre de la nuit disparaît : plus de lumière ! Les conséquences en sont donc très fâcheuses. Qu’advient-il quand on congédie le rêve et que l’on efface les contes ? Là est toute l’énigme de l’histoire. La petite fée, fâchée, continue son périple dans le cosmos. Abracadabra !, Abracadabrette !, d’un coup de baguette magique, tout se dissout et sombre dans l’obscurité ou bien est dérobé à l’espèce humaine. Le récit écrit et composé par Maxime Derouen est une fable contemporaine, même si elle se situe au Moyen-Âge. Ainsi qu’arrive-t-il lorsque les valeurs humaines sont escamotées ?
La figure imaginaire de La petite voleuse de planètes se retrouve à l’intérieur de cases de dimensions diverses dans lesquelles les textes s’insèrent avec clarté. Des sphères, des damiers de couleur et des donjons crénelés composent une architecture médiévale. Les noirs sont très englobants face au blanc cru. Il y a de l’abstraction géométrique ainsi que des linéaments dans les tons froids et chauds. Ces rythmes géométriques entourent le cercle, identité dominante du cosmos et de la terre. L’album est une leçon de philosophie pour les petits. La gamme chromatique est riche, le traitement graphique est rehaussé par le tracé du noir, la force des tons, la représentation des groupes et de la jeune et facétieuse fée. Maxime Derouen explore les âges, le médiéval, la Renaissance ainsi que l’univers enfantin du merveilleux. Les traits et le choix des nuances colorées rappellent parfois les décors dessinés et peints de Jean-Christophe Averty.
Dès 5 ans.
Yasmina Mahdi
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