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Poésie

Au-delà du ciel sous la terre, Aleš Šteger (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 24 Juin 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Au-delà du ciel sous la terre, Aleš Šteger, Gallimard, Coll. Du Monde Entier, avril 2024, trad. slovène, Guillaume Métayer, 140 pages, 16,50 €

 

Le haut et le bas

La poésie de Aleš Šteger que je découvre dans la fameuse Collection Du Monde Entier, de Gallimard, représente à mon sens une tentative osée de faire correspondre dans une même expression les deux pôles de notre condition humaine : le ciel et la terre. Cette conception du monde est figurée par une écriture que je serais tenté de traiter d’oxymorique. Le bas et le haut, l’espoir et le désespoir, le noir et le blanc, le bien et le mal, le beau et la laideur, la présence et l’absence, le monde physique et métaphysique, le temps et l’éternité tout à la fois. Il y a donc deux mondes, le palpable et l’impalpable, deux mondes qui luttent au sein d’un débat axiologique, où matière et esprit sont l’étayage des poèmes, son bois d’œuvre.

Réveiller les morts, Ron Rash (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, USA

Réveiller les morts, Ron Rash, éditions Corlevour, avril 2024, trad. anglais (Etats-Unis) Gaëlle Fonlupt, 170 pages, 18 €

 

la lumière ne tombait pas mais s’élevait

comme si certaines choses ne pouvaient rester

cachées à jamais mais devaient remonter

à la surface […]

Ron Rash

 

Amérique

Quel bonheur de découvrir un poète américain. On sait la profusion d’auteurs de grande qualité aux USA, et le livre que publient ici les éditions de Corlevour ajoute une pierre angulaire à ce foisonnement poétique.

Autre matin, suivi de Le monde du singulier, Gérard Pfister (par Marie-Hélène Prouteau)

Ecrit par Marie-Hélène Prouteau , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Autre matin, suivi de Le monde du singulier, Gérard Pfister, éditions Le Silence qui roule, mars 2024, 96 pages, 15 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister

 

Gérard Pfister est à la fois éditeur des éditions Arfuyen et traducteur. Il est aussi l’auteur d’une œuvre poétique importante, publiée, pour l’essentiel, aux éditions Arfuyen mais également aux éditions Lieux-dits, Lettres vives. Ce recueil écrit entre 1990 et 1993 au Lac Noir dans les Vosges est publié par les éditions Le Silence qui roule créées et animées par Marie Alloy, qui est peintre et graveuse. C’est elle qui a réalisé la peinture de couverture, « Reverdir », en parfaite résonance avec le titre qui fait sens vers une sorte de promesse.

Autre matin s’ouvre sur un exergue citant L’Âge de la lune du poète Leonardo Sinisgalli que les éditions Arfuyen ont été les premières à publier. Le recueil se présente en cinq parties, composées sous la forme régulière de distiques brefs. L’écriture poétique de Gérard Pfister emporte le lecteur sur le chemin d’une aube spirituelle, arrimée à une vision de la nature débarrassée de toute contingence. Une aube d’avril, singulière par son indétermination :

De mon sous-sol, Grégory Rateau (par Murielle Compère-Demarcy)

, le Mercredi, 05 Juin 2024. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

De mon sous-sol, Grégory Rateau, éditions Tarmac, janvier 2024, 52 pages, 10 €

 

« De mon sous-sol » se titre cette nouvelle publication de Grégory Rateau aux éditions Tarmac, dans la Collection Aliénation & Liberté, dirigée par Jean-Claude Goiri. D’emblée nous pensons aux Carnets du sous-sol de F. Dostoïevski et ne sommes donc pas étonnés de trouver un extrait des carnets de l’écrivain russe en exergue du recueil. Citation reliée au contexte de ce livret, comme le veut la nature et l’esprit d’un exergue, comme il est également relié au credo viscéral de Grégory Rateau à savoir le déploiement du Poème hissé tel un vaste étendard de la Liberté à tout prix, sans compromis ni compromission, catharsis d’une tectonique foudroyante soulevant les tréteaux du théâtre de la vie, elle qui ne saurait n’être qu’un songe et qui brûle ses planches à grandes doses de dopamine, de coups de gueule, de colères, de révolte sous les pieds ailés du poète. De son sous-sol Grégory Rateau ose exposer à l’air libre la tête brûlée d’un Poème au long souffle, dont la violence libertaire et pacifique de la Voix laisse jaillir à chaque fois une présence marquée depuis l’enfance par les humiliations, l’incompréhension de la famille, la quête de fraternité, une rage de l’écriture insatiable.

Vagabondage sur un poème de Mark Strand (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 05 Juin 2024. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

 

Des poèmes sur la poésie, il y en a légion. Des poèmes sur la poésie en tant que nourriture, il y en a aussi mais plus rares – Reality Sandwiches d’Allen Ginsberg, par exemple. Mark Strand en a écrit undans Reasons for Moving (1968) – intitulé Eating Poetry, « manger de la poésie ».

 

Ink runs form the corners of my mouth.

There is no happiness like mine.

I have been eating poetry.

 

The librarian does not believe what she sees.

Her eyes are sad

and she walks with her hands in her dress.