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Les Livres

Chez Zola, Valentine Del Moral

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 04 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Editions de Fallois

Chez Zola, septembre 2015, 219 pages, 18 € . Ecrivain(s): Valentine Del Moral Edition: Editions de Fallois

 

« A Emile… qui n’(est peut-être) pas mécontent des avancées de ma fantasque entreprise », écrit Valentine Del Moral,  en excipit de son livre. On peut en effet le supposer, en refermant ce livre réjouissant, roboratif et, mine de mine, informatif et utile à plus d’un titre. C’est un travail sérieux, qui, pour autant ne ruisselle pas de cette prétention littéraire, si abondante, hélas, du type : tout ce qui va révolutionner les connaissances sur l’œuvre de Zola. Ce n’est pas l’objectif. Diplômée de muséologie, l’auteur « ouvre  un » Zola ; celui de sa quotidienneté, les deux pieds dans la terre et les bâtiments (car c’est un homme de lieux), donc, en partie de ce Médan, « le train, la seine, une île, un bateau, le plein air, la gourmandise, l’amitié », qui joue un rôle premier, dans l’œuvre et sa genèse. Très haut lieu littéraire et intellectuel du coup (peut-être plus, toutefois, « stigmates littéraires » que réalité), en même temps que lieu banal et chaleureux de l’humain de tous les jours. C’est cette double entrée – si précieuse – que réussit pleinement à nous donner ce livre.

Monarques, Sébastien Rutes, Juan Hernandez Luna

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 04 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel

Monarques, août 2015, 384 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Sébastien Rutes, Juan Hernandez Luna Edition: Albin Michel

 

Voilà un récit étonnant, riche en rebondissements, d’une puissance d’évocation rare ; et qui pose des questions essentielles au-delà de l’apparente superficialité de la trame.

Cette dernière s’appuie sur un échange de correspondances entre Jules Daumier et Augusto Solis. Ce dernier, homme du monde des arts mexicains, travaille pour le cinéma ; il est fasciné par une certaine Loreleï Lüger, actrice de son état, mais dont les suites du récit vont faire de plus en plus douter de son rôle et de son identité véritables.

C’est Jules Daumier, garçon de course au journal L’humanité qui lui répond en lieu et place de cette Loreleï pour lui indiquer son absence de Paris et promettre dans la foulée à cet interlocuteur épistolaire de la retrouver, de lui donner des informations sur son égérie dès que Jules Daumier le pourra. Il s’ensuit un échange de correspondances passionnantes : on y découvre ainsi le Paris des années 30, celui de la préparation du Front populaire, celui du Vel d’Hiv, lorsque ce lieu sportif n’était encore qu’un stade dans lequel on pouvait assister à des courses cyclistes, des matchs de catch qui font apparemment vibrer notre coursier :

Leurs contes de Perrault, collectif

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Belfond, Contes

Leurs contes de Perrault, collectif, octobre 2015, 256 pages, 17 € Edition: Belfond

 

Leurs contes de Perrault, Charles Perrault, Gérard Mordillat, Frédéric Aribit, Alexis Brocas, Nathalie Azoulai, Cécile Coulon, Fabienne Jacob, Hervé Le Tellier, Leila Slimani, Emmanuelle Pagano, Manuel Candré, Christine Montalbetti

« Riquet et Radieuse ne se marièrent pas, n’eurent pas tant d’enfants que ça mais ils s’en donnèrent à cœur joie. Chaque jour fut une fête, chaque nuit aussi » (La Véritable Histoire de Riquet à la Houppe, Gérard Mordillat).

« Sur les feuilles, des lignes et des lignes de Serpents et de Crapauds. Des pages et des pages de lignes entières, et rien d’autre que des Serpents et des Crapauds sur toute la ramette, qu’Alix enchaînait depuis la veille au soir avec l’application confondante d’une élève de CP » (Les Fées, Frédéric Aribit).

Dans ce tourbillon littéraire, un cyclope, une fée, une sorcière, Cendrillon, Riquet, Peau d’Âne, et Barbe-Bleue. Imaginons Riquet à la Houppe qui se pique de la Radieuse Aurore et l’entraîne dans de réjouissantes escapades  – Quand elle se rhabilla Radieuse était illuminée, comme un vrai sapin de Noël– dans la MJC Andersen. Riquet qui renaît sous la plume électrique de Gérard Mordillat, l’un des Papoudes contes avec son compère Hervé Le Tellier, et qui ne manque pas d’allant pour nous conter les tumultueuses et sulfureuses aventures de Riquet, le héros à la houppe virevoltante.

Meyer et la catastrophe, Steven Boykey Sidley

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, Belfond

Meyer et la catastrophe, octobre 2015, trad. anglais (AfSud) Valérie Bourgeois, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Steven Boykey Sidley Edition: Belfond

Meyer ou la catastrophe est le troisième roman de Steven Boykey Sidley, et le premier publié en France. Ce sud-Africain a été ingénieur informatique comme son héros et scénariste à Hollywood, avant de tout plaquer pour l’écriture.

Meyer ou la catastrophe est un grand roman qui emprunte un humour à la Woody Allen, pour les questions autour du sexe, de l’angoisse et de la psychanalyse, un style incisif et drôle à la Philippe Roth ou Joseph Heller, offre un réel divertissement dans la manière de traiter les questions difficiles des différentes étapes de la vie et nous fait vivre à travers la vie mouvementée de Meyer, toutes les émotions de celui-ci pris entre drames et passions.

Saxophoniste raté et ingénieur en informatique, Meyer va consécutivement se séparer de sa petite amie, perdre son ex-femme avec laquelle il envisageait justement, vingt ans plus tard, de se remettre, voir son fils pris dans la drogue puis lui échapper sur un autre continent (celui des origines de sa mère, le Zimbabwe), sa fille d’un autre mariage tomber gravement malade, un père vieillissant disjoncter et se retrouver en prison après avoir tiré sur des gens et finalement mourir et, en toute fin, perdre son travail, un travail dont il aura à plusieurs reprises mesuré combien il n’était que servitude alors qu’il était le seul à avoir de vrais pouvoirs sur son patron.

Moi aussi, Ariane Dreyfus

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Moi aussi, Les Découvreurs, 2015, 126 p., 12,70 € . Ecrivain(s): Ariane Dreyfus

 

Ariane Dreyfus : Hantises de l’être

Ariane Dreyfus avec ses touches lumineuses au rythme des battements du cœur, du corps à l’aune de l’altérité, inaugure chez Les Découvreurs une nouvelle collection, « Voix de passage ». Elle a pour but « au moyen de textes soigneusement choisis et présentés par les auteurs eux-mêmes d’introduire et accompagner dans les classes quelques-unes des Voix par lesquelles passe ce qu’on pourrait appeler notre Défense et illustration de la poésie actuelle ».

Pour son livre, la poétesse a emprunté son titre à un vers minimaliste de Guillevic. Sa couverture rouge rappelle autant la chair d’éros que le Petit Chaperon Rouge appelé en exergue. Partant d’éléments familiers, sachant regarder, lire, observer, Ariane Dreyfus montre comment s’est métamorphosée son écriture en choisissant une présentation thématique en lieu et place du chronologique et selon huit temps : Petit Poucet va toujours, Le premier verbe : sortir, Les amants sont des enfants heureux, etc. L’aventure passe par le filtre de la poésie – mène du noir le plus profond aux couleurs les plus vives. Elle est aussi une sorte de musique dont la vibration est à même d’atteindre ce qu’il y a de plus général dans l’être : son mouvement intérieur fragile et térébrant.