Meyer et la catastrophe, Steven Boykey Sidley
Meyer et la catastrophe, octobre 2015, trad. anglais (AfSud) Valérie Bourgeois, 350 pages, 21 €
Ecrivain(s): Steven Boykey Sidley Edition: BelfondMeyer ou la catastrophe est le troisième roman de Steven Boykey Sidley, et le premier publié en France. Ce sud-Africain a été ingénieur informatique comme son héros et scénariste à Hollywood, avant de tout plaquer pour l’écriture.
Meyer ou la catastrophe est un grand roman qui emprunte un humour à la Woody Allen, pour les questions autour du sexe, de l’angoisse et de la psychanalyse, un style incisif et drôle à la Philippe Roth ou Joseph Heller, offre un réel divertissement dans la manière de traiter les questions difficiles des différentes étapes de la vie et nous fait vivre à travers la vie mouvementée de Meyer, toutes les émotions de celui-ci pris entre drames et passions.
Saxophoniste raté et ingénieur en informatique, Meyer va consécutivement se séparer de sa petite amie, perdre son ex-femme avec laquelle il envisageait justement, vingt ans plus tard, de se remettre, voir son fils pris dans la drogue puis lui échapper sur un autre continent (celui des origines de sa mère, le Zimbabwe), sa fille d’un autre mariage tomber gravement malade, un père vieillissant disjoncter et se retrouver en prison après avoir tiré sur des gens et finalement mourir et, en toute fin, perdre son travail, un travail dont il aura à plusieurs reprises mesuré combien il n’était que servitude alors qu’il était le seul à avoir de vrais pouvoirs sur son patron.
Tel Job, il va se retrouver démuni de tout et se questionnera tout au long du livre sur la nécessité de vivre avec une telle angoisse, celle qui l’accompagne dans chaque événement de sa vie, une angoisse insupportable, seule chose pérenne et stable en ce bas monde où tout change de plus en plus vite.
Ses questionnements qu’il confiera à son psychanalyste iranien, son humour juif, l’humour de son ami et thérapeute Farzad, dans des dialogues jouissifs, sont d’excellents moments grâce à sa verve, et une capacité à la fois à apporter des réponses intelligentes et nous faire rire de choses les plus graves.
Au bout de la catastrophe, pour Meyer, quelle solution ?
Lisez ce livre jubilatoire, vous ne le regretterez pas.
« Pourquoi mon ami Meyer éprouve-t-il de l’angoisse ?
– C’est parce que…
– Tais-toi, laisse-moi finir.
Il fait souvent ça, Farzad. M’ordonner de la boucler. Un truc d’Iraniens, j’imagine. Je trouve ça attachant, quoiqu’un peu agaçant aussi.
– C’est parce que le monde a changé, poursuit-il. […] Meyer, voici mon diagnostic : tu es angoissé parce que c’est le seul trouble psychologique qui vaille pour une personne instruite et cultivée. En fait, c’est la seule réaction saine que l’on puisse avoir face au monde qui nous entoure. Je te félicite pour ton acuité mentale et ton bien-être psychique ».
Marie-Josée Desvignes
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