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Les Livres

New York N°2, Laird Hunt (par Yann Suty)

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 08 Mars 2011. , dans Les Livres, Recensions, USA, Actes Sud

New York n°2. Actes Sud – 286 pages. 22 € . Ecrivain(s): Laird Hunt Edition: Actes Sud

 

Au lendemain des attentats contre le World Trade Center, le très vulnérable Henry fait la connaissance de Mr Kindt. L’affable vieillard, grand amateur de hareng mariné, lui propose de rejoindre son organisation. Sa spécialisation : les assassinats fictifs.

Ses membres, aussi fantasques que baroques, tuent fictivement des personnes qui ont choisi de se livrer à l’expérience consistant à survivre à leur propre assassinat programmé.

Parallèlement, on découvre Henry et M. Kindt dans un autre rôle : celui de patients pris en charge dans un hôpital par un certain Dr. Tulp, médecin qui ressemble fort étrangement à l'une des jeunes femmes de l’organisation… Ils se retrouvent pris au cœur d’un trafic de médicaments.

Quel est le vrai monde d’Henry ? Quelles sont les frontières entre le réel et le virtuel ? Qui est l’avatar de qui ?

Si la vie d’Henry se présente sous deux facettes, sa ville aussi. A la cité vivante se substitue un double qui a pris la forme d’une nécropole : New York n°2.

Quitter Dakar, Sophie-Anne Delhomme (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Mardi, 08 Mars 2011. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Rouergue

Quitter Dakar. 2010. 13,50 € . Ecrivain(s): Sophie-Anne Delhomme Edition: Le Rouergue

 

Quitter Dakar, c’est en fait y revenir. Quitter, revenir, ces mots qui s’imposent ainsi d’entrée de jeu indiquent ce qui caractérise le roman de Sophie-Anne Delhomme : le mouvement. De bout en bout, c’est un va-et-vient permanent ; va-et-vient entre la France et le Sénégal, mais aussi allers et retours entre le présent et le passé, entre la réalité et l’imaginaire, entre un je et un il qui, alternativement, se relaient pour raconter. Roman tout en déplacements donc, sans agitation toutefois, mais en quête ; de quoi ? De la mère, de soi, de la vie qui fut la leur, au garçon et à la mère, dans ce pays d’Afrique.
Manuela, c’est le prénom de la mère. Elle est décédée en 1985. Littéralement – le cliché force la main pour ainsi dire –, elle a l’Afrique ou, si l’on préfère, le Sénégal dans la peau. Elle y vit avec son fils dans la maison du Point E et possède une boutique qui va faire faillite. C’est un personnage complexe, comme du reste tous les autres de ce beau roman. On hésite à la définir d’une expression qui pourtant, là aussi, semble s’imposer : mère irresponsable. Les nuits, souvent, le jeune garçon doit se débrouiller seul pour trouver le sommeil dans la grande maison, à peine veillé par une bonne pendant que la mère rejoint un amant dans un night-club de la capitale sénégalaise.

Lettres en provenance de la nuit, Nelly Sachs (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 08 Mars 2011. , dans Les Livres, Recensions, Langue allemande, Allia

Lettres en provenance de la nuit Ed. Allia, 86 pages. 6€,10 . Ecrivain(s): Nelly Sachs Edition: Allia

 

C'est un tout petit livre, étroit comme la porte de Gide, et on en sort éclaté, transfiguré. Imprégnation et fulgurance. Rarement ici, souvent là-bas, c'est-à-dire autrefois, jadis, dans des temps immémoriaux, bibliques, et aussi plus loin, plus haut, par-delà, au-delà de l'échelle, dans le monde de l'âme, en tant que poète, bien sûr, mais aussi en tant qu'espérante, aspirante. Nelly SACHS… Et toujours dans le feu, apprendre, comme Marina TSETAIEVA, qu'il est lumière avant d'être brasier. Eclair (ant), jamais consumant.

On en ressort dépouillé, on a fait don de sa peau d'homme - de femme -.

Mais Nelly SACHS n'est pas qu'un esprit, mais si près de basculer qu'elle a fait des séjours "internés". On ne sauve (garde) pas la flamme, les mots qu'elle jette au-devant d'elle pour trouver, comme dans les contes russes, au bout, l'issue, le bout de la quête, l'extrême, jamais la vengeance, jamais l'amertume, la "nostalgie de la mort", comme passage, révélation, retrouvailles.

De L'autofiction comme outil herméneutique, Thomas Carrier-Lafleur (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 08 Mars 2011. , dans Les Livres, Livres décortiqués, Essais

Une philosophie du « temps à l'état pur ». L'autofiction chez Proust et Jutra, Laval, Presses de l'université Laval, coll. « Zêtêsis », 2010, 220 p. 30 € . Ecrivain(s): Thomas Carrier-Lafleur

 

L’autofiction, après avoir été considérée comme un « mauvais genre1 » nourrit de plus en plus régulièrement le champ de la théorie littéraire. Le mot vient désormais s’appliquer à de véritables monuments comme l’œuvre proustienne ou à d’autres médias artistiques tels que le cinéma2. Que l’on considère la « chose » comme un genre littéraire, comme une posture énonciative ou un concept, elle est dans tous les cas un moyen d’interroger le sujet, de renouveler son questionnement à l’ère de la crise qu’il traverse depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Considérée de cette manière, l’autofiction amène le critique à approcher ce qui touche à la philosophie, ainsi que le remarque justement Thomas Carrier-Lafleur dans l’avant-propos de la présente étude: « L’esthétique du je, la déconstruction du sujet, sa reconstruction, de même que son interprétation sont des notions philosophiques clés pour comprendre l’autofiction » (p.10).