C'est un tout petit livre, étroit comme la porte de Gide, et on en sort éclaté, transfiguré. Imprégnation et fulgurance. Rarement ici, souvent là-bas, c'est-à-dire autrefois, jadis, dans des temps immémoriaux, bibliques, et aussi plus loin, plus haut, par-delà, au-delà de l'échelle, dans le monde de l'âme, en tant que poète, bien sûr, mais aussi en tant qu'espérante, aspirante. Nelly SACHS… Et toujours dans le feu, apprendre, comme Marina TSETAIEVA, qu'il est lumière avant d'être brasier. Eclair (ant), jamais consumant.
On en ressort dépouillé, on a fait don de sa peau d'homme - de femme -.
Mais Nelly SACHS n'est pas qu'un esprit, mais si près de basculer qu'elle a fait des séjours "internés". On ne sauve (garde) pas la flamme, les mots qu'elle jette au-devant d'elle pour trouver, comme dans les contes russes, au bout, l'issue, le bout de la quête, l'extrême, jamais la vengeance, jamais l'amertume, la "nostalgie de la mort", comme passage, révélation, retrouvailles.