Ce livre peut être ludique et léger, ou impudique et pesant comme la mort, pas plus que la mort. C’est, comme tous les récits autour de la perte, une question résurgente : pourquoi ?
La femme du narrateur, Aura, apparaît, la plupart du temps, comme une créature éthérée : c’est un lutin, un elfe, une fée, un petit personnage déroutant, fantasque, doutant, insaisissable. Femme-enfant à la fois spontanée et réfléchie. Le narrateur, le mari, la voit ainsi dans un arbre après sa mort, où son sourire seul lui apparaît, si effrayé à l’idée qu’il puisse la manquer, l’oublier.
La vie d’avant Aura se fait irréelle, imprécise, improbable : a-t-il vraiment vécu avant ? Perpétuellement interrogés, remués, sont le destin, la chance, la mort et la vie et son jeu de roulette : une chance sur (?) qu’ils se rencontrent, une chance sur (?) qu’ils s’aiment… une chance sur (?) que la vague sur cette plage-là soit scélérate, la mauvaise… « Esta es mia » dira Aura, avant de la suivre.