Un premier roman déroutant, dans tous les sens du terme. La route est, en effet, omniprésente, comme métaphore, chemin de vie, imaginaire, mais aussi bien réelle, impasse, route parcourue en zigzags, sillons de la vie. Carambolage du temps : Les Normes sont malmenées.
On y trouve de tout : des superpositions, des réminiscences, de l’impromptu, un peu de Huysmans, un peu de Lewis Carroll, un peu de Proust, un peu d’Alain Fournier, de l’art abstrait et de la bande dessinée et le langage correspondant.
Ce n’est pas un roman, c’est un fil conducteur qui s’emmêle dans les dates, de la mort à la mort, la vie qui s’écoule et qu’il faut bien mener. Les pistes, jamais brouillées, la balle des centaines de fois lancée non pour rebondir mais, comme dans les contes russes atteindre l’endroit où l’usure mènera.
Cette histoire d’une vie qui coule, sans préméditation, sans rien faire, cette vie d’homme qui suit son cours, comme on le dit d’une maladie, sans jamais prendre parti, sans s’encombrer. On suit toute cette vie qui n’est rien, pas une somme mais bien plutôt des retraits, des soustractions, des restrictions. On est surpris, irrité parfois, plus souvent qu’à son tour par certains mots maniérés plombant parfois de très belles phrases qui tombent alors à plat, affadies.