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Les Livres

Vice, Hervé Guibert

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 10 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Récits, Gallimard

. Ecrivain(s): Hervé Guibert Edition: Gallimard

 

 

Vice occupe une place particulière dans l’économie générale de l’œuvre d’Hervé Guibert. Publié pour la première fois en 1991 aux Editions Jacques Bertoin, il a été écrit à la fin des années 1970, peu de temps après La Mort propagande, son premier livre. Il est aussi contemporain de Suzanne et Louise, le roman-photo que l’écrivain consacra à ses deux grand-tantes.

En ce sens, comme le remarque justement Thomas Simonet dans sa note préliminaire, il témoigne des « préoccupations d’écrivain et de photographe de l’auteur à cette période ».

L’ouvrage est constitué de trois parties.

Chef-d'oeuvre, Christian Lollike

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 09 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Théâtre

Chef-d’œuvre, traduction du danois Catherine-Lise Dubost, Editions Théâtrales, collection Traits d’Union, 2008, 36 pages, 9 € (chez le même éditeur : Service suicide ; Histoire à venir) . Ecrivain(s): Christian Lollike

 

WTC 9/11 ou peut-on encore faire du théâtre ?

 

Chef-d’œuvre est une œuvre coup de poing. Son auteur revendique l’influence du philosophe slovène Zizek, auteur de Bienvenue dans le désert du réel, ouvrage dans lequel il s’interroge sur la dimension spectaculaire de l’événement universellement médiatisé. Elle peut révolter, ébranler les convictions des lecteurs et des spectateurs, elle dérange les bonnes consciences.

Comme souvent chez Lollike, les personnages n’existent plus. Il se sert des lettres de l’alphabet de A à Z pour identifier l’entrée des voix. La première partie du texte convoque les voix de A à D. Il s’agit des positions de débatteurs autour de la question des spectacles qu’offre notre monde, spectacles de terreur, spectacle de téléréalité ; de toute façon tout est performance.

Washington noir (Georges Pelecanos présente)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 07 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Nouvelles, Asphalte éditions

Washington noir, trad. USA par Sébastien Doubinsky février 2013, 280 p. 21 € . Ecrivain(s): George Pelecanos Edition: Asphalte éditions

 

Asphalte continue son tour du monde des grandes cités, versant noir. Aux USA, on savait pour Chicago bien sûr, pour NY, pour San Francisco et Los Angeles. La littérature policière, avec pour guides Chandler, Himes, Ellroy et combien d’autres, nous a conduits régulièrement dans ces antres du crime et de la violence urbaine. Pour Washington ça se sait moins : on imagine, de loin, une ville administrative, froide, à vastes espaces, bourgeoise.

Dès la préface, George Pelecanos nous révèle le Washington réel, celui que vivent ses habitants.

« Washington D.C. est la ville américaine où les différences de classe, de race et de culture sont les plus évidentes. Et les conflits ne se cachent pas sous la surface – l’expérience américaine est disséquée, discutée, vécue chaque jour, comme un poing dans la gueule. »

Nous voilà prévenus. Mais pas au point qu’on imagine ! Les nouvelles de ce recueil sont autant de coups de poing qui vont nous laisser sonnés. Il faut dire que le genre – la nouvelle noire – s’y prête particulièrement avec sa capacité de concentration des tensions, des conflits, des complexités les plus torves de l’âme humaine. Et le choix de Pelecanos est singulièrement sombre et détonnant.

Une année sabbatique, Alain Gerber

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 07 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Editions de Fallois

Une année sabbatique, 2013, 299 pages, 20 € . Ecrivain(s): Alain Gerber Edition: Editions de Fallois

 

 

En matière de mythologie moderne, les comptes sont vite faits : il y a le cinéma de Quentin Tarantino, il y a les yeux toujours recommencés des filles, et il y a le jazz. On y joue plus vite que son ombre, on s’y perd comme on vendrait son âme, on s’y shoote plus souvent qu’à son tour, et jusqu’à toucher parfois les hauteurs inaperçues qui ressemblent à des gouffres.

C’est là la sale affaire de Sunny Matthews, immense saxophoniste incapable pour autant de se hisser au niveau de son maître, le Bleu. Etre le Bleu ou rien ? Alors ce sera rien, sagesse de l’abstinence. Ou tout, plutôt que de végéter dans cette insupportable seconde zone de gloriole facile et de poudre aux yeux, que la lucidité rend médiocre et que la drogue ni le sexe ne rachète. Sunny flirte avec les lois, abandonne son sax sous le lit, s’essaie sans y croire à une cure de désintoxication où il s’entiche bêtement de celle qu’il ne faut pas. Puis se jette dans la boxe, littéralement à corps perdu, en un violent combat de nègre face aux chiens à culs blancs qui est l’immense métaphore de cette musique elle-même colonisée…

Légèrement seul, Daniel de Roulet

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 06 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Phébus

Légèrement seul, Sur les traces de Gall, avril 2013, 12 € . Ecrivain(s): Daniel de Roulet Edition: Phébus

 

Ce qui fascine Daniel de Roulet c’est l’écoulement du temps. « J’aime me mettre dans la position d’un ancien (…) essayer de retrouver ce qu’il voyait pour le mettre en rapport avec ce que je vois ». Que pouvaient bien voir, dire, penser, des moines partis d’Irlande quatorze siècles plus tôt ? Et qu’est-ce qui a bien pu les décider à traverser l’Europe et fonder des monastères ? Pour le savoir, rendez-vous à Saint-Coulomb, à 9h15… « La plage où Gall et une dizaine de moines sont censés avoir débarqué ».

Daniel de Roulet est un marcheur solitaire, on le savait déjà. « Je marche sur des routes qui relient un point à un autre, c’est obstiné, je sais. Ni promeneur ni randonneur. Ça me vient de la course à pied ». Il le confirme ici, avec de longues journées de marche et de solitude. Et des soirées, aussi. Comme ici dans « le seul restaurant ouvert ce soir : un turc où j’arrose mon kebab de calvados ». Mais ces moments de solitude, en marchant ou à l’étape, sont propices à l’émergence, à l’affleurement de souvenirs et réflexions. Sur le voyage, par exemple. Gall ne voyageait pas avec une carte de crédit, le « nécessaire » du voyageur d’aujourd’hui par rapport au pèlerin de VIe siècle, qui emportait « l’essentiel » – en fait souvent tout ce qu’il possédait – : quelques livres et des vêtements. « Pèlerins du XXIe siècle, nous sommes des imposteurs, ce que nous appelons l’essentiel n’est que le nécessaire ».