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Les Livres

Les plages du silence, Serge Mestre

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 18 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Sabine Wespieser

Les Plages du silence, mai 2013, 160 pages, 18 € . Ecrivain(s): Serge Mestre Edition: Sabine Wespieser

 

 

La douleur est-elle un moteur essentiel de la mémoire ? La première contribue, d’une manière décisive, à asseoir la seconde dans les consciences des individus. C’est à cette démonstration que nous convie Serge Mestre dans son roman intitulé Les Plages du silence, roman écrit en 1991, et réécrit récemment chez un autre éditeur, Sabine Wespieser. Le récit, articulé autour de quatre lieux essentiels – Argelès-sur-Mer, Paris, Barcelone, Porto Christo –, est centré sur le personnage de Manu, militant trotskyste du POUM (1), réfugié, comme beaucoup de ses camarades de combat, en France en 1939. Son fils, qui porte le même prénom, part à la recherche du passé de son père, il creuse dans le sable, par exemple celui de la plage d’Argelès. On apprend, ou on nous rappelle – c’est selon – que ce lieu de villégiature a servi de camp d’internement pour les réfugiés : « On devait affronter les baraques insalubres, l’allée principale du camp. La rigueur de février gerçait la peau, crevassait la poitrine, creusait la terre. On avait profondément froid au cœur. On savait qu’on ne retournerait jamais en Espagne ».

Les violents de l'automne, Philippe Georget

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Samedi, 18 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman, Jigal

Les violents de l’automne, mai 2012, 344 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Philippe Georget Edition: Jigal

 

Ce n’est sans doute pas un hasard si Philippe Georget a choisi dans son dernier roman Les violents de l’automne, paru en 2012 aux éditions Jigal, et dont l’intrigue se déroule à Perpignan, de décrire en toile de fond la vie des rapatriés d’Algérie, leurs luttes pour sauvegarder intacte la mémoire de leurs morts, leur nostalgie d’une terre qu’ils sacralisent, leurs rancœurs parfois et leurs désillusions, souvent.

L’année 2012, cinquantième anniversaire de l’accession à l’indépendance de l’Algérie, est aussi l’année où cette ville forte à dix pour cent d’une population ayant des origines pieds-noirs s’apprête à inaugurer Le Centre de documentation des Français d’Algérie, après avoir inauguré en 2003 la stèle aux fusillés et combattants morts pour l’Algérie française, à l’initiative de l’Association de Défense des Intérêts Moraux et Matériels des Anciens Détenus et Exilés politiques de l’Algérie française, et érigé en 2007 le mur des disparus, financé par des fonds privés.

Dans ce roman policier enraciné dans le Languedoc-Roussillon, Gilles Sebag est un lieutenant de police intuitif, à l’excellente renommée, époux parfois inquiet de la fidélité de sa femme et bon père de famille, mais qui a perdu de sa foi en sa profession.

Triptyque lybien, Alessandro Spina

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 17 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, L'Âge d'Homme, Italie, Histoire

Triptyque Libyen, traduit de l’Italien par Gérard Genot, 2013, 262 pages, 19 € . Ecrivain(s): Alessandro Spina Edition: L'Âge d'Homme

 

 

Une fresque historique en trois panneaux

 

Triptyque Libyen est un récit composé de trois nouvelles. La première est la plus longue. Elle s’intitule Le jeune maronite. Elle constitue en quelque sorte la trame principale du récit. Il s’agit de l’histoire d’un jeune arabe chrétien et les péripéties de sa vie, pris dans le tourbillon de l’histoire libyenne ainsi que ses rencontres avec des personnages secondaires qui tissent et impulsent une dynamique à l’histoire. Les deux nouvelles suivantes, Les noces d’Omar et Le visiteur nocturne, mettent l’accent non seulement sur le regard occidental et en particulier italien sur les autochtones pendant la période coloniale, mais aussi sur les tensions et crispations de la part des libyens en réaction à l’administration coloniale et ses répressions.

La première chose qu’on regarde, Grégoire Delacourt

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 17 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jean-Claude Lattès

La première chose qu'on regarde, mars 2013, 264 pages, 17 € . Ecrivain(s): Grégoire Delacourt Edition: Jean-Claude Lattès

 

« Arthur Dreyfuss aimait les gros seins ». C’est par cette phrase déclarative et définitive que commence le roman, présentation on ne peut plus directe du personnage principal et du trait essentiel de son caractère.

Son attirance, depuis toujours, pour cette partie de l’anatomie féminine, « la première chose qu’on regarde », n’empêche pas Arthur de mener une scolarité normale, et de devenir bon mécanicien chez le garagiste Payen, après une enfance marquée par de terribles épreuves : la mort de sa sœur Noiya dévorée par le chien du voisin, l’absence de son père parti quelque temps après dans la forêt pour n’en plus jamais revenir, et la dégénérescence éthylique de sa mère jamais remise de la mort atroce de Noiya et de la disparition consécutive de son mari.

« Arthur Dreyfuss aimait les gros seins ».

Stefan Zweig en La Pléiade Gallimard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Mai 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Nouvelles, Récits, La Pléiade Gallimard

Stefan Zweig, Romans, nouvelles et récits. Avril 2013. 2 tomes. Prix de lancement 116 € (130 € après le 31 août 2013) . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: La Pléiade Gallimard

 

L’arrivée en La Pléiade d’une œuvre est en soi, toujours, un événement. Pour le lecteur français, francophone, c’est une sorte de consécration éditoriale suprême d’un auteur et de ses œuvres. La publication de Stefan Zweig constitue donc un événement, et à plus d’un titre. Toute l’œuvre est là, bien sûr, mais aussi et surtout, dans son cas, la dernière demeure en fin de compte de celui qui n’en avait plus vraiment depuis l’exil et qui, en choisissant la disparition physique, disait au monde que son œuvre était son dernier refuge. Ecoutons à ce propos Jean-Pierre Lefebvre dans sa superbe préface :

« Il n’avait pas déserté le monde, (…) Il avait seulement fait « sécession », lui aussi. Non pas dans la rumeur dorée d’une architecture nouvelle fortement imprégnée de ses héritages, ni dans un repli religieux, mais dans le jardin d’un monde de demain, pour mettre un terme à la fuite infinie, et se replier avec armes et bagages dans la seule vie de ce qu’il avait écrit. »