Roman charpenté, classique, à l’ancienne, comme on dirait en ébénisterie ; personnages forts, notamment féminins, cousus, dessus, dessous, solides comme la vraie vie ; odeurs de paysages qui en imposent presque naturellement : campagnes limousines, ou, espaces américains. Normal ; on est là, dans un livre signé Soumy. La qualité sans le battage.
Ce roman-là porte la marque des autres – c’est le propre d’une écriture, et d’un univers, et avance – c’est la marque d’un imaginaire vivant.
Un titre qui bat comme un cœur occupant tout l’espace sonore : « le silence », décliné en une partition complexe et pour ainsi dire infinie : silence qui accompagne le deuil de Jessica, l’américaine, devant le suicide de son mari, qu’elle appelait Alexandre ; silence du passé caché de celui-ci – quelle histoire ! Silence devant les fils, et notamment, Lewis, l’enfant autiste. Silence des recherches, des chagrins, des doutes, qui font un bruit d’enfer – mais qui est ce mari ? Ce qui résonne en chacun d’entre nous ; après le départ, sait-on jamais tout de celui qui est parti ? Assourdissant silence qui, peu à peu, monte, comme en certains concerts, en notes insoutenables, puis, decrescendo, s’apaise.