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Les Livres

Parlez-moi d'Anne Frank, Nathan Englander

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Nouvelles, Plon

Parlez-moi d’Anne Frank, trad. USA Elisabeth Peellaert mars 2013, 206 p. 21 € . Ecrivain(s): Nathan Englander Edition: Plon

 

Ce recueil de nouvelles s’ouvre par celle qui donne son titre au livre : « Parlez-moi d’Anne Frank ». Curieusement, c’est loin d’être la meilleure et ne vous découragez pas à sa lecture, la suite est beaucoup plus intéressante.

Nathan Englander est dans son univers habituel : les familles juives, américaines ou israéliennes. Les histoires qu’il raconte ici se situent aussi bien dans l’actualité que dans un passé récent, pour être plus précis depuis l’après-guerre, l’après-Shoah. Et c’est bien la Shoah qui est le thème obsédant de ces nouvelles, obsédant comme dans l’esprit et la psychologie des personnages d’Englander – d’Englander lui-même. Américains de la post Guerre mondiale ou Israéliens depuis la même époque, les personnages de ces histoires n’ont pas d’autre moteur à leur rapport au monde que le souvenir – même indirect – de la Shoah. Au point que la terreur de la disparition puisse tordre jusqu’à la perception du réel, jusqu‘à l’absurde :

Australia Underground, Andrew McGahan

Ecrit par Yann Suty , le Jeudi, 25 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, Science-fiction, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Australia Underground, traduit de l’anglais (Australie) par Laurent Bury (2006), Babel Noir, 370 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Andrew McGahan Edition: Babel (Actes Sud)

 

Une dystopie. Après le 11 septembre 2001, l’Australie a elle aussi été profondément bouleversée. Un attentat à la bombe atomique a rayé de la carte la capitale, Canberra. Dans la foulée, le gouvernement a fait alliance avec les Etats-Unis. L’état d’urgence a été déclaré. Un état quasiment totalitaire a été mis en place. Tout le pays est sous contrôle, quadrillé par les milices et les militaires. Les musulmans ont été persécutés. Les libertés sont bafouées. Mais, ainsi que l’explique le gouvernement, c’est pour le bien du plus grand nombre…

L’Australie d’Andrew McGahan pourrait presque exister en vrai. L’auteur ne fait finalement qu’exagérer certains éléments. C’est l’Australie. Ça pourrait tout aussi bien être les Etats-Unis. Ça pourrait aussi être la France. Ça pourrait être le futur qui s’annonce très prochainement. Tout a l’air tellement si familier…

Au début du roman, Leo James, un promoteur véreux se retrouve au beau milieu d’un cyclone qui ravage le Queensland. Les éléments se déchaînent. Cette fois, il se dit qu’il ne va pas pouvoir s’échapper. Lui qui a toujours trouvé de quoi se sortir de toutes les situations entrevoit clairement la fin…

Aurais-je été résistant ou bourreau ? Pierre Bayard

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 24 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Les éditions de Minuit

Aurais-je été résistant ou bourreau ?, 2013, 158 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pierre Bayard Edition: Les éditions de Minuit

Le champ des possibles


Pendant longtemps, on a fait des bourreaux de véritables monstres, c’est-à-dire des personnes « hors-normes » n’ayant aucun rapport avec les hommes et femmes « normaux » que nous prétendons être. On a dit d’eux qu’ils étaient des « malades », des « fous »… Il y avait dans cette attitude une commodité hypocrite qui permettait à chacun d’entre nous de se distancier, de se rassurer et par là de ne pas interroger la réelle nature du mal.

Robert Merle, dans La Mort est mon métier (1972), et plus récemment Jonathan Littell dans Les Bienveillantes (2006), ont révélé par l’écriture romanesque ce qui amenait un homme – et non pas un monstre, ou alors un monstre a posteriori – à commettre des actes monstrueux. Dans le présent essai, Pierre Bayard va encore plus loin. Il ne s’agit plus de tenter de mettre à jour, par le roman, ce qui conduit à l’innommable mais de se projeter soi-même par l’intermédiaire d’une fiction théorique durant la Seconde Guerre mondiale afin de savoir de quel côté l’auteur se serait trouvé en de pareilles circonstances : résistant ou bourreau ? Héros ou criminel ? Et s’interrogeant, il nous interroge…

Juliette ou le chemin des immortelles, Tristan Cabral

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 23 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Le Cherche-Midi

Juliette ou le chemin des immortelles, Couverture Laetitia Queste, janvier 2013, 108 p. 13 € . Ecrivain(s): Tristan Cabral Edition: Le Cherche-Midi

 

Une lecture est une aventure personnelle, sinon « à quoi bon ? »

Michel Host

 

Sur la couverture de ce récit, une photo que l’on reconnaît pour l’avoir déjà vue à l’occasion d’articles et de livres sur l’Épuration. Elle fut prise à Montélimar, dans la Drôme, le 29 août 1944. Photo émouvante, attristante, cruelle, et d’une certaine façon répugnante. Une jeune femme belle, élégante en sa robe d’été, et qui durant l’Occupation « fréquenta » des soldats allemands, est tondue en pleine rue. C’est son châtiment : humiliation publique, défiguration. Certes, ailleurs peut-être on l’eût massacrée. Répugnante pourtant cette vision de mains expertes – des mains de coiffeur, semble-t-il –, s’activant sur la tête de cette femme, une autre main lui tenant le menton levé…

On s'embrasse pas ? Michel Monnereau

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 22 Avril 2013. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, J'ai lu (Flammarion)

On s’embrasse pas ?, février 2013, 191 pages, 5 € . Ecrivain(s): Michel Monnereau Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Familles, je vous hais !

Le cri de Gide ne peut pas ne pas venir à l’esprit de qui pénètre en cet âpre roman !

Le narrateur, Bernard, revient dans la maison natale, dans un hameau de la France profonde, où, adolescent, il étouffait, d’où il est parti, quinze ans plus tôt, pour respirer, pour changer d’air, quasiment sans adieu, sans se retourner, laissant derrière lui désemparés puis désespérés son père, sa mère, et sa sœur.

Bernard revient après avoir roulé, sans but, dans l’esprit du mouvement hippie, sans s’être jamais arrêté nulle part, en ayant évité toute dérogation à la règle qu’il s’était fixée de n’accepter aucune contrainte, en ayant repoussé toute compromission avec le contrat travail-consommation du système capitaliste, « refusant d’être l’écureuil captif qui fait tourner l’économie ».