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La Une Livres

Au-dessus de la mêlée, Romain Rolland

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 11 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Petite bibliothèque Payot

Au-dessus de la mêlée, 215 pages, 8,15 € . Ecrivain(s): Romain Rolland Edition: Petite bibliothèque Payot

 

Qui est Romain Rolland ? Un écrivain du début de ce vingtième siècle, auteur de nombreuses biographies, ami de Charles Péguy et de Stefan Zweig. Il était aussi, pour notre plus grand bonheur, un pacifiste acharné, et un amoureux de la civilisation. Dans cet ouvrage intitulé Au-dessus de la mêlée, titre de l’un des articles et manifestes parus durant les années 1914 et 1915 dans la presse suisse, Romain Rolland nous invite à accomplir des démarches périlleuses, à emprunter des voies difficiles et étroites. Que nous dit ce polémiste, au bon sens du terme ? Qu’une guerre, loin d’être la résurrection appelée de leurs vœux par tous les bellicistes, est un désastre pour tous les belligérants : Romain Rolland se fait l’écho de la prise de position de Stefan Zweig : « Le désastre de la France serait aussi un désastre pour les penseurs libres d’Allemagne ».

Cette volonté de se situer, dès les débuts de la Grande Guerre, au-dessus de la mêlée, incite Romain Rolland à la formulation de diagnostics précurseurs à plus d’un titre : ainsi, le nationalisme exacerbé est-il stigmatisé quelle que soit son origine, sa justification ultime : « Chaque peuple a, plus ou moins son impérialisme (…) Il est la pieuvre qui suce le meilleur sang de l’Europe. Contre lui, reprenons, hommes libres de tous les pays, dès que la guerre sera finie, la devise de Voltaire : Ecrasons l’infâme ! »

La Guerre secrète, Guénane

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 11 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

La Guerre secrète, Apogée, octobre 2011, 123 pages, 15 € . Ecrivain(s): Guénane

 

Elle s’appelle Lucie, elle est jeune, belle et pleine de vie. Il s’appelle Émilien, il est jeune, beau et il joue merveilleusement bien de la mandoline. Ils sont tous deux orphelins, fous amoureux et veulent se marier. Seulement voilà, Émilien est malade.

« Elle le savait atteint par le bacille honteux. Ses proches la mettaient en garde, avec plus ou moins de franchise ou d’élégance, mais tous lui faisaient le même grief : on n’épouse pas quelqu’un qui va mourir ; un mariage, c’est d’abord de l’espoir ».

Mais l’amour rend immortel et rien ne pouvait détourner les tourtereaux de leur rêve d’union.

« Veux-tu toujours t’envoler avec moi, même si l’arrêt est brutal ?

(…)

Oui, Émilien, avec toi j’irai même en enfer ».

Vice, Hervé Guibert

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 10 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie, Récits, Gallimard

. Ecrivain(s): Hervé Guibert Edition: Gallimard

 

 

Vice occupe une place particulière dans l’économie générale de l’œuvre d’Hervé Guibert. Publié pour la première fois en 1991 aux Editions Jacques Bertoin, il a été écrit à la fin des années 1970, peu de temps après La Mort propagande, son premier livre. Il est aussi contemporain de Suzanne et Louise, le roman-photo que l’écrivain consacra à ses deux grand-tantes.

En ce sens, comme le remarque justement Thomas Simonet dans sa note préliminaire, il témoigne des « préoccupations d’écrivain et de photographe de l’auteur à cette période ».

L’ouvrage est constitué de trois parties.

Chef-d'oeuvre, Christian Lollike

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 09 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays nordiques, Théâtre

Chef-d’œuvre, traduction du danois Catherine-Lise Dubost, Editions Théâtrales, collection Traits d’Union, 2008, 36 pages, 9 € (chez le même éditeur : Service suicide ; Histoire à venir) . Ecrivain(s): Christian Lollike

 

WTC 9/11 ou peut-on encore faire du théâtre ?

 

Chef-d’œuvre est une œuvre coup de poing. Son auteur revendique l’influence du philosophe slovène Zizek, auteur de Bienvenue dans le désert du réel, ouvrage dans lequel il s’interroge sur la dimension spectaculaire de l’événement universellement médiatisé. Elle peut révolter, ébranler les convictions des lecteurs et des spectateurs, elle dérange les bonnes consciences.

Comme souvent chez Lollike, les personnages n’existent plus. Il se sert des lettres de l’alphabet de A à Z pour identifier l’entrée des voix. La première partie du texte convoque les voix de A à D. Il s’agit des positions de débatteurs autour de la question des spectacles qu’offre notre monde, spectacles de terreur, spectacle de téléréalité ; de toute façon tout est performance.

Washington noir (Georges Pelecanos présente)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 07 Mai 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Polars, USA, Nouvelles, Asphalte éditions

Washington noir, trad. USA par Sébastien Doubinsky février 2013, 280 p. 21 € . Ecrivain(s): George Pelecanos Edition: Asphalte éditions

 

Asphalte continue son tour du monde des grandes cités, versant noir. Aux USA, on savait pour Chicago bien sûr, pour NY, pour San Francisco et Los Angeles. La littérature policière, avec pour guides Chandler, Himes, Ellroy et combien d’autres, nous a conduits régulièrement dans ces antres du crime et de la violence urbaine. Pour Washington ça se sait moins : on imagine, de loin, une ville administrative, froide, à vastes espaces, bourgeoise.

Dès la préface, George Pelecanos nous révèle le Washington réel, celui que vivent ses habitants.

« Washington D.C. est la ville américaine où les différences de classe, de race et de culture sont les plus évidentes. Et les conflits ne se cachent pas sous la surface – l’expérience américaine est disséquée, discutée, vécue chaque jour, comme un poing dans la gueule. »

Nous voilà prévenus. Mais pas au point qu’on imagine ! Les nouvelles de ce recueil sont autant de coups de poing qui vont nous laisser sonnés. Il faut dire que le genre – la nouvelle noire – s’y prête particulièrement avec sa capacité de concentration des tensions, des conflits, des complexités les plus torves de l’âme humaine. Et le choix de Pelecanos est singulièrement sombre et détonnant.