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La Une CED

Driss Chraïbi, un esprit libre et libertaire, par Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 18 Janvier 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Triste constat. En ce dixième anniversaire de la disparition de Driss Chraïbi, l’écrivain rebelle n’aura eu aucun hommage à la hauteur de son œuvre planétaire. Le Salon du Livre de Paris, où le Maroc était l’invité d’honneur, a été une belle opportunité historique, piteusement gâchée par l’incompétence des organisateurs. Quelques colloques universitaires, marqués par leur élitiste confidentialité, au lieu d’amender cette pensée vivante, de fertiliser ses possibles inexplorés, de la propulser dans son devenir fécondateur, l’ont fossilisée dans la nébulosité des sempiternelles casuistiques. L’irrécupérable intelligence bute toujours sur l’indigente fanfaronnade culturelle. Je m’attendais, dans son propre pays, à une célébration institutionnelle qui l’aurait définitivement consacré comme inamovible bannière des lettres marocaines, comme inextinguible chandelle pour les générations futures. J’escomptais une initiative audacieuse d’édition de ses œuvres complètes enrichissant pour toujours les bibliothèques référentielles. Ses livres régénérateurs de la langue matricielle et de la littérature diverselle demeurent largement méconnus dans leur argile première. S’estompent encore une fois dans l’ambiante équivocité les inaltérables lumières.

Le journal de MCDem (5), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 18 Janvier 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Vendredi 24 novembre

La transformation de l’activité lectorale en expérience auditive, Guillaume Basquin, fondateur des Éditions Tinbad avec Christelle Mercier, en a signalé la mesure déterminante dans l’appréciation d’une écriture. La parole littéraire en général, la parole poétique en particulier, se donnent à entendre via le canal auriculaire et l’on imagine que tout lecteur doué de l’oreille dite absolue possède le sésame pour un plaisir inégalable. Ceci pour Quignard, ceci pour Basquin. Tous deux d’ailleurs aiment à écouter la musique baroque, dans laquelle les termes s’entrechoquent, où chaque note se révèle nécessaire, avenante. Sans doute y trouvent-ils cette tonicité, cette finesse spirituelle qu’une musique par ailleurs perçue comme plus remuante, comme plus dynamisante/grisante, n’apporte peut-être pas autant qu’elle, en réalité.

« Pour bien écrire, il faut avoir l’oreille musicale, savoir écouter et s’écouter chanter, même en silence », écrit Guillaume Basquin. « L’œil écoute » – l’expression claudélienne constitue davantage une évidence qu’une figure de style.

Triste Papou, Marie-Pierre Fiorentino

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 18 Janvier 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Est-ce mon imagination ou bien son regard parcourant la salle est-il réellement triste ? La projection du documentaire L’exploration inversée (2007) est terminée. Elle a été interrompue par un simulacre d’entracte, quelques minutes pendant lesquelles il a réitéré sa plaisanterie introductive. Il sait que nous, les Blancs, sommes toujours pressés ; alors il ne veut pas nous faire perdre trop de notre précieux temps. Ce sera une rencontre brève.

La rencontre est le thème de cette conférence à laquelle notre hiérarchie nous convie sur nos heures de travail. Nous voilà donc 150 environ, pour le rencontrer lui, le Papou.

Comment l’appeler autrement, en mon for intérieur, quand son nom a été prononcé trop vite pour mes oreilles inaccoutumées à sa langue ? Le soir, je le chercherai pour l’écrire sans l’estropier : Mundiya Kepanga.

Etre, René Belletto, par Jean-Paul Gavard Perret

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 17 Janvier 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Etre, René Belletto, P.O.L, janvier 2018, 288 pages, 18 €

 

René Belletto poursuit son avancée dans un travail de la neutralité de la fiction dont Le Livre donnait déjà une bonne idée. Il s’agissait déjà d’envoyer le lecteur dans un jeu où le plus de précision et de vérité possible s’ouvrait tout en feignant d’ignorer certains piliers de la narration « classique » – ce qui permet paradoxalement de rendre la fiction plus forte.

Il en va de même avec Etre dont le terme générique remplace dans l’esprit de l’auteur celui de « Héros et narrateur de l’aventure ». D’autant que les aventures elles-mêmes ne se veulent pas « de ces prestigieuses aventures de jadis, ni de ces aventures sans lendemain errant à jamais entre les murs du désespoir ». Le livre caresse en effet une autre ambition : celle d’une fiction où l’auteur aurait voulu régner « au cœur d’une aventure sans aujourd’hui, comme si le grand livre du Destin avait brûlé dans l’incendie de quelque bibliothèque ».

Apprendre à vivre sous l’eau, Mémoires de violon, Ami Flammer, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 16 Janvier 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

Apprendre à vivre sous l’eau, Mémoires de violon, Ami Flammer, Christian Bourgois, 2016, 230 pages, 14 €

 

« La musique n’est pas abstraite, elle est signifiante, autant qu’un poème ou qu’une peinture ; il faut savoir la faire parler et oser la faire parler ».

« Cette histoire commence, comme souvent dans les blagues juives, par Dieu qui annonce la fin du monde, consterné par l’une de ses plus importantes créations, qui ne sait pas faire autre chose que se vautrer dans la violence, la haine et la méchanceté ».

Ami Flammer, pp. 228 et 231

 

Vivre est le chemin

Qu’importe que la publication remonte à une année. Il n’est pas de date de péremption pour les livres, et d’autant moins s’ils sont porteurs de vérités et de sens. C’est bien le cas de ce récit autobiographique du violoniste Ami Flammer.