Corps-objet ou corps-vécu, corps matière mais corps animé dérivant dans la ville ou immobiles, François Bon rêve le corps, ou plutôt les corps, et en grand lecteur de Kafka ou Michaux, nous propose une sorte de monde aux portes du nôtre dans Fictions du corps magnifiquement illustré par Philippe Cognée, aux Editions L’Atelier contemporain.
C’est un corps fantasmé ou né du rêve, peut-être celui de sa fréquentation des textes fantastiques aussi, que ces fictions, textes d’une ou deux pages maximum, racontent. Au nombre de 48 dont 7 appartiennent au prestidigitateur, pour dire l’étrange, et même oserais-je, l’inquiétante étrangeté de nos corps éphémères et protéiformes, tant ces fictions nous sont familières dans l’absurde jusqu’à l’angoisse qu’elles génèrent.
Des corps mouvants, au sens physique et métaphysique, des portraits décalés, miroirs à peine déformés de nos propres corporéités.
Fragmentés, jetables, inutiles, dissociés de la pensée, magiciens, qui rêvent souvent, corps vigiles ou gardiens, hommes-tout, hommes-rien, discrets voire invisibles dans ces lieux sans hommes et, que dire alors de ceux-là ?