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L'Atelier Contemporain

L’Epine blanche, Jacques Moulin (par Nathalie de Courson)

Ecrit par Nathalie de Courson , le Jeudi, 18 Octobre 2018. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres

L’Epine blanche, septembre 2018, lecture de Michaël Glück, dessins de Géraldine Trubert, 111 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jacques Moulin Edition: L'Atelier Contemporain

 

« L’épine blanche » (spina alba), autre nom de l’aubépine, c’est d’abord la plante qui représente la mère à laquelle le livre est consacré, mère morte également nommée tout au long du livre par une lettre D pour Denise, première lettre aussi des mots « décès » et « deuil ».

L’aubépine buissonnante ou épineuse. L’arbrisseau qui s’élève à tiges rameuses. D est seule à sa fenêtre face à la mer – sa prairie permanente. Spina alba. D la Blanche. La dame d’albâtre en ses falaises (p.75-76).

La mère « d’albâtre » aux cheveux blancs, les falaises crayeuses de Normandie, et en écho lointain les « pays calcaires sans littoral », région du Jura où son fils unique a élu domicile, enveloppent le texte dans un blanc sépulcral que mettent en valeur la couverture des belles éditions de L’Atelier contemporain et les paysages en gris-bleu et blanc des sobres dessins de Géraldine Trubert.

Deuil discipline d’écriture et devoir de notation. Le fils veut noter. Consigner l’essentiel avec des stop télégraphiques (p.14).

Journal, 1908-1943, Käthe Kollwitz

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 22 Mars 2018. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Journal, 1908-1943, Käthe Kollwitz, mars 2018, 310 pages, 25 € . Ecrivain(s): Käthe Kollwitz Edition: L'Atelier Contemporain

 

Käthe Kollwitz l’irréductible

A peine âgée de seize ans et lorsqu’elle dessine des ouvriers – inspirés par des poèmes entendus lors de ses dérives dans les quartiers déshérités de Königsberg – et que ses parents lui demandent plutôt de créer de « beaux sujets » de dessin, elle leur répond : « Mais ils sont beaux ». Elle demeurera toujours dans une telle thématique, confirmée par sa lecture du pamphlet de Max Klinger en faveur du dessin, Peinture et Dessin.

Pour la jeune artiste l’art est une arme. Et Käthe Kollwitz n’a cessé de lutter. Elle fut par exemple membre de l’organisation artistique de Berlin, elle travaillait aussi pour l’association internationale d’aide aux travailleurs (IAH) et fut néanmoins la première femme à faire partie, en 1919, de l’Académie des arts prussienne. Elle n’appartenait à aucun parti mais se considérait elle-même comme socialiste.

De face, de profil, de dos, George Besson, Henri Matisse

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 05 Mars 2018. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

De face, de profil, de dos, George Besson, Henri Matisse, février 2018, 296 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Matisse tel qu’en lui-même


Oublié aujourd’hui, George Besson (1882–1971) fut une éminence grise de l’art eu égard à sa position officielle à partir de 1947 aux Lettres Françaises où il tint la tribune artistique. Fidèle au réalisme socialiste et au PCF stalinien, il défendit un art qu’il connut autour de 25 ans au moment où il rencontre Signac, Marquet, Bonnard, Van Dongen, Marquet et Matisse. Avec Francis Jourdain, il fonde en 1912 Les Cahiers d’aujourd’hui. S’y retrouvent les signatures de Léon Werth, Octave Mirbeau, Elie Faure, Emile Verhaeren, Jules romain, Valéry Larbaud, Colette et des dessins de Bonnard, Vuillard, Albert André, Matisse, Marquet, Renoir, Rodin, Signac.

Le geste du regard, Renaud Ego

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 20 Avril 2017. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Le geste du regard, mars 2017, 104 pages, 20 € . Ecrivain(s): Renaud Ego Edition: L'Atelier Contemporain

 

Il est parfois difficile de restituer le goût d’un livre à travers quelques propos dialectiques, par exemple. Ce qui est beau est compris universellement sans concept comme on le sait depuis Kant. Et, avec le très beau livre de Renaud Ego, on retrouve cette beauté, à la fois par le sujet traité et par le traitement du sujet. En effet, cette langue claire de l’ouvrage ne s’abîme pas dans le secret de l’art pariétal, mais au contraire, lui redonne une dimension supplémentaire en interrogeant la question du regard, l’acte de regarder et de saisir des images – soit ici, saisir comment l’homme est présent et quitte son habit animal.

Donc, il faut remercier Renaud Ego de nous donner à lire une étude passionnante sur le sujet de l’origine ; origine de l’homme qui se sépare de l’animal, homme de l’origine ; figures originelles, figures originaires. D’ailleurs, selon sa thèse, le début s’étire sur des millénaires de fabrication de pierres bifaces, où R. Ego imagine un au-delà de l’outil, une première forme spectaculaire de la symétrie du corps humain.

L’Enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 25 Janvier 2017. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

L’Enfant aux cerises, 2016, préface et photographies Alain Fleischer, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Baudry Edition: L'Atelier Contemporain

 

L’Atelier contemporain publie en cette fin d’année un livre très utile et beau, illustré de photographies d’Alain Fleischer. C’est L’Enfant aux cerises de Jean-Louis Baudry, livre qui permet et autorise une réflexion sur la peinture. D’ailleurs, il s’agit surtout d’un recueil de douze articles pour la presse ou pour des catalogues, qui pousse le lecteur à se pencher sur les grandes interrogations de la peinture : est-elle un art du silence ? est-elle un art du temps ? comment s’articule ce qu’elle semble dire et ce que nous en disons ? quel est l’effet de la chose peinte sur l’homme d’aujourd’hui (qui peut accéder à la peinture par des reproductions) ? comment recueille-t-on en soi cette reproduction de la vie (car pour Jean-Louis Baudry, la peinture semble d’abord être figures) ?

C’est à cette rhétorique que fait appel le livre, et – peut-être même, surtout – dans une écriture d’une délicatesse extrême, ressemblant à des pages de la littérature romanesque (je pense à Proust, dont les premiers mots de La Recherche correspondent étrangement à la première phrase de l’ouvrage de J.-L. Baudry). Oui, une littérature qui s’enroulerait autour des sentiments les plus profonds, les sentiments de l’enfance (ce qui laisse entendre comment chacun de nous a été pris à un moment ou un autre par des images peintes – pour J.-L. Baudry il s’agit d’une lithographie de L’Enfant aux cerises qui ornait sa chambre). L’enfance comme imago.