Identification

Essais

Écrire. Un caractère, Christiane Veschambre (par Nathalie de Courson)

Ecrit par Nathalie de Courson , le Jeudi, 13 Décembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Écrire. Un caractère, éd. Isabelle Sauvage, février 2018, 72 pages, 14 € . Ecrivain(s): Christiane Veschambre

Dès les premières pages, ce livre très original va droit au cœur de ceux qui aiment écrire, ou plutôt qui se sentent animés par « Écrire », devenu un nom propre sous la plume de Christiane Veschambre.

Il ne s’agit ni d’un traité pour aspirants écrivains, ni d’un art poétique. Écrire s’impose comme un être vivant, sujet grammatical de la plupart des verbes, un « caractère », avec ses traits distinctifs.

Il est, pour commencer, un sale gosse qui n’en fait qu’à sa tête :

 

Écrire ne veut pas travailler.

Écrire nous travaille.

(…) Écrire voudrait ne rien foutre, que ce qu’il a envie de faire, quand il exige de le faire. On voit bien par là que c’est un enfant. Un petit anarchiste qui ne veut d’aucune contrainte – que les siennes.

Sagesse animale, Norin Chai (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 12 Décembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Stock

Sagesse animale, mars 2018, 270 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Norin Chai Edition: Stock

Ce livre est un témoignage personnel, celui de Norin Chai, un vétérinaire ayant pas mal travaillé à l’étranger avant de devenir le vétérinaire en chef de la Ménagerie du Jardin des Plantes, ce terme de ménagerie a d’ailleurs une résonance bien obsolète et bien éloignée de la façon dont Norin Chai aborde son travail. Il voue un véritable amour aux animaux et ce n’est pas juste une façon de parler, mais bien d’un amour au sens le plus élevé du terme, ce qui lui a permis de s’ouvrir à cette sagesse animale dont il est question dans ce livre. Ce n’est pas sans rapport avec sa pratique bouddhiste : né au Cambodge, cette pratique le rapproche également de ses racines tout en nourrissant sa conviction que le vivant est sacré, sacré au sens le plus simple du terme. Ce qui est sacré provoque en nous de la joie, de l’émerveillement, de l’humilité et donc du respect, il n’y a plus de hiérarchie, la vie est la vie quelle que soit sa forme et elle ne peut qu’être respectée et protégée.

Ce témoignage d’un professionnel qui consacre sa vie à comprendre et soigner les animaux, à prendre soin de leur bien-être et pas seulement sur un plan purement physique, fait écho au Plaidoyer pour les animaux de Matthieu Ricard, qui est cité entre autres sources recensées en fin de livre, ouvrant d’autres pistes à une compréhension plus juste, plus sensible, plus intelligente et donc plus humaine – au sens le plus élevé du terme – de notre rapport aux animaux et de notre responsabilité vis-à-vis de tout le vivant, y compris donc vis-à-vis de nous-mêmes.

La Révolution Sergio Leone, Gian Luca Farinelli, Christopher Frayling (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Vendredi, 07 Décembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues, La Table Ronde

La Révolution Sergio Leone, Gian Luca Farinelli, Christopher Frayling, octobre 2018, 512 pages, 26,50 € Edition: La Table Ronde


La publication de cet ouvrage-catalogue fait écho à l’exposition « Il était une fois Sergio Leone »  qui se tient à La Cinémathèque française à Paris du 10 octobre 2018 au 28 janvier 2019. C’est d’ailleurs Frédéric Bonnaud, actuel directeur général de la Cinémathèque qui assure l’avant-propos de l’ouvrage. Il s’agit aussi de célébrer le cinquantième anniversaire de la sortie de l’un des films les plus célèbres du réalisateur italien, Il était une fois dans l’Ouestdont les images sont restées gravées dans l’esprit des spectateurs ainsi que son incroyable bande originale (cf. l’homme à l’harmonica). Christopher Frayling est un critique de cinéma britannique, spécialiste des westerns de Leone ; quant à Gian Luca Farinelli, il a dirigé la cinémathèque de Bologne et produit un documentaire sur Antonioni.

Duetto, Sylvie Payet Amélie Nothomb (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 06 Décembre 2018. , dans Essais, Les Livres, La Une Livres

 

L’intérêt de la collection Duetto est de donner carte blanche à un écrivain pour nous parler d’un autre écrivain. Le choix de Sylvie Payet – formatrice, correspondante de presse, auteur du recueil de nouvelles À fleur de peau paru en 2016, du roman Camélia rouge paru en 2017 chez L’Harmattan, de La Baie fait un somme, coécrit avec Philippe Lacoche et paru aux éditions Cadastre8Zéro en 2018 – s’est porté sur la romancière belge francophone Amélie Nothomb dont Stupeur et tremblements a réorienté sa trajectoire professionnelle.

Nous sommes en 2002, Sylvie Payet, alors « fonctionnairedans une direction d’un service déconcentré de l’État », lit Stupeur et tremblements, publié en 1999, couronné la même année du Grand Prix du Roman de l’Académie française. Un livre dans lequel Amélie Nothomb, jeune écrivain encore inconnue, raconte son expérience comme stagiaire dans l’entreprise japonaise Yumimoto (le livre sera adapté au cinéma) et dont, affirme Sylvie Payet, « la lecture bouleverse le sens de(s)a vie ». Une tranche de vie du Japon à la France s’écrit ici, deux expériences similaires se rencontrent, deux destins se croisent – rencontre concrétisée cet automne 2018 par le fruit littéraire de ce Duetto.

Conservatisme, Roger Scruton (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 04 Décembre 2018. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Albin Michel

Conservatisme, mai 2018, trad. anglais Astrid von Busekist, 234 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Roger Scruton Edition: Albin Michel

 

« Le conservateur, c’est l’homme qui accueille le donné comme une grâce et non comme un poids, qui a peur pour ce qui existe et qu’émeut toujours la patine du temps sur les êtres, les objets ou les paysages », écrit Alain Finkielkraut (Nous autres, modernes, Ellipses, 2005, p.269-270), qui ajoute un peu plus loin que le conservateur est devenu l’homme à abattre, qu’on le mette en joue depuis la gauche aussi bien que depuis la droite. Vu de la gauche, le conservateur est accusé de vouloir maintenir les privilèges et donc les injustices hérités du passé ; vu de la droite, on lui reproche de défendre les avantages acquis. Le conservateur ne sera, par exemple, pas enclin à considérer le statut des cheminots comme un archaïsme qu’il faut faire disparaître, mais comme un progrès social qu’il conviendrait d’étendre à d’autres catégories professionnelles. Surtout, le conservateur est l’ennemi absolu du bougisme, cette variante dégradée du progressisme identifiée par Pierre-André Taguieff, selon laquelle tout doit tout le temps changer et les êtes humains s’adapter au changement défini comme sa propre fin. Il ne s’agit plus de changer pour améliorer, mais de changer parce qu’il faut « bouger », réformer, être « en marche », ne pas demeurer immobile, crispé, etc. Le capitalisme consumériste y trouve son compte, qui pousse à remplacer des produits fonctionnant très bien par des produits ne présentant qu’un nombre restreint d’authentiques perfectionnements.