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Essais

Essais, Marcel Proust en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Août 2022. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Essais, Marcel Proust, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade (édition dirigée par Antoine Compagnon, Christophe Pradeau, Matthieu Vernet), avril 2022, 2064 pages, 69 € jusqu’au 31/10/2022, puis 75 € . Ecrivain(s): Marcel Proust Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Et les ouvrages d’un grand écrivain sont le seul dictionnaire où l’on puisse contrôler avec certitude le sens des expressions qu’il emploie ».

En marge des « Mélanges »

« La couleur que je préfère – La beauté n’est pas dans les couleurs, mais dans leur harmonie.

L’oiseau que je préfère – L’hirondelle »

Marcel Proust par lui-même (1893 ?)

Mais que faisait Marcel Proust, avant qu’il ne se lance dans l’édification d’À la Recherche du temps perdu, cette cathédrale du Temps romanesque ? Il écrivait, il ne cessait d’écrire ! Ce volume de la Bibliothèque de la Pléiade nous offre ses écrits, ses essais, ses courts articles, qui vont d’une façon plus ou moins secrètes irriguer son grand livre.

Nos premières fois, 30 (pré)histoires extraordinaires, Nicolas Teyssandier (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 12 Juillet 2022. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion, Histoire

Nos premières fois, 30 (pré)histoires extraordinaires, Nicolas Teyssandier, mai 2022, 240 pages, 8 € Edition: Flammarion

 

Où Nicolas Teyssandier a-t-il connu une première fois essentielle dans sa formation et son parcours de préhistorien ? La réponse se trouve à la page 132 de Nos premières fois, dans la présente réédition dans une collection de poche d’un ouvrage originellement publié en 2019 : « dans une région de grottes du sud-ouest de l’Allemagne, dans le Jura souabe », et d’expliquer : « j’ai eu la chance visiter toutes ces grottes et même d’y faire certains de mes premiers pas en recherche puisque ces sites archéologiques souabes ont servi de base documentaire à ma thèse de doctorat, au tout début des années 2000 ». Cela peut sembler anecdotique de mentionner cette « première fois », mais elle est importante car elle explique la tonalité des trente notices ici rassemblées : vive, pleine d’allant, donnant envie d’aller plus loin, d’en savoir plus, et surtout de s’intéresser à nos ancêtres – ne fût-ce que pour nous comprendre et constater que la distance, culturelle ou cognitive en particulier, entre eux et nous n’est pas si importante qu’il y paraît.

Récoltes et semailles, Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien, Alexandre Grothendieck (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 11 Juillet 2022. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Gallimard

Récoltes et semailles, Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien, Alexandre Grothendieck, Gallimard, Coll. Tel, janvier 2022, 1932 pages, 29,50 € Edition: Gallimard

 

 

Dans sa biographie (Alexandre Grothendieck, Sur les traces du dernier génie des mathématiques, Allary, 2016) alerte et bien écrite, Philippe Douroux plaçait le grand mathématicien sous l’invocation de Baudelaire (« Tout le chaos roula dans cette intelligence, / Temple autrefois vivant, plein d’ordre et d’opulence, / Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui. / Le silence et la nuit s’installèrent en lui, / Comme dans un caveau dont la clef est perdue ») et formulait un jugement peu amène sur Récoltes et semailles : « Il a jeté les mots, les a empilés sans se soucier de savoir si ces bouffées de textes aux dimensions gargantuesques, ces orgies monstrueuses de mots, restaient accessibles à un lecteur normalement outillé. Il a oublié que jamais il n’avait travaillé seul. Il avait été guidé et il guidait une cohorte de compagnons. Quand il s’enferme, il se perd » (p.241). Il est désormais possible d’en juger sur pièces.

Hot Stuff, Les Rolling Stones en 18 leçons, Milan Dargent (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 07 Juillet 2022. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Arts, Le Mot et le Reste

Hot Stuff, Les Rolling Stones en 18 leçons, Milan Dargent, mai 2022, 134 pages, 15 € Edition: Le Mot et le Reste


Ce petit ouvrage n’est pas un énième livre sur les Stones, sur lesquels tout a été dit ou presque, il y a là des réflexions qui tentent de comprendre pourquoi tant d’années après, les vieux ados adulent toujours « the greatest rock’n’roll band in the world », pourquoi aussi ce groupe est toujours là, comme hors du temps, pourquoi les « glimmer twins » fascinent encore, pourquoi…

Les réponses sont faites de rappels de certains faits, de certains gestes ou comportements des Stones, mais aussi, avec une dose d’autodérision des raisons plus personnelles que l’auteur esquisse, invoquant la façon dont les mots et les gestes des cinq gaillards entrent en résonance avec nos attentes, nos espérances, notre avidité aussi de se saisir pour un temps, (celui d’une chanson, ou simplement d’un solo, ou d’un refrain) de ce que les musiciens vivent, ne serait-ce que sur scène, puisque c’est là que tout se joue, que tout se montre, que les excellences mais aussi les carences se font jour.

Éloge de la baleine, Camille Brunel (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 04 Juillet 2022. , dans Essais, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Histoire, Rivages

Éloge de la baleine, Camille Brunel, avril 2022, 208 pages, 17 € Edition: Rivages

 

Moby Dick ne commence ni par une épître dédicatoire adressée à un maître ou à un ami de l’auteur, ni par la traditionnelle préface, où Melville expliquerait ses intentions, mais par deux sections avec lesquelles l’auteur prend ses distances, les attribuant à « un pion de collège » et à « un très obscur bibliothécaire ». La première est étymologique et vaguement linguistique, qui se réduit à douze langues (dix en réalité, puisque l’hébreu et le grec pourtant annoncés sont absents) ; la seconde consiste en un relevé (évidemment non exhaustif) de citations, allant de la Genèse aux chansons de marins que Melville avait pu entendre dans les ports américains, en passant par Rabelais, Shakespeare ou Cuvier. Ces pages érudites et borgésiennes avant l’heure rappellent le long compagnonnage de l’être humain avec les cétacés, particulièrement les plus grands d’entre eux, et la fascination qu’ils exercent (Camille Brunel ajoute dans son livre un hommage mérité à Jules Verne, p.153). Mais cette fascination à la fois est récente (il y a moins de trois siècles encore, la mer faisait peur) et n’est plus aussi « innocente » (au sens originel) que celle éprouvée par les écrivains de la Bible ou de l’Antiquité grecque, car l’humanité a fini par se rendre compte du profit économique qu’elle pouvait retirer de ces immenses créatures.