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Critiques

Le pouvoir du chien, Thomas Savage

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 01 Décembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Belfond

Le pouvoir du chien, Belfond Vintage, traduit de l’américain par Pierre Furlan, postface d’Annie Proulx, novembre 2014, 384 pages, 19,00 € . Ecrivain(s): Thomas Savage Edition: Belfond

 

Le Montana est un Etat de l’ouest des États-Unis bordé à l’est par les Grandes Plaines et à l’ouest par les Montagnes Rocheuses. Le climat est extrêmement rude particulièrement en hiver, l’isolement quasi total et les paysages si démesurés que c’est au Montana que survit encore à l’heure actuelle le mythe de l’Ouest américain. La nature omniprésente et grandiose, l’histoire de cet Etat aussi grand que la France où la découverte de gisements d’or dans les années 1850 déclencha la fameuse ruée de prospecteurs, le souvenir de la victoire des Sioux face au général Custer à la bataille de Little Big Horn, l’arrivée massive de colons, agriculteurs ou éleveurs de bétail en réponse au Homestead Act (loi de propriété fermière) de 1916, et le développement d’immenses ranchs sont autant d’éléments qui excitèrent l’imagination de nombreux écrivains aujourd’hui regroupés, à tort ou à raison selon les spécialistes, sous l’appellation de « l’école du Montana ». Une mouvance où l’on trouvera, à titre d’exemple, des auteurs comme Rick Bass (Le Ciel, les étoiles, le monde sauvage, aux éditions Christian Bourgois), Norman Maclean (La rivière du sixième jour, aux éditions Rivages poche), Jim Harrison (Légendes d’automne aux éditions 10-18) et bien entendu Thomas Savage dont le roman Le pouvoir du chien publié en 1967 est devenu avec les années une référence littéraire.

La Variation lexicale des français, Dictionnaires, bases de données, corpus, Hommage à Claude Poirier

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 28 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Editions Honoré Champion

La Variation lexicale des français, Dictionnaires, bases de données, corpus, Hommage à Claude Poirier, Annick Farina et Valeria Zotti (dir.), août 2014, 368 pages, 60 € Edition: Editions Honoré Champion

Nous tous qui nous passionnons pour la langue française, dans la « pluralité » qui en est le suc, le sang, dans la « diversité » qui constitue l’entrelacs de ses nerfs, que nous soyons lexicologues, métalexicographes, lexicographes, ou simples amoureux de la richesse ontologique d’une langue qui nous a permis de naître à nous-mêmes…, nous toutes, nous tous, nous demeurons des élèves… – l’étymologie de ce dernier terme, en tant que déverbal d’élever, « faire monter plus haut », n’est pas sans noblesse –, des élèves de Claude Poirier, promoteur sans relâche de la connaissance de la variation linguistique francophone.

En effet, la « variation lexicale du français » est le thème-clef auquel plus que tout autre Claude Poirier aura apporté sa dimension. Ce linguiste peut être considéré comme un précurseur dans la diffusion de la connaissance de la variation linguistique francophone et dans la promotion de cette variation. Au point d’imposer le pluriel à la langue française, l’observation scientifique des français ne pouvant plus, grâce à ses recherches, être ignorée. C’est le thème de cet ouvrage à plusieurs voix, bel hommage rendu.

Demain Berlin, Oscar Coop-Phane

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 28 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Demain Berlin, coll. La petite vermillon, préface de Frédéric Beigbeder, septembre 2014, 163 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Oscar Coop-Phane Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Le moteur de Demain Berlin tourne à plein régime à la page 66, quand l’auteur écrit :

Qu’allait-il faire maintenant que ses habitudes étaient bien empilées tout autour de lui ? Devait-il se contenter de les regarder, tous ces petits gestes indépendants, si indépendants qu’ils se déplaçaient tout seuls, comme des bestioles motorisées, sans qu’il ait besoin de les conduire ? Il les avait si bien polies, il les avait serrées si fort entre ses paumes, qu’elles étaient comme hors de lui toutes ces petites habitudes de vie. L’enthousiasme du rituel que l’on crée décapité par la tristesse de l’habitude. Et, au milieu de toute cette viande sale, Tobias s’ennuyait.

Cet extrait résume la course éperdue que mènent les trois adolescents Tobias, Franz et Armand, jeunes paumés épris d’absolu, en lutte contre la routine quotidienne dont le lecteur suit les dérives et les déceptions au long de la première partie, L’éloignement des peines. Ils semblent en effet tout tenter pour sortir de cette fuite en avant qui les emporte toujours plus loin au-delà de leurs désirs, écorchés / blessés / insatiables épris de Liberté.

Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, Souvenirs, Paul Veyne (2ème article publié)

Ecrit par Sophie Galabru , le Jeudi, 27 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Albin Michel

Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas, Souvenirs, septembre 2014, 260 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Paul Veyne Edition: Albin Michel

 

Ensemble de souvenirs disparates, mêlant les anecdotes comme les passages importants de sa vie, des analyses des religions, du parti communiste, de la Rome antique, d’amour, d’alpinisme, Paul Veyne parle comme il l’entend de tout ce qu’il souhaite partager. Si l’homme du présent explique celui du passé, nous découvrons qu’il sait rejoindre l’éternité dans le plaisir du savoir ou des extases de l’amour. Drôle, lucide et excentrique, passionné, nous comprenons peu à peu le titre de ces mémoires.

L’auteur prévient dès la première page : « Ce livre n’est pas de l’autofiction et n’a aucune ambition littéraire, c’est un document social et humain à l’usage des curieux ». Pourquoi ainsi qualifier ses souvenirs ? L’historien ne se contente pas de s’observer, mais de se comprendre à l’aune du contexte historique et social qu’il a traversé. Non seulement a-t-il vécu des évènements historiques tels que l’Occupation qui marquera radicalement l’enfant et l’adulte qu’il devient, mais il put avoir la chance de rencontrer d’aussi grandes figures que René Char ou Michel Foucault dont il veut témoigner.

Chansons d’amour et de pluie, Sergi Pàmies

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 26 Novembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Editions Jacqueline Chambon

Chansons d’amour et de pluie (Cançons d’amor i de pluja, 2013), nouvelles traduites du catalan par Edmond Raillard, mars 2014, 144 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Sergi Pàmies Edition: Editions Jacqueline Chambon

 

Sans vraiment défrayer les chroniques et le monde de la critique littéraire, il se pourrait bien que Sergi Pàmies soit un des auteurs catalans et catalophones les plus traduits en France : 10 titres publiés en catalan, 10 titres traduits ! Mais il n’est pas vraiment connu des lecteurs français. Il faut dire qu’il accumule les freins à une notoriété hexagonale : il écrit dans une langue qui ne provoque pas forcément l’intérêt de la critique, plus portée à rendre compte des traductions de l’anglais, de l’américain, de l’anglo-américain ou, à la rigueur, de l’américano-anglais ; il est traduit chez un petit éditeur que les médias les plus lus, écoutés, regardés, ont quand même tendance à négliger ou à oublier, voire à ignorer ; par dessus tout, il persiste à écrire des nouvelles, genre majeur dans d’autres pays mais très peu vendeur en France.

Le fait d’être né à Gennevilliers et de parfaitement maîtriser le français (il traduit en catalan Guillaume Apollinaire, Daniel Pennac, Jean Echenoz, Amélie Nothomb et quelques autres) ne suffit apparemment pas à compenser tout cela (avouons qu’il a rejoint la Catalogne et la langue catalane dès ses 11 ans). Et pourtant…