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Critiques

Le Cerveau à sornettes, Roger Price

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 23 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, USA, Wombat

Le Cerveau à sornettes, avril 2015, trad. de l’anglais (E-U) par Frédéric Brument, 224 pages, 18 € . Ecrivain(s): Roger Price Edition: Wombat

 

 

En toute logique, il faudrait éviter de parler du présent livre de Roger Price (1918-1990), puisqu’il s’agit du manifeste « évitiste » absolu. D’un autre côté, respecter la logique lorsqu’il est question des écrits de Roger Price, humoriste de son état, tiendrait quasi de l’absurde. Pas celui de Camus. Celui d’Alphonse Allais.

Reprenons. Préfacé par un Georges Perec de toute évidence sous le charme en 1967, Le Cerveau à Sornettes (In One Head and Out the Other en version originale, 1951) connaît une nouvelle traduction et donc une nouvelle jeunesse aux éditions Wombat, qui le présentent comme un « chef-d’œuvre nonsensique », « un des livres les plus frappadingues de la littérature comique anglo-saxonne » – ce qui a de quoi allécher tout amateur de mauvais esprit.

La mer couleur de vin, Leonardo Sciascia

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 22 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Denoël, Italie

La mer couleur de vin, traduit de l'italien par Jacques de Pressac mai 2015, 192 pages, 15,50 € . Ecrivain(s): Leonardo Sciascia Edition: Denoël

 

Le genre de la nouvelle est difficilement maîtrisable, dit-on, pour un écrivain ayant l’intention d’inclure dans ce type de récit autant de force de conviction et d’intensité que dans un roman, catégorie prétendument plus aisée pour l’atteinte de ce type de but. Leonardo Sciascia, dans un recueil de nouvelles intitulé La mer couleur de vin, contredit magnifiquement ce présupposé. Il parvient à y décrire pêle-mêle le mirage d’un voyage organisé par un passeur sans scrupules, monnayant ses services fort cher pour organiser un voyage vers l’Amérique… Las, la traversée se termine au point de départ : « Ils se jetèrent assommés sur le bord du fossé : il n’y avait pas urgence à porter aux autres la nouvelle qu’ils avaient débarqué en Sicile ».

Dans la nouvelle la plus longue, La mer couleur de vin, ayant donné son titre à l’ouvrage, il est question du voyage en train d’un ingénieur quittant Rome pour Reggio de Calabre en Sicile. Cet homme, ayant choisi a priori une vie solitaire, est fasciné par les enfants de la famille dont il partage le compartiment. Comme si ces derniers ravivaient en lui le regret toujours vivace de n’avoir pas adopté une vie de famille, d’avoir configuré son existence autrement :

Contes magiques de Haute-Kabylie, Salima Aït-Mohamed

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 22 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Contes

Contes magiques de Haute-Kabylie, Salima Aït-Mohamed, Editions Franco-Berbères, novembre 2014, 154 pages, 19 €Contes magiques de Haute-Kabylie, Editions Franco-Berbères, novembre 2014, 154 pages, 19 € . Ecrivain(s): Salima Aït-Mohamed

Depuis les travaux de Greimas et son modèle actanciel fondé sur les recherches de Propp, et en dépit du fait que leur conclusion affirmant l’universalité des fonctions narratives du conte ont fait ces dernières années l’objet de sérieuses controverses, on est systématiquement tenté, à la lecture d’un conte extrait d’une littérature locale, orale ou écrite, d’en pratiquer une analyse comparée en le plaquant sur les schémas actanciels et narratifs qui nous sont culturellement familiers.

L’exercice est d’une facilité remarquable lorsqu’on l’applique à ces Contes magiques de Haute-Kabylie précieusement et heureusement recueillis par Salima Aït-Mohamed. Tout y est :

– situation initiale stable au sein d’une structure familiale tantôt royale, tantôt des plus humbles ;

– événement qui vient, rapidement après son exposition, brutalement bouleverser le tableau tranquille de la famille en question ;

– émergence, du sein de la famille, du héros ou de l’héroïne ;

Mark Twain, Œuvres en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 20 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, La Une Livres, USA, La Pléiade Gallimard

Mark Twain, Œuvres, la Pléiade, n° 604, 10 avril 2015, 1648 pages, 652 illustrations, prix de lancement jusqu’au 31 août 2015 : 58 € . Ecrivain(s): Mark Twain Edition: La Pléiade Gallimard

 

 

Mark Twain, Œuvres, traduit de l’anglais (États-Unis) par Thomas Constantinesco et Philippe Jaworski, édition publiée sous la direction de Philippe Jaworski avec la collaboration de Thomas Constantinesco, Paris, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, n° 604, 10 avril 2015, 1648 pages, 652 illustrations, prix de lancement jusqu’au 31 août 2015 : 58 €

 

Ont été réunis, en ce magnifique volume de la collection Bibliothèque de la Pléiade, présentés dans l’ordre chronologique de leur parution, quatre ouvrages publiés par Mark Twain entre 1876 et 1894. Trois romans : Les Aventures de Tom Sawyer (1876), Aventures de Huckleberry Finn (1884-1885), La Tragédie de David Wilson le Parfait Nigaud (1894), et un – long – récit : La Vie sur le Mississippi (1883).

Le Corps noir du soleil, Amina Saïd

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 20 Juin 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Rhubarbe

Le Corps noir du soleil, décembre 2014, (calligraphie Hassan Massoudy), 90 pages, 11 € . Ecrivain(s): Amina Saïd Edition: Rhubarbe

 

La vie d’Alexandre Le Grand a été si exceptionnelle qu’elle fait partie des mythes de l’Antiquité. Convaincu très jeune par sa mère qu’il était descendant des Dieux, il accomplira un parcours de conquérant unique, allant de conquêtes en conquêtes de la Grèce aux Indes. Dans ce très beau recueil, intitulé Le Corps noir du soleil, Amina Saïd nous fait revivre l’épopée d’Alexandre Le Grand, alors que celui-ci s’apprête à partir pour l’autre monde (étroite sera la tombe quand j’y serai enseveli), se rejoue alors sous nos yeux le voyage de sa vie, son parcours semé d’épreuves. La poète s’exprimant en je nous entraîne dans l’aventure et nous arpentons avec ce cavalier les innombrables paysages aux couleurs sublimées par la variété d’une nature luxuriante propre à ces pays de sable et d’ocre. Récit d’un passage de l’ombre à la lumière, mais aussi récit onirique, récit de la naissance, récit sans fin, comme le désir, le silence ou la mort, mais surtout quête initiatique afin d’aller à la rencontre de soi ou de l’autre en soi, comme pour donner un sens à l’absurde du monde, nous dit-il, en quête d’absolu donc. Cette épopée historique aux intonations lyriques de l’aventure humaine nous rappelle que la vie est brève comme une manière de rêve. Dans l’ignorance du parcours pour accéder à la lumière, le conquérant avance toujours sans peur.