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Critiques

Meyer et la catastrophe, Steven Boykey Sidley

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Belfond

Meyer et la catastrophe, octobre 2015, trad. anglais (AfSud) Valérie Bourgeois, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Steven Boykey Sidley Edition: Belfond

Meyer ou la catastrophe est le troisième roman de Steven Boykey Sidley, et le premier publié en France. Ce sud-Africain a été ingénieur informatique comme son héros et scénariste à Hollywood, avant de tout plaquer pour l’écriture.

Meyer ou la catastrophe est un grand roman qui emprunte un humour à la Woody Allen, pour les questions autour du sexe, de l’angoisse et de la psychanalyse, un style incisif et drôle à la Philippe Roth ou Joseph Heller, offre un réel divertissement dans la manière de traiter les questions difficiles des différentes étapes de la vie et nous fait vivre à travers la vie mouvementée de Meyer, toutes les émotions de celui-ci pris entre drames et passions.

Saxophoniste raté et ingénieur en informatique, Meyer va consécutivement se séparer de sa petite amie, perdre son ex-femme avec laquelle il envisageait justement, vingt ans plus tard, de se remettre, voir son fils pris dans la drogue puis lui échapper sur un autre continent (celui des origines de sa mère, le Zimbabwe), sa fille d’un autre mariage tomber gravement malade, un père vieillissant disjoncter et se retrouver en prison après avoir tiré sur des gens et finalement mourir et, en toute fin, perdre son travail, un travail dont il aura à plusieurs reprises mesuré combien il n’était que servitude alors qu’il était le seul à avoir de vrais pouvoirs sur son patron.

Moi aussi, Ariane Dreyfus

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Moi aussi, Les Découvreurs, 2015, 126 p., 12,70 € . Ecrivain(s): Ariane Dreyfus

 

Ariane Dreyfus : Hantises de l’être

Ariane Dreyfus avec ses touches lumineuses au rythme des battements du cœur, du corps à l’aune de l’altérité, inaugure chez Les Découvreurs une nouvelle collection, « Voix de passage ». Elle a pour but « au moyen de textes soigneusement choisis et présentés par les auteurs eux-mêmes d’introduire et accompagner dans les classes quelques-unes des Voix par lesquelles passe ce qu’on pourrait appeler notre Défense et illustration de la poésie actuelle ».

Pour son livre, la poétesse a emprunté son titre à un vers minimaliste de Guillevic. Sa couverture rouge rappelle autant la chair d’éros que le Petit Chaperon Rouge appelé en exergue. Partant d’éléments familiers, sachant regarder, lire, observer, Ariane Dreyfus montre comment s’est métamorphosée son écriture en choisissant une présentation thématique en lieu et place du chronologique et selon huit temps : Petit Poucet va toujours, Le premier verbe : sortir, Les amants sont des enfants heureux, etc. L’aventure passe par le filtre de la poésie – mène du noir le plus profond aux couleurs les plus vives. Elle est aussi une sorte de musique dont la vibration est à même d’atteindre ce qu’il y a de plus général dans l’être : son mouvement intérieur fragile et térébrant.

A toi, Claudia Piñeiro

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 02 Décembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Actes Sud

A toi, avril 2015, trad. espagnol (Argentine) par Romain Magras (Tuya, 2005), 176 pages, 18 € . Ecrivain(s): Claudia Piñeiro Edition: Actes Sud

 

Il suffira d’un petit mot griffonné avec un bâton de rouge à lèvre qui dit « à toi » pour qu’Inès découvre que son mari Ernesto a une aventure extra-conjugale. Une aventure qui ne doit pas être la première et qu’elle s’efforce de trouver bien compréhensible, excusable même, car il ne l’a pas quittée pour autant. Tant que les apparences sont sauves et qu’il n’y a pas de drame spectaculaire… L’autre, c’est apparemment la secrétaire de son mari. Poussée par une irrésistible curiosité, Inès va cependant suivre celui-ci sur l’un de ses rendez-vous nocturnes… pour assister au meurtre accidentel de sa rivale !

Dans une famille exemplaire de la bourgeoisie aisée de Buenos Aires, il va falloir cacher les choses. Disparition des preuves, à commencer par le corps, fabrication des alibis… heureusement qu’Inès est là pour sauver ce couple et cette famille si convenable. Une épouse et mère « modèle » dont on découvre petit à petit le peu d’estime dans laquelle sa fille et son époux la tiennent. Un couple bien convenable qui est aussi passablement égoïste et centré sur lui-même. Un couple qui semble plutôt bien désuni malgré les apparences et qui ne voit rien de ce qui arrive à leur fille, Laura dite Lali. Lali qui se retrouve bien seule pour faire face à ce qui lui arrive et qui va radicalement transformer sa vie.

Camille mon envolée, Sophie Daull

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 02 Décembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Philippe Rey

Camille mon envolée, août 2015, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Sophie Daull Edition: Philippe Rey

 

Écrire la douleur pour ne pas se laisser entraîner dans son cyclone destructeur, pour conjurer cette envie d’anéantissement qui habille chaque cri, chaque sanglot, quand la réalité vous ramène dans cet interstice d’un temps qui semble désormais s’être figé pour l’éternité entre l’avant et l’après. Écrire pour ne plus sentir dans sa chair ce lent écorchement à vif né du sillon de l’indicible. Écrire pour donner un semblant de continuité à ce qui ne peut plus en avoir. Écrire pour étoffer une vie qui a cessé et pour ne pas qu’elle soit oubliée. Écrire pour exorciser la perte, pour conjurer la mort, celle de son enfant qui vous laisse les entrailles vides, désertes et désertées.

C’est à cet exercice thérapeutique que se livre Sophie Daull dans Camille mon envolée. Un récit élégiaque en hommage à sa fille de seize ans emportée quelques jours avant Noël par la fulgurance mortifère d’une maladie pathétiquement mal diagnostiquée, quasi une erreur médicale par indifférence professionnelle. Les préparatifs du 25 décembre s’entrecroisent dès lors avec ceux de l’enterrement. Les joyeux Noëls font écho aux condoléances. La disparition de la jeune fille en tire d’autres de leur néant.

C’est l’Histoire de la Série Noire, Alban Cerisier et Franck Lhomeau (dir.)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Gallimard

C’est l’Histoire de la Série Noire, Alban Cerisier et Franck Lhomeau (dir.), novembre 2015, 264 pages, 29 € Edition: Gallimard

 

Le slogan sur la jaquette est magnifique de vérité : « Notre but est louable : vous empêcher de dormir » – et que ceux qui ne se sont jamais endormis trop tard, voire pas du tout, parce qu’ils étaient en train de lire un roman publié par la Série Noire avouent n’en avoir jamais lu, ce sera plus simple. Car combien de soirées tardives ou de nuits blanches doivent les amateurs du genre à Hammett, Chase, Chandler, Manchette, Pouy ou encore Dantec ? Ces auteurs, et bien d’autres, à vrai dire : et tous les autres, publiés un jour (ou une nuit…) dans la Série Noire, sont présents dans l’album C’est l’Histoire de la Série Noire, première somme dédiée à cette collection pas comme les autres créée par Marcel Duhamel au sortir de la Seconde Guerre mondiale, au moment où les auteurs anglo-saxons étaient à nouveau permis de séjour dans les librairies de France et de Navarre. De La Môme Vert-de-Gris, signé Peter Cheyney, à la scène mondiale du polar contemporain traduite en français, des années Duhamel à aujourd’hui, c’est un panorama complet de la Série Noire que proposent les auteurs de cette somme :