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Critiques

Le Vicomte de Bragelonne, Alexandre Dumas en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, En Vitrine, La Pléiade Gallimard, Cette semaine

Le Vicomte de Bragelonne, Alexandre Dumas, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade n°669, Edition Jean-Yves Tadié, novembre 2023, 2112 pages, 69 € . Ecrivain(s): Alexandre Dumas Edition: La Pléiade Gallimard

 

« Alexandre Dumas est un romancier du temps individuel aussi bien que du temps historique. À mesure qu’il avance en âge, il peint le vieillissement de ses personnages, “vingt ans après”, “dix ans plus tard”, les titres et sous-titres le disent. Vieillir, c’est avoir un passé. Peu à peu, le romancier de l’avenir et du présent devient celui du passé. Et de la mémoire » (Jean-Yves Tadié, Préface).

« Quant au cardinal, il se contenta d’effleurer de ses lèvres flétries un bouillon servi dans une tasse d’or. Le ministre tout puissant qui avait pris à la reine mère sa régence, au roi sa royauté, n’avait pu prendre à la nature un bon estomac ».

« Sur le canal aux eaux d’un vert opaque, bordé de margelles de marbre, où le temps avait déjà semé ses taches noires et des touffes d’herbes moussues, glissait majestueusement une longue barque plate, pavoisée aux armes d’Angleterre, surmontée d’un dais et tapissée de longues étoffes damassées qui traînaient leurs franges dans l’eau ».

Autre matin, suivi de Le monde du singulier, Gérard Pfister (par Marie-Hélène Prouteau)

Ecrit par Marie-Hélène Prouteau , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Autre matin, suivi de Le monde du singulier, Gérard Pfister, éditions Le Silence qui roule, mars 2024, 96 pages, 15 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister

 

Gérard Pfister est à la fois éditeur des éditions Arfuyen et traducteur. Il est aussi l’auteur d’une œuvre poétique importante, publiée, pour l’essentiel, aux éditions Arfuyen mais également aux éditions Lieux-dits, Lettres vives. Ce recueil écrit entre 1990 et 1993 au Lac Noir dans les Vosges est publié par les éditions Le Silence qui roule créées et animées par Marie Alloy, qui est peintre et graveuse. C’est elle qui a réalisé la peinture de couverture, « Reverdir », en parfaite résonance avec le titre qui fait sens vers une sorte de promesse.

Autre matin s’ouvre sur un exergue citant L’Âge de la lune du poète Leonardo Sinisgalli que les éditions Arfuyen ont été les premières à publier. Le recueil se présente en cinq parties, composées sous la forme régulière de distiques brefs. L’écriture poétique de Gérard Pfister emporte le lecteur sur le chemin d’une aube spirituelle, arrimée à une vision de la nature débarrassée de toute contingence. Une aube d’avril, singulière par son indétermination :

Quand les Impressionnistes s’exposaient, Laurent Manœuvre (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 11 Juin 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Quand les Impressionnistes s’exposaient, Laurent Manœuvre, L’Atelier Contemporain, Histoire de l’art, avril 2024, 256 pages, 28 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Dans le cadre des célébrations liées aux cent cinquante ans de l’impressionnisme, du moins de la naissance du mouvement en tant qu’il est nommé, outre que diverses expositions sont organisées, L’Atelier contemporain propose, sous la plume de Laurent Manœuvre, une riche et documentée histoire des huit expositions organisées entre 1874 et 1886 par les protagonistes eux-mêmes du mouvement. Au passage, l’auteur se montre fidèle à cette proclamation émise dans ce qui pourrait être une longue introduction à l’analyse des huit expositions en question : « Réduire les multiples facettes de l’impressionnisme à quelques phares (pour reprendre le mot de Baudelaire), et à la seule peinture, trahit l’histoire de ce mouvement » ; il est donc question, dans Quand les Impressionnistes s’exposaient, de peinture, mais aussi de gravure, d’estampe voire de sculpture – et même de quelques dessins destinés à illustrer l’éphémère L’Impressionnisme, journal d’art.

Ton frère, Minh Tran Huy (par Alix Lerman Enriquez)

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 10 Juin 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Robert Laffont

Ton frère, Minh Tran Huy, Robert Laffont, Coll. Les Affranchis, mars 2024, 166 pages, 17 € Edition: Robert Laffont

 

On se souvient avec émotion de son précédent livre, Un enfant sans histoire, publié en 2022, où l’écrivaine française d’origine vietnamienne évoque avec désarroi mais force et courage son parcours de combattante de mère d’un enfant autiste sévère. Malgré des soins incessants prodigués par son époux et elle-même, son fils Paul reste muré dans un mutisme effroyable dont il ne semble plus possible de le défaire.

Avec son dernier livre, Ton frère, elle renoue avec cette histoire douloureuse, mais elle le fait d’une manière originale en adressant une lettre pleine d’humanité et de poésie à Serge, le petit frère « neurotypique » de Paul. À Serge, l’enfant inespéré, elle lui parle avec pudeur de la difficulté de vivre au quotidien avec ce grand frère « un peu spécial », qui semble enfermé dans sa gangue de solitude et de terreur.

La première femme, Jennifer Nansubuga Makumbi (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 06 Juin 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Métailié

La première femme, Jennifer Nansubuga Makumbi, éd. Métailié, mars 2024, trad. anglais (Ouganda) Céline Schwaller, 544 pages, 23 € Edition: Métailié

« L’ethnobiographie constitue, à partir de l’informateur, une méthode de maïeutique sociale qui permet au sujet de se retrouver lui-même et qui lui donne la possibilité de porter témoignage sur son groupe, sa société, sa culture »

Jean Poirier et coll., 1983

La première femme est le deuxième roman de Jennifer Nansubuga Makumbi (écrivaine ougandaise née à Kampala, diplômée d’un Doctorat en création littéraire de l’Université de Lancaster, récompensée en 2018 du Prix de Littérature Windham-Campbell). Et c’est par la voix de la jeune Kirabo Nnamiiro que va se dérouler le continuum de la saga d’une vaste famille ougandaise, partagée entre croyances animistes et monothéismes. Le contexte est celui du post-colonialisme, sous l’ère dictatoriale et sanguinaire d’Idi Amin Dada (1925-2003). Jennifer Nansubuga Makumbi réveille les grands mythes de l’Afrique de l’Est, notamment ceux de l’Ouganda, indépendant en 1962, pays membre de l’Organisation de la coopération islamique.