Identification

Critiques

Les Bouquinistes, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Anthologie

Les Bouquinistes, Thomas Morales, Éditions Héliopoles, septembre 2024, 208 pages, 22 € . Ecrivain(s): Thomas Morales

 

« Les trainards s’y arrêtent souvent, palpent une couverture, s’amusent d’un titre, se souviennent d’un auteur retrouvé et, pour quelques pièces, repartent avec un morceau de Paris » (Les Bouquinistes).

« On se love dans son écriture saignante, faite d’arabesques et de précisions d’entomologiste » (Courteline).

« Il met le feu à chaque page » (Chaval).

« Carlos était un seigneur russe qui aimait la pêche, Jean Rostand, Sidney Bechet, le homard, les voyages et les lumières de la Crimée » (Carlos).

« La voix de Salvatore, ce torrent de rocailles, agit comme un détonateur, il révèle nos failles, les explose à la dynamite, nous met à nu et nous apaise » (Salvatore Adamo).

La parole aux négresses, Awa Thiam (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 20 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

La parole aux négresses, Awa Thiam, Éditions Divergences, mai 2024, 208 pages, 16 €

 

Des multiples sujétions

La parole aux négresses est l’ouvrage fondamental d’Awa Thiam, paru en 1978, d’une anthropologue novatrice, née au Sénégal en 1950, professeure associée et chercheuse en anthropologie à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, et fondatrice du Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles. En rédigeant la préface, Mame-Fatou Niang répond à Benoîte Groult en précisant que « ces Sénégalaises, Maliennes, Guinéennes, Ivoiriennes, Ghanéennes, et Nigérianes, ne sont pas tant silencieuses que silenciées », ce qui en dit long sur la problématique des femmes africaines et le sujet abordé. Awa Thiam refuse l’infantilisation des femmes noires mais n’omet pas la complicité de nombre d’entre elles à perpétrer la sujétion à l’ordre traditionnel patriarcal et à l’asservissement de genre.

Variations sur le Baudelaire de Claude Pichois et Jean Ziegler (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Biographie, Fayard, En Vitrine, Cette semaine

Baudelaire, Claude Pichois & Jean Ziegler, Ed. Fayard, 838 p. 36 € Edition: Fayard

 

Il ressort de ce livre-somme une figure baudelairienne parée de toutes ses ombres et lumières. Ni ange ni démon mais assurément trop humain, le poète ici emprunte à la figure christique le poids des douleurs et des amertumes. Dès vingt ans, Charles entre en souffrance comme on entre dans les ordres, avec la volonté d’y entrer et d’y souffrir pour s’approcher de l’inaccessible beauté. Pour s’emparer de la boue et en faire de l’or.

Baudelaire – nous l’avons souvent écrit ici – n’est pas spontanément un personnage séduisant ; loin des figures de bons ou mauvais anges de la littérature française, les Villon, Louise Labé, Rimbaud, Nerval, Apollinaire. Ses portraits, nombreux (dont beaucoup se retrouvent groupés dans cet ouvrage dans un folio central), semblent figer pour l’éternité un regard fiévreux et inquiet, un visage émacié et glabre, des lèvres minces, comme pincées par une tension permanente.

La fille verticale, Félicia Viti (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

La fille verticale, Félicia Viti, Gallimard, Coll. Blanche, août 2024, 112 pages, 15,50 € Edition: Gallimard

 

C’est l’histoire d’une passion amoureuse entre deux femmes, la narratrice et L. (Elle, tout simplement).

A priori, une intrigue en cours de banalisation dans la littérature contemporaine.

Ce roman court de Félicia Viti sort du lot. La relation entre les deux femmes est houleuse, faite d’une succession de querelles souvent triviales, de vraies et feintes ruptures, de réconciliations sensuellement torrides. L. disparaît, rejoint la faune nébuleuse des noctambules, fêtards, soûlards et drogués des quartiers interlopes de Paris, reparaît abruptement, s’impose, rompt à nouveau, fuyante, inconstante, ne supportant pas l’idée même de stabilité, de confort, ne tenant pas en place, sans cesse en mouvement, ce qui lui vaut cette appellation de « fille verticale ».

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 16 Septembre 2024. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard

Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez, Gallimard, août 2024, 393 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

Il y a le chant, hypnotique, berceuse, incantation, psalmodie, une voix qui fait sens, à laquelle il faut donner suite, et prise… suivre l’enchantement, être prêt à y répondre, c’est le rôle confié aux enfants. Être prêt à y répondre, déchiffrer, défricher ce que la nature espère… ? que l’on y reconnaîtra, que l’on se reconnaîtra, c’est le rôle des adultes.

Un géant une pierre à la main, un homme des bois, des marais, de la nature, un innocent. Un monde entre ciel et terre, entre arbres et forêt, un monde de conte de fées, tel qu’il pouvait être avant.

Avant la chute, avant l’avancée, la marche forcée du progrès, contre nature.

Le sommeil signifiant, le retour arrière, le rêve, le fil de la vie, la préservation. Le chant émerge comme un fil à suivre, passer et repasser dans le chas.