Je fais partie des personnes dont Sarah Roubato parle dans sa deuxième lettre, qui raconte l’histoire de la première, Lettre à ma génération, celle qui donne son titre à l’ensemble du livre. C’était juste après les attentats de novembre 2015 à Paris, le choc, les réactions à chaud, les récupérations à tout va, le grand bombardement médiatique, et ce besoin de prendre une bolée d’air au-dessus de la mêlée, ne pas se laisser entraîner par cette grande vague émotionnelle, dont Naomi Klein parle si bien dans son livre La stratégie du choc.
Légitime cette vague, cette indignation, mais trop uniforme, trop vite canalisée, avec des couloirs de pensée obligatoire, ne laissant pas le temps de la réflexion, de la dignité même, ne serait-ce que par égard pour les familles des victimes. Bref, c’est dans ce grand tohu-bohu que je suis tombée sur la lettre de Sarah, publiée sur Médiapart, et cet article comme quelques autres, m’a fait un bien fou car elle résonnait déjà avec mes propres réflexions et avait justement cette sorte de recul, de lucidité à contre-courant du tsunami de la pensée unique, cette lettre « c’était une réaction à la réaction » et cette réaction m’a tellement plu que je l’ai relayée aussitôt. C’est comme ça que je suis entrée en contact avec Sarah Roubato, dont la démarche et le travail découvert dans la foulée et surtout la façon dont elle les définissait, m’ont paru des plus intéressants.