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Les Chroniques

Martin Amis : Deux romans

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 25 Mars 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

D’Autres Gens, Martin Amis, Le Livre de Poche, trad. de l’anglais par Géraldine Koff-D’Amico, août 2015, 312 pages, 6,90 €

Money, Money, Martin Amis, Le Livre de Poche, trad. de l’anglais par Simone Hilling, août 2015, 624 pages, 8,10 €

 

Quand un auteur fait l’actualité littéraire, comme c’est le cas pour Martin Amis (1949) avec La Zone d’Intérêt, son dernier roman en date, il serait regrettable pour l’éditeur possédant les droits de son back catalogue de ne pas le faire fructifier. Dont acte pour Le Livre de Poche, qui se fend d’une mini-rafale avec D’Autres Gens (1981) et Money, Money (1984), deux romans emblématiques de l’œuvre de Martin Amis, précédemment publiés chez 10/18 et plus disponibles depuis quelque temps. L’occasion est donc belle de replonger dans ces deux romans, juste histoire de voir s’ils tiennent toujours la route.

Le scalp en feu -IX- Décembre 2015 / Février 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 23 Mars 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« Poésie Ô lapsus », Robert Desnos

 

Le Scalp en feu est une chronique irrégulière et intermittente dont le seul sujet, en raison du manque et de l’urgence, est la poésie. Elle ouvre un nombre indéterminé de fenêtres de tir sur le poète et son poème. Selon le temps, l’humeur, les nécessités de l’instant ou du jour, ces fenêtres changeront de forme et de format, mais leur auteur, un cynique sans scrupules, s’engage à ne pas dépasser les dix à douze pages pour l’ensemble de l’édifice.

Lecteur, ne sois sûr de rien, sinon de ce que le petit bonhomme, là-haut, ne lèvera jamais son chapeau à ton passage car, fraîchement scalpé, il craint les courants d’air.

Octobre 2015 à Mars 2016

Michel Host

Que s’est-il passé à Cologne ?, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 22 Mars 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Pour tous nos lecteurs qui n'auraient pas eu connaissance de la chronique de Kamel Daoud à l'origine des attaques dont il est l'objet de la part de certains milieux musulmans, nous la publions ici. Et nous réaffirmons notre soutien total à notre ami et chroniqueur !

 

On peine à le savoir avec exactitude en lisant les comptes rendus, mais on sait au moins ce qui s’est passé dans les têtes. Celle des agresseurs, peut-être ; celle des Occidentaux, sûrement.

Fascinant résumé des jeux de fantasmes. Le « fait » en lui-même correspond on ne peut mieux au jeu d’images que l’Occidental se fait de l’Autre, le réfugié-immigré : angélisme, terreur, réactivation des peurs d’invasions barbares anciennes et base du binôme barbare-civilisé. Des immigrés accueillis s’attaquent à « nos » femmes, les agressent et les violent. Cela correspond à l’idée que la droite et l’extrême-droite ont toujours construite dans les discours contre l’accueil des réfugiés. Ces derniers sont assimilés aux agresseurs, même si l’on ne le sait pas encore avec certitude.

Une vision de l’œuvre de Bernard-Marie Koltès, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 21 Mars 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

A propos Des Voix dans la nuit, Dans la solitude des champs de coton, Aline Mura-Brunel, éd. Le Lavoir Saint-Martin, 2015, 20 €

 

Il ne m’est pas facile d’écrire sur la publication de ce livre des éditions du Lavoir Saint-Martin, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que le sujet abordé, en l’occurrence une étude ex professo de la pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton, m’est très personnel, car il s’agit d’un élément du corpus de mon doctorat de troisième cycle, et j’ai donc beaucoup fréquenté cet auteur (en toute connaissance de cause) durant une thèse qui m’avait accompagné six longues et fructueuses années, et même après ma soutenance – (je précise que je suis l’auteur de l’une des toutes premières thèses sur Bernard-Marie Koltès). Ensuite, à cause du propos qui s’appuie principalement sur une lecture que l’on pourrait qualifier de phénoménologique, où il est question de Ricœur ou de Levinas, qui me trouble en un sens, car je crois que c’est la vraie manière d’aborder la richesse des pièces de l’auteur messin, et que cette interprétation intellectuelle qui est mienne me rend ce livre d’Aline Mura-Brunel affectif et singulier. Et pour finir, il n’est pas aisé de produire du discours, que je qualifierais de lecture « au carré », avec un métalangage, qui consiste à parler d’un texte qui parle d’un texte.

Union Sacrée… Voie Sacrée… Verdun !, par Vincent Robin

Ecrit par Vincent Robin , le Samedi, 19 Mars 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Au bout de la route… : massacrés gisant partout dans une fétide gangue de terre fangeuse à jamais délavée par les brouillards. Des cadavres sont agglutinés là, prostrés et figés, enfouis en unités disparates et confuses dans des substrats de glaises ténébreuses. Sous les couches spongieuses de ce terreau partout chamboulé et recouvert de répétitifs leurres sédimentaires, s’entassent ou s’entrecroisent parmi les éclats d’acier indestructibles leurs restes humains entrechoqués, disloqués, éparpillés. Les têtes ne sont plus que des morceaux de crânes démolis, les bras et les jambes, des tibias et des fémurs aux délirantes fractures. Les chairs ne collent plus à eux. En cet état, leur nation, leurs proches ni même leur mère n’auraient pu les reconnaître.

Comme révulsée par leurs enfouissements indus dans sa matière putride et après cent ans encore, la terre indocile continue de les rejeter vers la lumière. Ne serait-ce pas d’ailleurs plutôt leur irréductible attirance vers les souffles de l’air libre qui les pousse obstinément à s’en extraire ? Ils refusent de dormir et leurs insomnies bruyantes perturbent notre sommeil. Pourquoi refusent-ils de se taire malgré tous nos efforts d’apaisement ?