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Arfuyen

Les Éditions Arfuyen ont été créées par Gérard Pfister en 1975 et ont bénéficié depuis leur origine du soutien et de la participation de Philippe Delarbre, Marie-Hélène et William English et Alain Gouvret.
Elles sont aujourd'hui dirigées par Anne et Gérard Pfister.

 


Dis-moi quelque chose, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 25 Mai 2021. , dans Arfuyen, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Dis-moi quelque chose, Yves Namur, Arfuyen, mars 2021, 156 pages, 14 €

 

Il s’agit aujourd’hui moins d’accroître nos connaissances

que de nous dépouiller, afin de retrouver

ce que devraient garder toute leur vie les hommes :

une fraîcheur de vision pareille à celle des enfants.

Michel Leiris

Ostinato

J’ai hésité à commencer une recension du recueil de Yves Namur, que publient les éditions Arfuyen, par crainte de compromettre l’intégrité de ce livre. Cette première hésitation se justifie en partie par la variété des points de vue que j’ai portés sur cette lecture. Ainsi, cette phrase répétée qui revient dans les 115 poèmes du volume, ne limite pas le champ de l’explication ni celui de la sensation. J’ai pris cette anaphore comme un rythme musical, un ostinato comme on en rencontre dans le Boléro.

Ici, Pierre Dhainaut (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 06 Avril 2021. , dans Arfuyen, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Ici, Pierre Dhainaut, éditions Arfuyen, février 2021, 96 pages, 12 €

 

Le poème horizon

Quel est cet ici ? Je n’ai trouvé la clé de ce livre vers la toute fin du recueil, d’une part parce que je me suis laissé imprégner, infuser par le texte, et aussi grâce au dernier chapitre qui m’a convaincu. De quoi ? Que la poésie peut penser, peut réfléchir, peut agir comme intellection. Ce poème-là n’est jamais une ornementation, mais un travail vers la nudité. Et céans, ce sont des images, une lumière nordiste à l’éclat blanc, transparent, presque froide. J’en parle en connaissance de cause ayant vécu deux ans à Valenciennes étant enfant, et mes premiers souvenirs d’écolier sont liés à cette lumière.

Cette clé dont je parle en supra, c’est donc l’horizon, celui de la Mer du Nord, ligne flottante qui indique une quête, qui collecte ce délinéament qui toujours se repousse, et ainsi recule en se rendant inatteignable. Cet horizon est encore celui du monde intérieur que le poète explore pour y fourbir son poème.

Ainsi parlait Marcel Proust, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Gérard Pfister (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 22 Mars 2021. , dans Arfuyen, Les Chroniques, La Une CED

Ainsi parlait Marcel Proust, présenté par Gérard Pfister, Arfuyen, janvier 2021, 192 pages, 14 €

Je crois qu’il est important de mieux connaître Marcel Proust, ce grand romancier qui est d’abord un grand écrivain, à travers un angle de son travail dans lequel s’établit la quintessence de sa pensée, une espèce de philosophie très fine où le langage est primordial. C’est cela à quoi nous invite le dernier Ainsi parlait des éditions Arfuyen dans un choix de textes de Gérard Pfister. Quand je dis la pensée de Proust, je le dis à dessein. Elle est vive, fructueuse, elle permet le dialogue de l’abstrait et du concret ; elle explique non pas une méthode mais crée un éclairage sur des questions aussi difficiles que : la mort, l’amour ou le temps, l’amitié, la littérature ou la maladie.

Je comparerais facilement ce qui raisonne dans l’œuvre de l’auteur de La Recherche à une réaction chimique, c’est-à-dire voir où sa pensée se manifeste par bouffées, par clusters de points de vue comme en musique, un assemblage où même le doute est significatif, hésitation que le romancier rend apparent, car sa « pensée » est plus une inspiration que la quête d’un système, une fabrique idéologique. Ce qui est notable c’est la plasticité de cette écriture, à la fois heureuse à lire et par elle-même monde meuble et susceptible de recomposition (du reste, on sait très bien comment Proust fabriquait ses personnages, très souvent par condensation).

La folle de la porte à côté, Alda Merini (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Janvier 2021. , dans Arfuyen, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Déconstruction

Aborder le continent de la folie et son escorte de vocabulaires, de pathologies, de lieux d’asile, et cela en relation avec la création littéraire, n’est pas une tâche aisée, univoque, définitive, mais qui évolue et reste ouverte. Et même si le masque du fou, de la folle, relève souvent de préjugés, d’images d’Épinal, ce qui arrête l’analyse aux premiers cris de souffrance ou aux réactions inappropriées, il ne faut pas cesser d’analyser, de regarder de près en quoi la folie se marginalise auprès de la société et dans l’œuvre littéraire. Ainsi, le rôle du lecteur – pour le cas qui nous occupe – doit s’infléchir et chercher en quoi cette différence fait différence, en quoi cette locution spécifique fait irruption avec son cortège de ruptures, de grandes arêtes symboliques, de grands traits d’expression. Car cette insanité mentale n’exclut pas une vision du monde. Voire un monde décrit depuis la folie. Pour moi, ce livre, qui permet au lecteur français d’aborder le travail poétique d’Alda Merini, est d’abord et en somme une affaire de déconstruction.

Femmes, Nizar Kabbani (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 17 Décembre 2020. , dans Arfuyen, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Femmes, Nizar Kabbani, novembre 2020, trad. arabe, Mohammed Oudaimah, 72 pages, 12€ Edition: Arfuyen

 

Ce livre est une réédition (chez le même Arfuyen) d’un court recueil de 1988, qui avait introduit l’auteur en France. Son titre, d’un mot, dit le but : faire reprendre aux femmes, par l’amour, leur propre sort en mains.

« Quand j’ai fait route sur tes mers, ma reine

je ne regardais pas les cartes

je ne portais de canot ni de bouée

mais j’ai vogué vers ton feu comme un bouddha

et j’ai choisi mon destin

Mon bonheur était d’écrire à la craie

mon adresse sur le soleil

et sur tes seins de construire les ponts » (p.11)