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Amérique Latine

Un dimanche de révolution, Wendy Guerra

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

Un dimanche de révolution, 24 aout 2017, trad. Espagnol (Cuba) Marianne Millon, 211 pages, 19 € . Ecrivain(s): Wendy Guerra Edition: Buchet-Chastel

 

La littérature d’un pays peut révéler, d’une manière convaincante et efficace, les réalités de la société décrite par ses auteurs, ses blocages, ses drames, ses souffrances. C’est le cas de Cuba, pays de l’espérance révolutionnaire tiers-mondiste dans les années soixante, puis le théâtre d’un développement inexorable de la répression vis-à-vis de ceux qui « pensent autrement », les dissidents. Roberto Ampuero avait fort bien décrit la perversion des idéaux de l’origine dans son roman Quand nous étions révolutionnaires. Zoe Valdès avait évoqué cette situation de l’artiste confronté aux limitations de sa liberté d’écrire dans Chasseuse d’astres.

Dans Un dimanche de révolution, Wendy Guerra reprend cette thématique, celle de la situation de l’artiste, de son identité face à un régime hostile, omniprésent, s’immisçant sans cesse dans la vie privée des citoyens, au point de l’anéantir ou de la rendre très illusoire.

Une chance minuscule, Claudia Pineiro

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 22 Juin 2017. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Une chance minuscule, mars 2017, trad. espagnol (Argentine) Romain Magras, 261 pages, 22 € . Ecrivain(s): Claudia Piñeiro Edition: Actes Sud

 

Absolument prenant. Au croisement – subtil mélange – du récit peut-être autobiographique ou pas loin, du thriller, du drame intimiste. Plongée en apnée au fond des composantes troublantes d’un « soi » qui n’est pas celui de n’importe qui. Vraie réussite que ce Une chance minuscule, peut-être parce qu’il est composé de tout ce qui définit la littérature, dans le vaste comme le simple : d’abord une histoire racontée, des personnages et situations qu’on enfourche sans redescendre, et puis, une écriture et une architecture. Sans oublier une musique, un rythme, qu’on n’oubliera pas…

En Argentine, de nos jours – ce n’est pas sans intérêt – mais transférable partout, pour peu qu’on reste dans une bourgeoisie bienséante et catholique. Une famille, maison, école – le chic collège Saint Peter dans le grand Buenos Aires ; la femme qui parle y enseigne un peu pour s’occuper sans doute et son fils y est scolarisé. Usages précisément détaillés de riches contemporains comme il en est ailleurs. Elle s’ennuie et le mari – chirurgien – amasse. Terre et ciel, comme on dit de certains. Des familles en arrière-plan, la sienne, modeste, bercée par Piazzolla, celle de l’époux, abondante, quelque peu invasive, se voulant protectrice comme on sait l’être en Amérique Latine. Un seul enfant, un garçon, le héros-double, reflet présent/absent de l’histoire de sa mère.

Buenos Aires noir, anthologie présentée par Ernesto Mallo

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 06 Juin 2017. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Anthologie, Asphalte éditions

Buenos Aires noir, anthologie mai 2016, trad. espagnol Olivier Hamilton, Hélène Serano, 215 pages, 21 € . Ecrivain(s): Ernesto Mallo Edition: Asphalte éditions

 

 

Nouvelle escale des guides noirs des éditions Asphaltes, après Londres, Barcelone, Haïti, La Havane, Marseille… c’est à Buenos Aires que nous sommes invités à faire étape pour en découvrir les coulisses, accompagnés de quelques plumes portègnes parmi des plus expertes et incisives. La vie n’est ni rose ni bleue sur les rives du Río de la Plata, mais cela ne nous surprendra pas vraiment avec ces étranges « guides touristiques » que publie régulièrement Asphalte. Pas encore assez étrange semble-t-il puisque nous avons découvert une librairie qui classe vraiment cette série d’anthologie(s) au rayon des guides touristiques. Pas sûr que cela convainque les candidats au voyage de se rendre à Buenos Aires, du coup, même si Ernesto Mallo nous annonce dès les premiers mots de sa présentation que la capitale argentine est « un endroit tellement invraisemblable ».

Rancœurs de province, Carlos Bernatek

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 02 Mai 2017. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Rancœurs de province, février 2017, trad. Espagnol (Argentine) Delphine Valentin, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Carlos Bernatek Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Selva et Leopoldo, dit Poli. Une jeune femme un peu coincée et un homme déjà mûr, deux tranches de vies, pas très belles, amères même. Deux histoires qui sont racontées ici en alternance sans aucun lien entre elles, si ce n’est qu’elles se passent toutes deux dans la province argentine, éloignée de Buenos Aires. Deux personnages modestes, voire fades, sans envergure, qui se retrouvent chacun happé par des évènements hors de leur contrôle.

Poli, petit vendeur itinérant d’encyclopédies, qui gagne de quoi assurer un minimum qui ne suffit pas à sa famille qu’il voit peu, découvre que sa femme le trompe depuis un moment avec un riche avocat. Celle-ci le met alors à la porte sans ménagement, alors que dans un même temps il est remercié par sa boite. Il perd donc sa femme et son fils qui ont trouvé un meilleur parti, son travail, sa maison. Ne lui reste que sa camionnette et quelques encyclopédies, avec lesquelles il part au hasard, complètement largué sur tous les plans. C’est ainsi qu’il atterrit dans un petit village où une bande d’évangélistes l’embauche pour vendre des Bibles et du dentifrice…

Ni vivants ni morts, Federico Mastrogiovanni (2ème critique)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 03 Mars 2017. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Ni vivants ni morts, février 2017, trad. espagnol François Gaudry, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Federico Mastrogiovanni Edition: Métailié

 

Un époustouflant travail de journaliste sur un sujet qui fait frémir, donne des frissons dans le dos : la disparition forcée au Mexique.

Fruit d’une longue enquête d’investigation, semée d’aléas – on est dans un pays qui occupe militairement le territoire, sans oublier les nervis et autres surveillances –, le livre relate, par entretiens interposés, l’histoire réelle de nombreuses disparitions dans un pays troublé, victime d’actions violentes de groupes paramilitaires et d’autorités policières qui n’ont rien du travail de protection des populations civiles.

L’essai montre à suffisance le rôle négatif des gouvernements mexicains et leurs liens avec les groupes les plus violents (les Zetas, par ex.).

Rencontrant les victimes, familles des victimes – qui luttent pour une reconnaissance des disparitions forcées –, l’auteur a parcouru le Mexique de long en large pour attester de la terreur imposée à la population et s’interroger sur les causes du phénomène.