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Amérique Latine

Avaler du sable, Antônio Xerxenesky

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 08 Avril 2015. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Asphalte éditions

Avaler du sable, février 2015, traduit du portugais (Brésil) par Mélanie Fusaro, 178 pages, 15 € . Ecrivain(s): Antônio Xerxenesky Edition: Asphalte éditions

 

« Un fils qui ne savait même pas boire. Ça ne pouvait pas être un homme, un vrai. Surtout dans une ville où, selon Miguel, la sobriété est déraison ».

Ce roman parle d’un homme qui nous raconte comment il écrit un roman sur l’histoire de ses ancêtres, et en même temps ce roman que nous lisons est aussi le roman que cet homme écrit, et le roman qu’écrit cet homme démarre comme un western : Mavrak, petite ville perdue au milieu d’un désert du Far-West, sable, poussière, saloon, prostituées, une église qui a brûlé, deux familles rivales depuis des lustres, les Marlowe et les Ramirez… Un western donc, qui va finir comme un remake de La nuit des morts vivants. Sang, sable et poussière.

« Il y avait la peur. Il y avait la peur partout. Aujourd’hui, les hommes ont peur pour un rien ; autrefois ils craignaient la nuit et la mort. Même avec un révolver dans la poche. Peu importait l’arme qui pesait dans l’étui ».

Si nous vivions dans un endroit normal, Juan Pablo Villalobos

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 25 Février 2015. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Si nous vivions dans un endroit normal, octobre 2014, traduit de l’espagnol (Mexique) par Claude Bleton, 190 pages, 17 € . Ecrivain(s): Juan Pablo Villalobos Edition: Actes Sud

 

« Va te faire voir chez ta salope de mère, connard, enfoiré de merde ! » Ainsi débute ce succulent roman, juteux à souhait, un jus plutôt amer, mais drôle, terriblement drôle. De cet humour typiquement latino-américain, qui permet de témoigner des pires travers de la société avec un pied de nez à l’humiliation et l’injustice. Ici il s’agit du Mexique des années 80, avec ses absurdités (un pays surréaliste, avait dit Breton), sa mélasse de corruption, de trafics, de dangereux bouffons politiques, de fraude électorale, abus de pouvoir et compagnie. Dans le village de Lagos de Moreno, entre bétail, prêtres, ouailles hallucinées, élus véreux et démagogues, nationalistes populistes et autres illuminés, vit la famille d’Oreste, dit Oreo, comme les biscuits du même nom. Ou disons plutôt que la famille vit au-dessus du village, au sommet d’une colline, la Colline de la Foutaise. Lui et ses six frères et une sœur, tous affublés de prénoms grecs, lubie du père professeur d’éducation civique, et la mère, dévouée à la préparation des quesadillas au fromage. Base quasi unique de l’alimentation familiale et dont l’épaisseur et le nombre oscillent comme le statut familial, entre classe moyenne et classe pauvre, avec une tendance à stagner dans cette dernière.

Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, Luis Sepúlveda

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 20 Décembre 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Métailié, Contes

Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur, dessins Joëlle Jolivet, octobre 2014, traduit de l’espagnol (Chili) par Anne-Marie Métailié 96 pages, 12,50 € (existe aussi en ebook, 9,99 €) . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Métailié

 

De l’urgence de la lenteur, Il faut retrouver son escargot intérieur !

Luis Sepúlveda est né le 4 octobre 1949 à Ovalle, dans le nord du Chili. Il a reçu, entre autres, le prix de poésie Gabriela Mistral en 1976, le prix Casa de las Americas en 1979, le prix international de Radio-théâtre de la Radio espagnole en 1990, le prix du court-métrage de télévision de TV-Espagne en 1991. Il est en outre le fondateur du Salon du Livre ibéro-américain de Gijón (Espagne) destiné à promouvoir la rencontre entre les auteurs, les éditeurs et les libraires latino-américains et leurs homologues européens.

Cette Histoire d’un escargot qui découvrit l’importance de la lenteur est son deuxième ouvrage publié avec l’illustratrice Joëlle Jolivet, le premier étant Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, une histoire d’animaux encore, tout comme son Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler écrit en 2004 et Le Monde du bout du monde, illustré par Miles Hyman en 1993, tous parus aux éditions Métailié.

Le livre des étreintes, Eduardo Galeano

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 09 Octobre 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Nouvelles

Le livre des étreintes (El libro de los abrazos, 1989), Lux éditeur, 2012, traduit de l’espagnol par Alexandre Sánchez . Ecrivain(s): Eduardo Galeano

 

Mille touches de colère et de poésie


Les moins jeunes ont sans doute en mémoire Les veines ouvertes de l’Amérique latine, écrit en 1971 et publié en 78 dans la célèbre collection Terres humaines (Plon). C’est aujourd’hui un éditeur québécois qui s’attache à nous faire découvrir ou redécouvrir une autre partie de l’œuvre d’Eduardo Galeano en français. Quatre volumes sont parus chez Lux ces dernières années : Le livre des étreintes, les voix du temps ; Paroles vagabondes ; et Mémoire du feu.

Entre nouvelles et aphorismes, Le livre des étreintes rassemble un peu moins de 200 textes qui vont de quelques lignes à une ou deux pages. Du merveilleux, de l’ironie et de l’humour (bienveillant), des colères humanistes, des choses vues et entendues, des souvenirs et des témoignages, il y a de tout cela dans ces courts textes qui peuvent prendre des allures d’aphorisme ou de journal.

Les Réputations, Juan Gabriel Vásquez

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 29 Septembre 2014. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil, La rentrée littéraire

Les Réputations (Las reputaciones), traduit de l’espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon, août 2014, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Juan Gabriel Vásquez Edition: Seuil

 

La presse écrite depuis bien longtemps fait appel à des dessinateurs, et plus particulièrement à des caricaturistes qui peuvent parfois tenir régulièrement la une et dont les dessins sont souvent bien plus commentés que les éditoriaux les plus en vue. En Colombie, au début du XXe siècle, l’un des plus célèbres fut Ricardo Rendón, qui mit fin à ses jours alors qu’il avait tout juste 37 ans, en 1931. C’est avec l’histoire de l’un de ses successeurs, Javier Mallarino, que Juan Gabriel Vásquez nous emporte une fois de plus au cœur de la société Colombienne et au cœur de l’humain. Javier est au fil des années devenu une légende, à la fois admiré, craint et détesté. D’un trait, il peut en effet ébranler, blesser et mettre à bas les réputations les plus solides, les plus établies, il peut défaire les gouvernements, influer sur les décisions politiques simplement avec une feuille blanche et un peu d’encre. Ce pouvoir, Javier Mallarino l’a et il en est même devenu une institution nationale à laquelle l’on rend un hommage des plus officiels dans la grande salle du théâtre Colón de Bogota, avec ministre et émission d’un timbre poste à son effigie.