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Amérique Latine

Dernier rendez-vous avec la Lady, Mateo Garcia Elizondo (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 19 Octobre 2023. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Dernier rendez-vous avec la Lady, Mateo Garcia Elizondo, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, août 2023, trad. espagnol (Mexique), Julia Chardavoine, 192 pages, 21 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Voilà un roman puissant, pesant, attrapeur, un de ceux qui laissent chez le lecteur la prégnante impression, faite à la fois de malaise et de jouissance, d’avoir été, pendant la lecture et bien après fermeture du livre, littéralement, littérairement, magistralement « baladé ». Gageons que ce premier texte d’un auteur mexicain prendra place parmi les œuvres remarquables de la littérature mondiale.

Le personnage, narrateur à la première personne, met en scène ce qui semble être la fin sordide de sa vie de vagabond drogué. Le schéma narratif apparent transporte et « agit » le « héros » dans un village apocalyptique perdu nulle part, la seule potentialité de son éventuelle réalité géographique étant qu’il pourrait se trouver évasivement vers le Mexique, en bordure d’une hypothétique jungle qui tend à l’avaler : ZAPOTAL.

Le lecteur curieux interroge internet :

Poussière dans le vent, Leonardo Padura (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 16 Juin 2023. , dans Amérique Latine, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Roman

Poussière dans le vent, Leonardo Padura, Editions Métailié, 2021, trad. espagnol (cubain) René Solis, 640 pages, 24,20 €

« Cuba no » vu par la face émigrés de tous temps et de tous genres, mais « Cuba si » par l’amour ou le rejet jamais complet que portent à leur île solaire tous ces Cubains d’ailleurs…

On est, avec ce Poussière dans le vent, venu du « dust in the wind » d’une vieille chanson américaine, dans une littérature propre aux Caraïbes et à l’Amérique latine dans son ensemble ; romanesque en diable, nourrie de grandes histoires (et ancrée à une forte Histoire aussi du reste), charriant des personnages épiques dont le sort jamais simple est de nature à aller vers l’universel. Récits colorés, dont la part de flamboyance plus ou moins appuyée, confine parfois à un certain baroque inhérent à la culture de ces pays-là. Le roman de Padura a de tout ça un peu, sauf sans doute le côté baroque. Il y a, au rebours, des éléments de littérature américaine du nord, l’intime des personnages qui dirige le récit, et un aspect road-movie par le recours systématique aux lieux géographiques, traités comme autant de personnages.

Les Répétitions et autres nouvelles inédites, Silvina Ocampo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 09 Juin 2023. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Les Répétitions et autres nouvelles inédites, Silvina Ocampo, éditions Des femmes-Antoinette Fouque, avril 2023, trad. espagnol (Argentine), Anne Picard, 288 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

La maison de l’enfance

Silvina Ocampo (née en 1903 à Buenos Aires, id. décédée en 1993) est une poétesse et une novelliste issue d’une famille aisée de l’élite aristocratique argentine. Elle va avoir l’opportunité d’étudier le dessin et la peinture à Paris sous la direction de Giorgio De Chirico et de Fernand Léger. En fréquentant le milieu artistique, elle composera ses premiers essais littéraires. Elle épousera Adolfo Bioy Casares, autre écrivain argentin, en 1940. Les Répétitions est un recueil inédit, un volume qui rassemble, dans un ordre chronologique de 1936 à 1989, 24 nouvelles et deux romans courts.

Curieuse, presque effrayante est la maison du passé, la maison de l’enfance décrite par l’auteure, dans laquelle « les rosiers sont couverts de toiles d’araignées » et où se trouvent « dans la même serre (…) des plantes prisonnières au milieu de verre brisé » – « la haute maison orangée qui, les jours d’orage, brille au milieu des arbres en virant au rouge ». L’univers de Silvina Ocampo baigne dans l’onirisme, le fantastique et le déterminisme psychique, l’exploration de l’inconscient. Les croyances païennes, la religion catholique et le surréel catapultent les souvenirs familiaux, prosaïques ou merveilleux :

Colombian Psycho, Santiago Gamboa (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 16 Mai 2023. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Colombian Psycho, Santiago Gamboa, Métailié, mars 2023, trad. espagnol, François Gaudry, 592 pages, 23 € . Ecrivain(s): Santiago Gamboa Edition: Métailié


Après Des Hommes en noir, traduit et publié aux Editions Métailié en 2019, Colombian Psycho est le second volet des enquêtes d’Edilson Jutsiñamuy, un procureur colombien originaire de l’ethnie indigène Huitoto et d’une journaliste d’investigation, Julieta, flanquée de son assistante Johana, une ex-guérillera des FARC.

« Une main solitaire émergeait de la terre, comme si elle s’était lassée de reposer au milieu des cailloux et des fourmis et voulait indiquer quelque chose. Ou dire simplement : Je suis là, maintenant vous devez m’écouter. /…/ Une sombre fleur au milieu de l’herbe et de la pierraille. Tels ces crabes noirs qui, sur l’ile de la Providencia, descendent pour pondre au bord de la mer et s’arrêtent en chemin, surpris par la lumière.

Une main abandonnée, poing fermé. Une tarentule immobile indiquant quelque chose ».

Chasse à l’homme, Alejo Carpentier (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 21 Mars 2023. , dans Amérique Latine, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Chasse à l’homme (El acoso, 1956), Alejo Carpentier, Folio Bilingue, 2014, trad. espagnol (Cuba), René L. F. Durand, 284 pages, 7,80 € . Ecrivain(s): Alejo Carpentier Edition: Folio (Gallimard)

 

La volonté du titre français de tirer ce roman vers le roman noir n’est pas totalement erronée. Carpentier, fasciné par le polar tant en romans qu’au cinéma, donne pleinement à ce roman le rythme, le cadre, le thème d’un pur roman policier. Cependant « l’homme traqué » eût été à la fois plus proche du titre original « El acoso » et surtout évocateur du halètement, de l’oppression qui pèsent de bout en bout sur le personnage principal et – par là-même – sur le lecteur. L’écriture de Carpentier, baroque, explosive, flamboyante mène tambour battant cette traque d’un homme devenu la cible du pouvoir dictatorial qui régit alors Cuba sous le régime de Machado (1925-1933). Le roman est écrit dirait-on pour pouvoir tenir narrativement dans le temps exact de l’exécution de la Troisième Symphonie de Beethoven, L’Héroïque, soit environ 45 minutes, dans la salle des concerts de La Havane où elle est donnée. Attachement ancien de Carpentier au compositeur allemand qu’il évoquera de nouveau dans Le Partage des eaux avec la Neuvième symphonie.