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Articles taggés avec: Gosztola Matthieu

Viges, Christophe Lamiot Enos

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 16 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Flammarion

Viges, 2016, 309 pages, 19 € . Ecrivain(s): Christophe Lamiot Enos Edition: Flammarion

 

Vibrant recueil (vibration qui choit du livre et nous fait vivre, vibration qui émane du, de&tenue, tenue ensemble).

Recueil (vrai mot). Plein, tout plein de la vibration de la vie : cette « moisson » « vécue » à jamais « infinie » (réveillée) dans son « fini » « finissant » (conscience, faits).

Première citation : Gertrude Stein : We feel we feel

Les moments vécus par l’auteur, moments remarquables (même les infimes le sont, quand le cœur s’y est mis, quelque), ces moments sont clairement restitués. Nous sont donnés.

Clairement : au moyen de la musique verlainienne, subtile&entêtante, correspondant à un phrasé&à un quotidien, à un dicible&à un ineffable (le ressenti est son propre langage), au moyen de

Cette musique véhiculée par le vers (goût profond pour l’impair).

Ainsi (par exemple) : 9/9/3

Œuvres complètes, Louis-René des Forêts

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Gallimard

Œuvres complètes, Louis-René des Forêts, Gallimard, coll. Quarto, juin 2015, présentation de Dominique Rabaté, 1344 pages, 28 € . Ecrivain(s): Louis-René des Forêts Edition: Gallimard

 

Le style est-il façon qu’a un écrivain d’exhausser le sens, en permettant à ce dernier d’arriver, par ce biais, par ce tour de force, à maturation, en lui permettant d’être et senti et cueilli et goûté, et goûté et cueilli et senti et ressenti ? Le style est-il cette force par quoi un propos d’intelligibilité devient nécessité ? Nécessité rudoyant les convenances, les topoï, tant il est vrai que tout style piétine (mais avec la précision que vit un danseur en dansant), piétine et saccage, doctement saccage ce qui devrait être, ce qui doit être. Les horizons d’attente, les dogmes, les schèmes…

Le style, c’est cette sauvagerie-là, superbe dans sa tenue, maintenue qu’elle est loin des broussailles des heurts propres aux affects ? Oui, répond Louis-René des Forêts, en chacun de ses livres. Et il ajoute : le style est ce par quoi l’homme est homme, en se hissant à hauteur de son humanité, qui est précision extrême du souffle autant que rythmique savante propre au regard, qui est tendresse exigeante du ressenti autant que violence virtuose du souvenir. Le style est cette humanité atteinte par quoi l’homme est, devient.

Soleil patient, Gabrielle Althen

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 25 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arfuyen, Poésie

Soleil patient, juin 2015, 144 pages, 14 € . Ecrivain(s): Gabrielle Althen Edition: Arfuyen

 

 

Dans Soleil patient, Gabrielle Althen nous invite à vivre autrement le vent, les forêts : ce bal. « Le vent venait à moi / Lissant les arbres / Et me donnant raison ». « Amulette à mon cœur / Oiseau précis de ma sécurité / Dans le bal admirable du vent / J’ai visité le monde ». « [C]’est grand bal parmi les jeunes arbres ». L’auteure nous invite à vivre autrement cette nudité : « Au travers du sous-bois / Les anges vont sans perles ».

Et si l’effroi est chevillé au cœur, en ces temps – eau démesurément troublée –, y compris lorsque l’on déambule avec ses souvenirs, avec ses souvenirs d’avant les souvenirs, parmi les chênes, parmi les hêtres, parmi les bouleaux, parmi les châtaigniers, parmi les charmes, et les pins, et les sapins, et les saules, et les épicéas (« Pourquoi l’effroi va-t-il au bois ? »), rejoindre la mer, rejoindre ce bleu, vivant psaume : « [l]e monde commence ici avec son air de tissu bleu » ; « [l]e bleu habite sur la terre ».

Georges Bernanos en La Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 23 Janvier 2016. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Roman

Georges Bernanos, Œuvres romanesques complètes suivi de Dialogues des carmélites. 2 tomes . Ecrivain(s): Georges Bernanos Edition: La Pléiade Gallimard

 

En son œuvre romanesque (magnifiquement rééditée aujourd’hui dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade), Bernanos (et c’est ce qui frappe aujourd’hui) interroge le moment acméique de la vie selon Jean Grosjean, celui qui se tient au plus haut sur la crête du sens et de la nécessité : le mourir.

Cette mort peut être subie ou choisie comme l’on choisirait une branche de houx pour la placer (étrangement) en un vase que le temps nous aurait confié, par l’entremise de la présence aimée de quelque grand (ou arrière-grand) parent.

Elle peut être subie ou choisie pour que soit épousé l’éphémère (l’éphémère qui est, invariablement, ce qui repart, ce qui renaît), ainsi que l’a théorisé à sa façon Rutger Kopland dans Songer à partir (poèmes traduits du néerlandais par Paul Gellings) : « Un feu dans la nuit, flambe, / hésite, et couve soudain / sous la cendre. // La musique d’une guitare, cette / danse, et tout à coup / des murmures. // Les champs à l’aube, des nuées d’oiseaux / voltigeant un instant, et puis / ils se posent. // Songer à partir, / à disparaître ».

Entretien avec Bernard Pignero

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 14 Janvier 2016. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

 

Embruns paraît aujourd’hui aux éditions Encretoile. Quelle a été la genèse de ce roman ?

 

Quand une nouvelle ne fonctionne pas bien, quand, en particulier, elle appelle plus de développements, je l’utilise pour essayer d’en faire un roman. C’était déjà le cas pour Les mêmes étoiles, c’est à nouveau ce qui constitue la genèse d’Embruns. Quant à savoir ce qui était à l’origine de cette nouvelle dont je n’étais pas satisfait, il m’est impossible de le dire. Une nouvelle peut naître d’un mot, d’une réminiscence, d’un rêve… D’une manière générale, je ne pars pas d’un sujet précis, encore moins d’un plan. Ecrire, pour moi, c’est découvrir ce que je pense, ou plutôt ce qui n’est pas encore pensé et demande à l’être. Il m’est arrivé plusieurs fois de supprimer un premier chapitre qui n’avait plus sa place dans le roman qui était en train de s’écrire. Il m’avait pourtant servi de tremplin pour me lancer. Pour Embruns, les premières pages ont déterminé la suite. Elles étaient assez solidement ancrées dans une nécessité intérieure pour que tout le récit puisse s’y accrocher et se dévider naturellement.