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William Faulkner, Nouvelles, Tome VI en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 25 Mars 2017. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Critiques, Nouvelles, USA

William Faulkner, Nouvelles, édition de François Pitavy, 16 Mars 2017, 74€ (67€ en 2017) . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: La Pléiade Gallimard

 

Pour Léon-Marc Levy

 

« Avant que nous n’ayons atteint le village, la cloche avait commencé de sonner. Les notes cadencées qui sortaient du clocher dépouillé de l’église paraissaient s’envoler librement dans le vent comme d’une branche en hiver. Dès le soleil couché le vent se mit à souffler. Nous regardâmes le soleil toucher la cime des montagnes, puis le ciel perdit la vivacité de son bleu pâle et prit une teinte légèrement verdâtre, comme du verre, sur laquelle se découpa, noire et nette, la crête que nous venions de quitter, où s’estompait déjà la chapelle avec sa poignée de fleurs séchées au pied du crucifix qui disparaissait » (Mistral, II, p. 929-930)

 

Les nouvelles de Faulkner sont nombreuses : leur composition, depuis « Atterrissage risqué » (1919) jusqu’à « Poursuite au matin » (1955), couvre trente-cinq années.

Embruns, Bernard Pignero

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 17 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Embruns, Encretoile éditions, 165 pages, 17 € . Ecrivain(s): Bernard Pignero

Louis-René des Forêts invite le lecteur dans Ainsi qu’il en va d’un cahier de brouillon plein de ratures et d’ajouts… à « mettre en doute l’omnipotence communément accordée au verbe, ce verbe qui, sous une forme abâtardie, mais jouant de son vieux prestige et disposant d’instruments tout neufs de diffusion, déverse à satiété sur le monde déjà saturé un flot d’éloquence creuse plus propre à l’obscurcir qu’à l’éclairer ».

Comment ne pas prendre acte de ce constat ? Mais encore faut-il, pour les romanciers français, apporter une réponse à celui-ci, sans divorcer d’avec le verbe : en continuant d’être chevillés au corps du français, sans instaurer d’arythmie dans les mouvements complexes, historiquement évolutifs, de cette langue. De son cœur.

L’œuvre romanesque de Bernard Pignero est une claire réponse apportée à la féconde mise en doute qu’a formulée des Forêts, et qu’avaient déjà formulée en leur temps Paul Valéry et Alfred Jarry. Dans une simplicité qui est le fruit et d’une longue maturation et d’un savoir-faire acquis grâce à l’approfondissement de la pratique de la nouvelle (cf. L’œil nu paru chez HB éd. en 1998), Pignero peint des personnages par petites touches, avec un souci du détail et de la vraisemblance qui confine à l’éthique, afin de faire affleurer leur humanité, ce soleil fait d’ombres. Afin de la faire doucement affleurer : sans jamais brusquer le lecteur, sans jamais donner raison aux heurts qui ne sont pas ceux de la vie.

Premiers écrits chrétiens en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 08 Février 2017. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Anthologie, Les Livres, Critiques

Premiers écrits chrétiens, octobre 2016 Edition: La Pléiade Gallimard

 

Les écrits présentés dans ce volume permettront au lecteur de « se forger une idée de ce que furent les premières générations chrétiennes ». Ils ont été composés entre les années 90 et les alentours de 200. « Cela commence avec des hommes qui ont connu les apôtres et qui, après la disparition de ces derniers (disons vers l’an 70), veillent à leur tour sur des communautés de croyants. Cela finit avec des hommes qui ont fréquenté des disciples directs des apôtres. Clément de Rome fut proche de Pierre. Irénée de Lyon se réclamait de Polycarpe de Smyrne, qui lui-même avait connu Jean ».

Voilà pour le temps. Que dire de l’espace ? « Le cliché du christianisme comme “religion de l’Occident” fait oublier qu’il s’agit, à l’origine, d’un mouvement implanté surtout dans le bassin oriental de la Méditerranée ». Le message chrétien se diffuse d’abord « sur la côte syro-palestinienne, en Anatolie et en Grèce ». Rome, « gagnée sans doute dès les années 40, fait figure de tête de pont ».

La beauté du monde La littérature et les arts, Jean Starobinski (2nde critique)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 29 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Essais, Gallimard

La beauté du monde La littérature et les arts, édition de Martin Rueff, juin 2016, 1344 pages, 30 € . Ecrivain(s): Jean Starobinski Edition: Gallimard

 

Une centaine d’études, où brille une « exigence de clarté et de partage », composées sur plus de soixante ans et ayant trait aux arts. La littérature, d’abord : Baudelaire, Bonnefoy, Celan, Char, Jaccottet, Jouve, Kafka, Mallarmé, Valéry… Mais aussi les arts de l’œil : Balthus, Füssli, Goya, Michaux, Ostovani, Sima, Van Gogh… Mais aussi les arts de l’oreille : Mahler, Monteverdi, Mozart…

Si ces études se trouvent rassemblées sous le titre La beauté du monde, c’est parce que « la littérature et les arts répondent à la beauté du monde et le critique, premier lecteur, spectateur et auditeur, célèbre la réponse de ceux-là pour chanter celle-ci » (Martin Rueff).

Répondre… Ainsi que le constate Marsile Ficin dans son commentaire sur le Banquet de Platon (V, 2), « le mot grec kallos signifie en latin beauté. La beauté est donc cette grâce elle-même de la vertu, de la figure ou de la voix qui appelle et attire l’âme vers elle – ad se vocat et rapit ».

Les poétiques de l’épopée en France au XVIIe siècle, textes choisis, présentés et annotés par Giorgetto Giorgi

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 21 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Essais, Editions Honoré Champion

Les poétiques de l’épopée en France au XVIIe siècle, textes choisis, août 2016, 578 pages, 95 € . Ecrivain(s): Giorgetto Giorgi Edition: Editions Honoré Champion

L’épopée, les doctes français de la Renaissance ont voulu, du fait de leur goût profond pour l’antiquité classique, la voir revivre et l’ont placée, à la suite des théoriciens italiens, au sommet de la hiérarchie des genres. Et si ce genre a connu un « épanouissement considérable » durant le Grand Siècle, c’est également du fait de la profonde influence qu’a exercée le Tasse, lequel a « codifié le poème héroïque chrétien et illustré cette codification dans la Jérusalem libérée, dont la fortune a été remarquable, du moins jusqu’à L’Art poétique de Boileau » (qui contient une sévère condamnation de la poésie chrétienne). En s’inspirant de la Jérusalem libérée, bien des théoriciens et/ou poètes ont donné une interprétation allégorique du récit épique, le but de l’épopée, selon la quasi-totalité des poétologues du Grand Siècle, étant « d’instruire et d’édifier ».

Ainsi, il faut signaler que la riche production, en France, durant le dix-septième siècle, de poèmes héroïques (très majoritairement écrits en alexandrins à rimes plates) a été accompagnée d’une « importante réflexion poétologique sur ce genre narratif (élaborée soit par les auteurs des poèmes, soit par des théoriciens de la littérature, dont certains ont écrit en latin), sans conteste incomparablement plus vaste que celle qui a été conduite, à la même époque, dans les autres pays européens ».