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Articles taggés avec: Ferron-Veillard Sandrine

Haute résolution (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 23 Janvier 2024. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Tu n’as décidé qu’une seule chose cette année, tu dis oui à la vie. Tu ne diras plus jamais non. Tu dis oui à toutes les opportunités, à toutes les rencontres, à toutes les épreuves. Prends garde. Car l’Univers avec une majuscule va exaucer tes vœux.

Première aventure, ton partenaire (genre neutre. Mot actuel pour désigner la seconde entité du couple) depuis six mois, avec qui tu crois filer le parfait amour, vient de t’annoncer qu’il est polylovers. Polyquoi ? Tu n’es pas la seule sur son profil WhatsApp-agenda-galerie photo. Tu es une femme, il est un homme. Sept polycopies dans le salon pour ne pas dire dans le lit. Polygame, si tu préfères. Et t’as de la chance, ce n’est pas en simultané. Réjouis-toi, car toi t’es unique. Naturellement. Une par soir. Il faut de l’organisation et beaucoup d’énergie, t’es d’accord. Tu pleures ou tu restes, tu pleures aussi et t’attends ton tour. Tu dis oui à la vie, souviens-toi. Tu te documentes, tu regardes des séries sur Netflix. Me, You, Her. Tu t’instruis, tu essayes de comprendre, tu apprends des nouveaux mots. La compersion. Question de valeurs ou de convictions. Je t’expliquerai.

Au Temps des papillons (In the Time of the Butterflies, 2019), Julia Alvarez (parJeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 22 Décembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Amérique Latine, Roman

Au Temps des papillons (In the Time of the Butterflies, 2019), Julia Alvarez, Métailié, 1997, version française, 350 pages

 

Pourquoi survivre ? Pourquoi elle et pas une autre ?

Endurer jusqu’à sa mort le deuil de ses trois sœurs, les sœurs Mirabal, ce livre est dédié à Dedé. Elle, elle a survécu. En République Dominicaine, elles sont les sœurs Mariposas. Leur nom de code. Quatre papillons vantés pour leur courage, leur beauté et leur intelligence.

Patria Mercedes Mirabal, née le 27 février 1924 en République Dominicaine, assassinée le 25 novembre 1960.

Belgica Adela Mirabal, née le 29 février 1925 en République Dominicaine, dite Dedé, décédée en 2014.

Minerva Mirabal, née le 12 mars 1926 en République Dominicaine, assassinée le 25 novembre 1960.

Maria Teresa Mirabal, née le 15 octobre 1935 en République Dominicaine, assassinée le 25 novembre 1960.

ON AIR (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 14 Décembre 2023. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning !

As-tu passé dix-sept heures dans un aéroport, à vider les testeurs de parfums et les échantillons de crèmes, à cent dollars les 30 ml ; deux heures, assis, dans un avion sur le tarmac pour finalement être débarqué, réembarqué sept heures plus tard, trois jours et quatre avions pour traverser les États-Unis et trois nuits en chien de fusil dans trois aéroports à réciter des mantras en élaborant des scénarios de meurtre ?

Voilà à quoi ressemble le monde merveilleux des vols intérieurs américains. Dédommagements, hébergements, bons repas, que nenni, ça, c’est si tu as le temps de faire la queue au service commercial de ladite compagnie aérienne qui pratique le débarquement, le surbooking, le burn-out, le work-more/win-less et toutes les réjouissances du low-cost. Slogan subliminal, Tu ne sais pas quand tu pars, tu ne sais pas quand tu arrives, si c’est toi ou ta valise qui part.

Chantier interdit au public (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 19 Septembre 2023. , dans La Une CED, Ecriture, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Vous aimez les petits trains ou les petites voitures, n’est-ce pas, comme celles que vous poussiez enfant, sur le tapis dans votre chambre, couleur béton, en imitant les bruits du moteur. Ou les petits camions. Les engins de chantier comme la grue, la pelleteuse, le bulldozer ou le rouleau-compresseur, pour bâtir votre petit monde à votre hauteur et en toute légalité.

Ici, à Miami, pas de petits trains. Des petites voitures, des petits camions et des borborygmes. Des machines à profusion. À Miami, c’est le terrain de jeux, taille adulte. Ou le bac à sable. Ici, les chantiers ne s’arrêtent jamais. Nuit et jour. Le béton grimpe. Les stars architectes gravent leur nom dans la pierre, l’idée n’est pas nouvelle, ils comblent les trous dans le sol et plus personne, pas même les gosses, ne jouent dedans. Ici, on fore, on drague, on ne rénove pas, on rase et on refait en mieux. Ça coûte moins cher. Investissement à moyen terme, bénéfices à court terme, le long terme, c’est bon pour le virtuel. Miami sous les eaux d’ici un demi-siècle, on modélise mais au fond personne ne veut vraiment y songer. Du rêve, du soleil, du sable et du vent. Point. Les plages seront vidées de leur sable, ratissées jusqu’à l’écorce pour bâtir les immeubles, lesquels immeubles seront rendus à Mère Nature, désagrégés dans cinquante ans. Merci. Retour à la case départ.

Betty, Tiffany McDaniel (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 15 Septembre 2023. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Roman, USA, Gallmeister

Betty, Tiffany McDaniel, éditions Gallmeister, 2020, trad. américain, François Happe, 480 pages

 

J’ai volontairement laissé le livre derrière moi. Pour ne pas être tentée de le citer, par passages. Pour le plaisir de la décantation. J’ai repensé aux toiles d’Anselm Kiefer qui vivent à l’extérieur, des jours, des mois, des années sans que le peintre ne les retouche. Afin que toute chose du monde s’y dépose. Pour l’empreinte et l’altération. Ou l’innocence corrodée.

Le livre est resté aux Samoa américaines. Sur l’île de Tutuila où je suis restée trente jours. Et je n’ai pris aucune note. J’ai voulu me souvenir. Page après page. Du visage de Betty. Comme celui de chaque femme et de chaque homme, aux Samoa, qui ont placé entre mes mains un fragment de leur île. J’ai songé à Betty, à son enfance relatée, ses pages d’écriture. À tout ce que l’on enfouit, ce que l’on apprend et qu’un voyage désapprend. Ou confirme. Le début. La fin. Trop précipité ou trop autoritaire.