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Articles taggés avec: Ferron-Veillard Sandrine

Blizzard, Marie Vingtras (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 22 Octobre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, L'Olivier (Seuil), Roman

Blizzard, Marie Vingtras, Éditions de l’Olivier, août 2021, 181 pages, 17 € Edition: L'Olivier (Seuil)

 

 

Tout lire, lire la moindre lettre, y associer une autre et n’en gâcher aucune. Le premier mot d’un livre. Son titre. Les numéros de pages n’apparaissent pas encore, je m’installe, il est 8 heures du matin, à l’intérieur d’une brasserie, la terrasse comme ligne d’horizon. Il fait beau, il fait froid.

L’Alaska. Le blizzard.

Une brasserie, un boulevard, une capitale. Je veux commencer tôt la lecture, être éprise, surprise et me jeter d’emblée dans ce blizzard, à cette heure où les êtres ont le dos voûté, faisant face à la ville. À l’intérieur, deux tables occupées, et au comptoir, des cafés avalés en deux coups de tête, le comptoir pour support, à la rigueur Le Parisien et ses titres. L’émotion et trois lignes de clients qui se succèdent.

Une histoire de la naissance, René Frydman (par Sandrine-Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 24 Septembre 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Grasset

Une histoire de la naissance, René Frydman, Grasset, en coédition avec France Culture, juin 2021, 280 pages, 20 € Edition: Grasset

 

Identifier le projet d’abord, ce que l’auteur a voulu restituer ensuite. Et se garder de mettre un je immédiat, du je, d’émettre un avis. Écrire à propos de la naissance, c’est faire naître la naissance, non point le départ mais ce qui nous est commun à tous. Ce qui nous distingue. Nos rites, nos mythes, nos superstitions, nos coutumes. Nos usages fondateurs. Notre devenir. Entrer dans le naos de l’intime. Un livre donc n’y suffira pas, aussi précis et organisé soit-il, lequel prolonge et reprend La Naissance, Histoire, cultures et pratiques d’aujourd’hui, que René Frydman a écrit avec Myriam Szejer en 2010, publié chez Albin Michel.

Il faudrait au moins un musée. Soit. Un musée de la naissance.

Bélibaste, Henri Gougaud (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Points

Bélibaste, 291 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Henri Gougaud Edition: Points

 

« Guillaume Bélibaste et tous ceux qui peuplent ce livre vécurent en ces temps de débâcle. Ils furent des gens de chair et de sens, non point comme vous et moi, car aucune vie n’est à une autre comparable, mais comme Dieu, ou le hasard, les fit ».

Nous connaissons la langue d’Henri Gougaud, la musique qui s’y loge, chaque mot dans son ton et entre, son essence. Sa partition. Chacun porte une image en mouvement et en fait son icône.

Le père. La première figure. Le quartier de pomme à la pointe du couteau. Les gueules des frères Bélibaste et le cadet, Guillaume. La maison de pierres. Les sécheresses meurtrières. XIIIe siècle, Sud-Ouest, Pays Cathare. Un meurtre.

Menacé d’être dénoncé, pour le meurtre ou la foi qu’il n’a pas, Guillaume doit fuir. De Cubières à Rabastens. Entre les gens d’armes et les gens d’église. « Misérables honneurs qui firent des docteurs du Christ des mercenaires du diable ! ».

A hauteur d’enfant (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 24 Juin 2021. , dans La Une CED, Ecriture

 

Peut-être que ça commencerait comme cela. Un matin. Le vent viendrait du Nord, un merle se poserait sur le rebord de la fenêtre d’une école Montessori. Gazouillis et trilles. À proximité, un parc. Gaby.

Gaby arrive à huit heures et demie, voire davantage. Sa mère est encore en retard. Sa mère est essoufflée. Gaby ne pleure pas, ne pleure plus maintenant quand sa mère repart. Sa mère devant l’entrée de l’école. Sa mère derrière la grille qui n’est déjà plus derrière. Une grille qui grince. Devant l’éducatrice, dire Bonjour, c’est ainsi qu’elle s’appelle la dame qui s’occupe des vingt-six autres enfants arrivés avant huit heures et demie. Vingt-sept enfants âgés de trois à six ans. L’assistante, c’est la deuxième dame qui aide la première dans l’ambiance et l’ambiance c’est le nom de la salle de classe de Gaby.

Le Train des enfants, Viola Ardone (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 08 Avril 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Italie, Roman

Le Train des enfants (Il Treno dei bambini, 2019), Viola Ardone, janvier 2021, trad. italien, Laura Brignon, 292 pages, 19,90 € Edition: Albin Michel

 

Les pieds dans des chaussures. L’odeur et la forme. L’empreinte. À hauteur d’enfant. Parce que les enfants voient d’abord les pieds des adultes. Amerigo Speranza a sept, presque huit ans. Une vie en cinquante-trois chapitres. Du Sud au Nord de l’Italie. Père inconnu. La mère, Antonietta, elle est belle. Une voix de contrebasse. Belle parce que les enfants entendent ce que disent les hommes d’elle. Et le père est parti, ou reparti en Amérique, une fois la seconde guerre mondiale terminée. Terminée. Ça, c’est l’histoire qu’elle raconte à Amerigo.

« Les femmes, elles, marchent sans honte et traînent deux, trois, quatre enfants par la main. Moi je suis fils unique, vu qu’avec mon frère Luigi on n’a pas eu le temps de se connaître. On n’a pas eu le temps avec mon père non plus, je suis né en retard sur tout le monde ».