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Articles taggés avec: Ayres Didier

L’Usage de l’imparfait, Maxime H. Pascal (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 24 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

L’Usage de l’imparfait, Maxime H. Pascal, éditions Plaine Page, coll. Calepin, juillet 2019, 170 pages, 15 €

 

Poésie de la menace

C’est grâce à une écriture acérée, voire acide parfois, que peut se rendre accessible ce livre singulier, lequel, sans doute, est conçu pour être proclamé. Et le mot acidité va bien sous ma plume, car il est question dans le sous-texte de l’ouvrage de la menace qui pèse sur notre planète, et ainsi en partie d’une déploration de « l’acidité » des sols soumis au fracas de la pollution. Bien sûr, ce n’est là qu’une façon de faire avancer ces lignes, sachant d’ores et déjà que le recueil dresse un constat, et que le fond et la forme de cet Usage de l’imparfait se déploient autour des questions du réchauffement climatique, des catastrophes industrielles, de l’accumulation dangereuse des déchets, des méfaits des produits toxiques. L’imparfait est le temps d’une vision d’aujourd’hui qui s’adresse aux temps à venir – ce qui pousse le présent vers le passé – et se comprend comme l’imperfection de nos conduites à l’égard de l’équilibre de la nature. De cette façon, cet opuscule tient ensemble à la description des effets de la pollution, et à engendrer une littérature poétique. Quant à L’Usage, là aussi nous pouvons disserter.

Mots, Philippe Jaffeux (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Dimanche, 15 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Mots, Philippe Jaffeux, éd. Lanskine, mai 2019, 176 pages, 20 €

Littérature de l’apparition

Pour donner mon sentiment personnel au sujet de la lecture du dernier livre de Philippe Jaffeux, je prendrai appui sur une métaphore. Celle qui image la force nécessaire pour grimper sur une paroi avec juste quelques points saillants permettant l’escalade, auxquels il faut faire confiance et lire l’ouvrage comme on le ferait d’une description d’un édifice, comme un historien de l’art s’appropriant une architecture. Disons pratiquer une espèce de varappe intellectuelle très stimulante et énergique, pour suivre l’auteur dans cette littérature des possibles, de l’offre, écrit dans un style, disons, ascensionnel, qui joue sur le pouvoir de l’emportement dans une ivresse comparable, si je file la métaphore, à celle des sommets. Pour ce faire, j’ai pris beaucoup de notes en bas de page de ma lecture. Oui, une littérature de l’expérience intérieure, en sa profusion d’indications complexes, où l’on voit l’auteur chercher son souffle et parvenir à emporter le liseur dans sa propre psyché, cherchant lui-même à son tour la voie vers l’intellection du propos. Pour me résumer, je dirais, comme le laisse supposer le titre de cette chronique, que c’est bel et bien une littérature qui laisse apparaître, qui détoure les questions et interroge tout en laissant distinguer où le poète se situe et situe ainsi son auditoire.

Blancs, Brigitte Mugel ; Je te massacrerai mon cœur, Philippe Thireau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Blancs, Brigitte Mugel ; Je te massacrerai mon cœur, Philippe Thireau ; éditions PhB, 2019, 10 €

 

J’ai hésité à intituler cette présentation succincte de deux livres que publient les éditions PhB récemment, en questionnant la douleur d’être, qui, me semble-t-il, est inhérente à la personnalité d’un poète. J’ai fini par rassembler mes idées sous l’égide de la fondation, ce qui revenait à dire l’objet réel de mon sentiment. Car c’est bel et bien ce que je retiens des deux lectures des poèmes de Brigitte Mugel et de Philippe Thireau : quelles sont les fondations d’un poète ?

Je me pencherai tout d’abord sur Blancs, livre qui débute sur une série de poèmes qui utilisent le substantif : tête. Donc l’endroit où siège l’intellect, et aussi où habite l’âme, en tous cas, l’esprit de la poétesse. Est-ce conscience de la mort ? est-ce le siège de l’amour ? est-ce une description du corps ? Toutes ces notions se mélangent pour aboutir à ce mot qui revient essentiellement au début du recueil : la tête. Et peut-être est-ce cela qui permet de rentrer dans la matière du poème, rentrer par la tête donc par la partie anatomique qui assure techniquement la possibilité de la lecture.

Départ volontaire suivi de Kadoc, Rémi De Vos (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 02 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Départ volontaire suivi de Kadoc, Rémi De Vos, Actes Sud Papiers, mai 2019, 208 pages, 18 €

 

Le travail, la folie

Kadoc pour K.doc

Le genre de l’écriture théâtrale est un domaine plastique qui accueille, au moins depuis Shakespeare, une nomenclature variée de thèmes et de formes. Ici, avec cette commande faite de la Comédie Française à l’auteur dunkerquois, on pourrait ranger ce texte sous l’étiquette de la comédie, mais d’une comédie grinçante et implacable à la manière de cette folie douce qui déborde dans les Chaises de Ionesco là où les personnages sont censés exister, mais ne sont que des émanations de l’esprit morbide d’un couple de curieux marginaux. Ou encore, dans l’absurdité de l’imaginaire de Kōbō Abe qui, dans une de ses pièces met en scène une famille qui envahit le tranquille appartement d’un japonais moyen, et qui prend le pouvoir sur sa vie.

Pierres de rêve avec paysage opposé, Michèle Métail (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Août 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Pierres de rêve avec paysage opposé, Michèle Métail, éditions Lanskine, avril 2019, 56 pages, 14 €

 

Réfléchir, reflets

Il m’arrive peu de différer longuement entre la lecture d’un livre auquel je me suis promis d’écrire une recension, et l’écriture à proprement dite de cette note de lecture. Ici, ce sont plus de quinze jours sur lesquels repose mon dernier regard sur ces Pierres de rêve, non pas à cause d’une sorte de paresse ou de désintérêt éprouvé pour le livre, mais à cause d’une maladie chronique qui m’a éloigné de presque tout en matière d’écrire. Je dis cela pour expliquer quand même la force qui m’a poussé à chroniquer ce livre de Michèle Métail, sorte de volonté qu’autorise cet ouvrage, facile d’accès, mais complexe dans son architecture. Je me suis donc attaché dans ces deux moments – lire et écrire – à regarder de près la fabrication du recueil, qui à droite comprend le texte, et sa version pour miroir à gauche – ce qui n’est pas une anecdote. Lecture en miroir, et lecture disons, droite, s’entraident pour donner à penser le voyage de l’autrice à Taiwan où elle a regardé de près les miroirs convexes qui articulent les paysages et les routes, comme en une sorte de miroir de Lorrain.