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Roman

By the rivers of Babylon, Kei Miller (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 17 Novembre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zulma

. Ecrivain(s): Kei Miller Edition: Zulma

 

Après L’authentique Pearline Portious (The Last Warner Woman, 2010) l’année dernière, c’est le dernier roman de Kei Miller que Zulma nous offre avec ce By the Rivers of Babylon (Augustown, 2016). Disons-le tout de suite, c’est un bien séduisant cadeau de rentrée. De la Jamaïque – voire de l’ensemble des Caraïbes – nous connaissons plus de musiciens, voire de sportifs, que de poètes ou d’écrivains anglophones, peut-être parce que, de langue anglaise, ils sont noyés dans la masse de la littérature anglo-saxonne.

Né en 1978, Kei Miller n’est cependant pas tout à fait un débutant et a commencé à publier dès 2006 avec un recueil de nouvelles (short stories), Fear of Stones and Other Stories. Depuis ont suivi quatre recueils de poésie, trois romans et un volume d’essais et prophéties. Il reste pour nous un auteur à découvrir.

Et au milieu coule une rivière, Norman MacLean

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Novembre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Rivages

Et au milieu coule une rivière, novembre 2017, trad. américain Marie-Claire Pasquier, 174 pages, 19 € . Ecrivain(s): Norman MacLean Edition: Rivages

 

La rivière du sixième jour, l’étrange et beau titre original français de ce roman mythique, rend bien compte d’une dimension essentielle de l’œuvre, la dimension biblique. Elle traverse ce roman de part en part, dès l’incipit, inoubliable, qu’il faut citer en intégralité :

« Dans notre famille, nous ne faisions pas clairement la distinction entre la religion et la pêche à la mouche. Nous habitions dans l’ouest du Montana, au confluent des grandes rivières à truites, et notre père, qui était pasteur presbytérien, était aussi un pêcheur à la mouche qui montait lui-même ses mouches et apprenait aux autres à monter les leurs. Il nous avait expliqué à mon frère et moi, que les disciples de Jésus étaient tous des pêcheurs, nous laissant entendre – ce dont nous étions persuadés tous les deux – que les meilleurs pêcheurs du Lac de Tibériade étaient tous des pêcheurs à la mouche, et que Jean, le disciple préféré, pêchait à la mouche sèche ».

Des châteaux qui brûlent, Arno Bertina

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 15 Novembre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Verticales

Des châteaux qui brûlent, août 2017, 424 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Arno Bertina Edition: Verticales

 

En soixante-treize stations, le roman de Bertina dépiaute au scalpel le monde d’un abattoir de volailles, à l’heure où les bilans économiques sont désastreux, à l’heure où le secrétaire d’Etat, invité pour évoquer la chose avec les ouvriers, se fait tout simplement séquestrer.

Le temps d’une semaine d’occupation des lieux, les salariés, le secrétaire d’Etat, l’assistante du ministre, le préfet, son conseiller, les membres du GIGN, exposent points de vue, réactions, installent dans les lieux occupés une « autre vie », un autre rythme.

Pour asseoir une narration complexe, autour d’une douzaine d’intervenants (Pascal Montville, le séquestré ; Gérard, Christiane, Hamed, Sylvaine, Witek, etc., salariés ; Céline Aberkane, conseillère du ministre), narrateurs d’une portion de temps et d’espace, l’auteur a pris le risque d’émietter la vision mais a peut-être enlevé la mise d’une exploration minutieuse, chorale et multiple de situations sociales toujours près d’être agressives, explosives.

Jamais, Véronique Bergen

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 15 Novembre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Tinbad

Jamais, novembre 2017, 126 pages, 16 € . Ecrivain(s): Véronique Bergen Edition: Tinbad

 

Paradoxalement là où la voix se ferme et s’éteint, Véronique Bergen ouvre des possibles. Ecrivant ce récit, l’auteur est pris par quelque chose qui vient du plus profond, du plus fort, et qui ramène à la sidération, de déprise et en reprise, dans le mouvement de l’écriture. Ici la voix de la mère juive exilée et débordée par les remugles de l’Histoire s’excède dans un mouvement autant jouissif que colérique. Bref la figure maternelle se débonde sans que pour autant le récit ne capote dans l’autofiction.

Le roman parcourt une seule heure de la vie d’une femme : le temps que la mère puisse énoncer ce qu’elle ne peut pas dire, sinon par les mots de l’autre : sa fille qui en filigrane lui impose la rectitude de sa texture lexicale. Mais s’opère une sorte de renversement entre les mots de la mère et le contrôle qu’exerce l’écrivaine sur eux.

Un élément perturbateur, Olivier Chantraine

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 14 Novembre 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Un élément perturbateur, août 2017, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Olivier Chantraine Edition: Gallimard

 

On finit par s’attacher à ce personnage, ce Serge Horowitz qui à 44 ans vit toujours chez sa sœur Anièce, elle aussi célibataire et qui semble vouée à demeurer pour lui et ce, sans qu’il ne se questionne à ce sujet, une mère de substitution. Serge Horowitz, hypocondriaque, a le goût des vitamines et de la prévention en matière de santé, la pharmacie est un son jardin d’Éden :

« À condition d’être capable d’écouter un minimum son corps, n’importe quelle personne a priori bien portante est à même de ressortir de là rassurée, un léger sourire aux lèvres, une babiole nichée au creux d’un sachet en papier orné d’un fascinant logo de serpent buvant dans une coupe ».

Et il n’imagine rien de meilleur que la simplicité et la facilité de son train-train quotidien, sans se risquer plus avec le monde extérieur et les relations humaines, que le minimum obligé. Et ce minimum obligé passe par le fait d’avoir un travail.

Serge a un autre frère, François, et c’est grâce à ce frère, Ministre des Finances aux dents longues, qu’il a un emploi sans avoir besoin de s’engager, de s’impliquer plus que ça. Ça tombe bien parce qu’en vérité Serge le trouve détestable et ennuyeux ce travail, même s’il est capable d’être un bon analyste, trop bon justement.