Il semble que le thème de ce livre, la fuite hors du monde des hommes, le refuge au cœur de la forêt, la survie, intéresse beaucoup cette rentrée littéraire. La Cité des hommes et ses excès, ses injustices, ses violences, a toujours fait rêver certains d’un ailleurs, peut-être moins confortable, mais qui offrirait la liberté que les sociétés policées ne proposent pas.
C’est, dans la première moitié du livre, l’aventure presque solitaire du jeune Gaspard, parti de chez lui avec une jeunesse épouvantable achevée par un geste épouvantable.
Il s’enfonce dans la forêt, trimbalant un chien blessé, invalide et souffrant. Il va découvrir un monde secret, complexe, un univers à part, avec ses codes, ses lois, ses bruits, sa respiration. On ne s’impose pas à la forêt, Gaspard va vite apprendre qu’on se soumet à elle si l’on veut survivre.
La langue de Thomas Vinau, appuyée sur la poétique pure des mots de la flore, de la faune, fait merveille pour nous inonder de l'univers mystérieux et bruissant de la forêt, écrin dans lequel le lecteur se laisse glisser avec délice et une ombre sourde d'inquiétude.