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Roman

Un dimanche de révolution, Wendy Guerra

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, La rentrée littéraire, Buchet-Chastel

Un dimanche de révolution, 24 aout 2017, trad. Espagnol (Cuba) Marianne Millon, 211 pages, 19 € . Ecrivain(s): Wendy Guerra Edition: Buchet-Chastel

 

La littérature d’un pays peut révéler, d’une manière convaincante et efficace, les réalités de la société décrite par ses auteurs, ses blocages, ses drames, ses souffrances. C’est le cas de Cuba, pays de l’espérance révolutionnaire tiers-mondiste dans les années soixante, puis le théâtre d’un développement inexorable de la répression vis-à-vis de ceux qui « pensent autrement », les dissidents. Roberto Ampuero avait fort bien décrit la perversion des idéaux de l’origine dans son roman Quand nous étions révolutionnaires. Zoe Valdès avait évoqué cette situation de l’artiste confronté aux limitations de sa liberté d’écrire dans Chasseuse d’astres.

Dans Un dimanche de révolution, Wendy Guerra reprend cette thématique, celle de la situation de l’artiste, de son identité face à un régime hostile, omniprésent, s’immisçant sans cesse dans la vie privée des citoyens, au point de l’anéantir ou de la rendre très illusoire.

Gazoline Tango, Franck Balandier

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Le Castor Astral

Gazoline Tango, août 2017, 288 pages, 19 € Edition: Le Castor Astral

 

 

Cet extrait du nouveau roman de Franck Balandier, Gazoline tango : « …Comme pour Dieu, comme pour tout le monde ici, personne n’existait vraiment à la cité des peintres. Alors, on s’inventait sa vie. On la repeignait. En rose de préférence… Il n’y avait plus de place dans le coin pour la nostalgie, ni pour la poésie et la douceur qui allait avec » donne bien l’atmosphère du récit.

C’est la tâche du romancier d’inventer. Alors l’auteur va s’y atteler, en traquant la réalité de ce monde tout en brodant sans vergogne autour. Et surtout en la concentrant en un lieu d’une banlieue oubliée de tous, autour d’une galerie de personnages tous plus pittoresques et hors normes les uns que les autres. Le titre du roman est emprunté au nom de l’orchestre rock féminin dont fait partie la mère du héros de cette histoire de bruit et de fureur.

L’étoile Absinthe, Jacques Stephen Alexis (2ème critique)

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zulma

L’étoile Absinthe, février 2017, 157 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Jacques Stephen Alexis Edition: Zulma


« Pour moi, être romancier

c’est plus que faire de l’art,

c’est donner un sens à sa vie ».

(Jacques Stephen Alexis)

 

Sans doute L’étoile Absinthe n’est-elle pas la meilleure entrée dans le monde de Jacques Stephen Alexis, même si l’œuvre a pris une dimension de mythe, laissée inachevée par son auteur assassiné à 39 ans, en 1961 (fort probablement par les hommes de main à la solde des Duvalier). C’est que l’homme était de ceux pour qui l’œuvre littéraire allait de pair avec l’engagement social et politique. Avec Gérald Bloncourt, il fut l’un des fondateurs du journal La Ruche et l’un des principaux acteurs des « Cinq Glorieuses » de 1946, des journées de révolte qui firent tomber le gouvernement en place. Une vie militante qui l’a mené souvent loin de son île et l’a amené à de singulières rencontres : André Breton, Mao, Khrouchtchev, Hô Chi Min, Che Guevara…

Le camp des autres, Thomas Vinau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 24 Août 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Alma Editeur

Le camp des autres, 24 aout 2017, 194 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur

 

Il semble que le thème de ce livre, la fuite hors du monde des hommes, le refuge au cœur de la forêt, la survie, intéresse beaucoup cette rentrée littéraire. La Cité des hommes et ses excès, ses injustices, ses violences, a toujours fait rêver certains d’un ailleurs, peut-être moins confortable, mais qui offrirait la liberté que les sociétés policées ne proposent pas.

C’est, dans la première moitié du livre, l’aventure presque solitaire du jeune Gaspard, parti de chez lui avec une jeunesse épouvantable achevée par un geste épouvantable.

Il s’enfonce dans la forêt, trimbalant un chien blessé, invalide et souffrant. Il va découvrir un monde secret, complexe, un univers à part, avec ses codes, ses lois, ses bruits, sa respiration. On ne s’impose pas à la forêt, Gaspard va vite apprendre qu’on se soumet à elle si l’on veut survivre.

La langue de Thomas Vinau, appuyée sur la poétique pure des mots de la flore, de la faune, fait merveille pour nous inonder de l'univers mystérieux et bruissant de la forêt, écrin dans lequel le lecteur se laisse glisser avec délice et une ombre sourde d'inquiétude.

Qui ne dit mot consent, Alma Brami

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 24 Août 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Mercure de France

Qui ne dit mot consent, 24 août 2017, 176 pages, 15,80 € . Ecrivain(s): Alma Brami Edition: Mercure de France

 

Alma Brami ne finit pas de poser les questions de l’identité d’un couple, de son seuil de tolérance et par voie de conséquence celle de l’apparentement selon la voie du dehors et du dedans. Au vu des autres, le couple est parfait. Dans l’intimité il n’en va pas de même. Et la narration devient peu à peu exsangue d’illusion. Fait place la radicalité du réel alimenté par un fin renard.

Celle qui doit à l’attention de son mari la venue chez elle d’amies pour la réconforter va vite déchanter. L’époux modèle recrute ces femmes par petites annonces : mais du chevet de l’épouse esseulée au lit du mari il n’y a qu’un pas. Les femmes se succèdent et s’effeuillent au gré des envies et des lassitudes de celui qui néanmoins retourne toujours dans le giron de sa première des femmes même si elle finit par passer en dernier… Le tout en une série de mises à mal pour le profit d’un mâle qui fait de chaque venue une relique.