Faire d’une vie d’éditeur un roman, c’est le projet que s’est donné cette jeune écrivaine de trente-deux printemps, née à Alger, vivant aujourd’hui à Paris. Alger n’est pas pour rien dans cette histoire puisque la capitale algérienne joue un grand rôle, elle est l’un des décors importants de cette aventure.
Edmond Charlot, né en 1915, décédé en 2004, fut dans les années trente et quarante une figure héroïque de l’édition à Alger. La librairie qu’il ouvrit devint un vivier de littérature et d’écrivains d’artistes, accueillis dans un mouchoir de poche, un local de quatre mètres sur sept, 2 bis, rue Charras. Camus, Armand Guibert, Jean Amrouche, entre autres, sont passés par cet étonnant lieu de culture, tenu à bout de bras par Charlot et une petite équipe.
Le roman recrée des épisodes de la vie de cet intellectuel rassembleur et passeur grâce aux « Carnets », en alternance ici avec l’aventure d’un jeune étudiant, Ryad, chargé en 2017 de déblayer la Librairie Charlot Les Vraies Richesses, de jeter les livres restants. Au grand dam d’Abdallah, « le dernier gardien des lieux ». La librairie a fermé depuis longtemps, nullement débarrassée. Elle est restée telle après les avanies du temps, quelques parcours agités. La figure de cet ancien, drapé de blanc, rappelle combien le livre était pour lui un trésor à conserver dans les meilleures conditions. Le temps va en décider autrement.