Décidément, Shelby Foote ne fait rien comme aucun autre écrivain. Dans ce roman, il s’attaque au genre « polar » mais aucun des codes connus de ce genre ne sont ici appliqués. Si bien que, si ce livre est un polar, alors tous les polars n’en sont pas. A travers l’intrigue qui tient September September, Foote va décliner toutes ses obsessions : le Sud bien sûr, son histoire, ses démons, les rapports entre blancs et noirs, la dérive des petits blancs vers le crime, les rapports sulfureux entre hommes et femmes et, toujours, en fond de tableau, l’Histoire des USA, la monographie du Delta, la mythologie sudiste.
On connaissait les polars violents, les polars où l’action tient en haleine, les polars mystérieux, les polars psychologiques. Foote invente un genre unique : le polar au ralenti. L’intrigue est des plus simples, des plus classiques : trois petits malfrats blancs du Delta, deux hommes et une femme, montent un coup. Ils vont enlever le petit garçon d’une famille noire de Memphis pour rançon. Puis ils le séquestrent et négocient avec les parents. On le voit, rien de bien stupéfiant. Ce qui l’est totalement, c’est la narration de Shelby Foote. Les scènes du drame sont en écho permanent. Dans Tourbillon, Foote nous avait déjà esquissé cette structure : une même scène racontée par différents personnages. Ici, c’est la règle.